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Faire œuvre humaine !
Les éditions Amok viennent de publier « Étrangination », un recueil de textes intéressants et sensibles pour soutenir l’Autre venu d’ailleurs
Cela fait quatre ans que les éditions Amok, dont le nom évoque « L’Amok ou le Fou de Malaisie » de Stefan Zweig, ce royaume primitif de l’Autre et de l’Inhumain, éditent sous la direction d’Olivier Ginestet des textes généralement courts, mais qui en disent longs. La maison d’édition a déjà publié une vingtaine de titres d’auteurs connus dont les œuvres de jeunesse de Joseph Kessel, Olivier Lebleu, Jacques Buisson, Aileen L. Munroe, Thierry Maugenest, François Varay… et moins connus mais toujours de qualité. Basée à La Rochelle, Amok a une vocation nationale sur le plan des textes et dispose d’une distribution nationale ainsi qu’internationale dans les pays francophones de Belgique, Suisse et Québec.
« Que voulons-nous donc si fort garder intact que l’idée même de l’altération nous effraie ? » Jeanne Benameur pose dès la préface de l’ouvrage « Etrangination » la question essentielle qui doit tous nous faire réfléchir. Elle nous la pose directement, sans accuser, mais en nous demandant de nous attarder sur le sens profond de notre refus de ce que cette immigration modifiera en nous, en rappelant que « l’exil comme l’accueil exigent de la vaillance » Elle aborde le sujet sans complaisance avec beaucoup d’humanité et d’intelligence. Comme le font d’ailleurs, chacun à leur manière, les douze textes : nouvelles, contes, poèmes ou chansons qui composent ce recueil.
Qu’il s’agisse de Walid l’irakien, prothésiste dentaire devenu jardinier par la force de l’exile, des réfugiés de la Première et Deuxième Guerres mondiales fuyant devant les troupes allemandes, de Paul et Abdoulaye le tirailleur sénégalais, de la girafe Zarafa quittant l’Égypte au fond d’une cale de bateau, tous, à la fois si proches et si lointains, font basculer nos certitudes et nous obligent à regarder en nous-mêmes. Il n’est d’ailleurs pas nécessaire d’avoir parcouru des milliers de kilomètres pour être un migrant ou un étranger à soi-même : « Le désarroi de l’élève Brandon » de Marie-Claude Aristégui, « Les Hirondelles » de Jacques Buisson ou « La mémoire perdue d’Alexandre Fraysac » de Thierry Maugenest en sont la preuve.
Si ce recueil s’annonce « pour soutenir les réfugiés et les militants », ce n’est pas un xième ouvrage militant, mais une compilation de textes sensibles et de qualité explicitant la notion d’étranger née de notre imagination. De plus, bien que d’un prix de vente public très abordable (10 €), ce livre est un bel objet d’édition. Esthétique sans être flashy, avec une belle cover mate qui lui donne une allure distinguée tout en affichant un graphisme chaleureux de Fred4nier et des caractères choisis de façon à nous faire oublier l’édition numérique ! A consommer sans restriction ! N’oublions pas pour autant l’aspect militant : les bénéfices liés à la vente de cet ouvrage seront reversés à l’association Solidarité migrants et une soirée de lancement est prévue, sans date actuellement en raison de la crise sanitaire qui aura lieu au théâtre la Kanopé II, à Lagord, au profit de la même association.
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