- Environnement & Patrimoine
- Bassin de mouillage - La Couarde
Etat des lieux du site remarquable du Goisil
Caché comme un trésor derrière le Centre Nautique Couardais de Goisil, le chenal et le bassin de mouillage offrent un paysage de carte postale : de petits bateaux accessibles par des pontons de bois, une vue à 360 degrés et des lumières à couper le souffle. Bref, nous sommes au coeur de l’Ile de Ré à peine domestiquée, celle que l’homme a investie sur la pointe des pieds, conscient du privilège qui lui est offert. Mais le site du Goisil est en danger. Etat des lieux.
Le bassin de mouillage du Goisil abrite des bateaux. Il a donc des usagers et autant d’amoureux pour veiller jalousement sur lui à travers l’association AMIGO (Les Amis du Goisil). Alors quand l’avenir du bassin est menacé, c’est avec le soutien des adhérents que Jacques Simonneau (Président) et Bruno Camuset (secrétaire de l’association) montent au créneau. Toujours avec courtoisie mais non sans détermination.
Un peu d’histoire
Si le chenal était déjà existant, le bassin de mouillage a lui, vu le jour dans les années 1990. Créé en « culde- sac », il prévoyait près de 120 places, un nombre qui n’est plus d’actualité aujourd’hui en raison de l’envasement inéluctable qui sévit sur le site.
Ce qu’il faut savoir, c’est que les usagers du Goisil sont aussi ceux qui l’ont financé. En effet, même si la Municipalité de la Couarde a fait en son temps un emprunt, rendu possible car la création d’un bassin de mouillage pouvait être répertoriée dans les investissements, cette dette, qui sera soldée en 2018, aura été intégralement payée par les cotisations versées par les usagers du bassin à la commune.
De l’envasement à Xynthia
Sur ce genre de site naturel, les difficultés viennent de l’entretien, et en l’occurrence des problèmes d’envasement. Un fléau qui donne du fil à retordre aux humains, une manière qu’a la nature de nous signifier qu’ici nous ne sommes pas en terrain conquis, mais seulement concédé. Petit à petit l’envasement a réduit le potentiel du bassin comme peau de chagrin, et sur les quelques 60 places possibles, seules 18 ont pu être occupées à l’été 2016. Cette situation, triste pour le site, est également une perte d’argent pour la commune de La Couarde. Car moins de bateaux amarrés égal moins de cotisations. Donc moins de moyens pour l’entretien du site etc. Le serpent finit par se mordre la queue. Alors bien sûr, des travaux de désenvasement, il y en a eu. En 2006, la Commune de La Couarde a même fait une avance pour les financer. Une somme importante qui a été remboursée par les usagers et par le budget de la zone de mouillage. C’est ce dernier qui financera également de menus travaux en 2008, 2013 (curage du chenal) et 2014. De son côté la CdC a financé l’installation de gabions en bordure du bassin en septembre 2013. Mais tous ces efforts ne suffisent pas. Et entre-temps est arrivée Xynthia. En 2010, le site du Goisil n’a bien sûr pas échappé à la tempête. Et si les travaux de remise en état ont été financés par les assurances, un autre évènement a bloqué l’évolution du site : le PAPI.
La restructuration du bassin et du chenal
Elle apparaît comme la seule solution pérenne. Sans entrer dans des données techniques complexes, l’objectif est clair : il faut créer une circulation d’eau et aménager des zones permettant le stockage des vases. A la Mairie de La Couarde c’est Tony Berthelot, second adjoint délégué à la protection du territoire et à l’économie, qui est en charge du dossier. Très impliqué, il a toujours été à l’écoute des propositions présentées par Jacques Simonneau, doté d’une expérience significative dans le bâtiment. Ça aide, surtout lorsqu’il faut faire des plans. L’association AMIGO devient force de proposition active. Trois projets successifs seront ainsi présentés, chacun ajoutant au suivant la prise en compte de données supplémentaires. Mais le temps passe sans apporter de réponse concrète. La faute au PAPI, au PPRL, au financement ? Un peu de tout ça finalement. Lors de L’Assemblée Générale de l’association AMIGO en juillet dernier, nulle réponse pour rassurer les adhérents. Pourtant, Lionel Quillet lui-même s’est intéressé au sujet et avait reçu les membres dirigeants de l’association AMIGO en mars 2016. Au cours de cet entretien, Le Président de la CdC s’était montré favorable à un projet de réaménagement du bassin et du chenal du Goisil. Alors ? Alors à l’été 2016, le projet semble s’être, lui-aussi, enlisé dans la vase.
Le site du Goisil et le PAPI
Enorme chantier que celui-là. Le Programme d’Action de Prévention des Inondations est lourd de contraintes, non seulement considérant les travaux à réaliser, mais également en termes administratifs. En bref, tant que celui-ci n’avait pas été approuvé par les autorités compétentes, il était plus qu’hasardeux d’envisager quoi que ce soit, et surtout des travaux qui s’inscrivent finalement dans la continuité de ceux de ce fameux PAPI.
Sur le sujet, l’association AMIGO n’est pas seule. Son proche voisin le centre nautique est lui aussi concerné par l’aménagement du bord de mer. En connaisseurs et usagers du site, c’est donc conjointement qu’ils proposent des projets selon eux plus adaptés. Oui mais voilà, à faire modifier le PAPI c’est comme se battre contre des moulins à vent. Car le PAPI échappe à tous, y compris aux élus locaux. Interrogé, Tony Berthelot préfère rester lucide : « si nous pouvons intervenir sur des points de détails et ajuster le tir, in fine les décisions se passent bien au-dessus de nous ». Car le PAPI est orchestré par l’Etat, tout en haut donc, tandis que de leurs côtés, les élus, par nature sur le terrain sont au bas de l’échelle, « et même les pieds dans l’eau » précise M. Berthelot non sans humour. Un humour un peu désenchanté car il n’hésite pas à le dire : cette situation se révèle vraiment frustrante.
Quel bilan fin 2016 ?
Contre toute attente, l’année se termine sur une note positive. Tout d’abord, la cabane d’ostréiculteur présente sur le site va devenir propriété de la Mairie et l’association pourra en occuper une partie. Surtout, le projet de restructuration du bassin avance. Le bureau d’Etudes CREOCEAN qui avait été consulté a remis un devis cohérent avec le budget, et le travail devrait être fait en quelques mois. Viendra ensuite le temps des autorisations et celui du vote du Conseil Municipal. Le verdict final. Assuré d’être positif ? Non. Mais M. Berthelot y croit sinon « nous ne serions pas allés jusque là » précise-t-il. Bénéfique à l’un de ces beaux sites qui font la personnalité de l’Ile de Ré, la réussite de ce projet serait aussi celle d’une collaboration entre une association et les élus, menée de part et d’autre dans l’écoute et la détermination positive. Appréciable. Souhaitons donc longue vie au site du Goisil !
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