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Escroqueries numériques et violences intra familiales se développent fortement
Nicolas Basselier, préfet de la Charente-Maritime, ainsi que Benjamin Alla, procureur de la République du tribunal judiciaire de Saintes, Thierry May, procureur de la République adjoint du tribunal judiciaire de La Rochelle, le colonel Rémi de Gouvion-de-Saint-Cyr, commandant du groupement de la Gendarmerie départementale de la Charente-Maritime et Myriam Akkari, directrice départementale de la Sécurité publique, ont présenté un bilan contrasté de la délinquance et de la sécurité routière dans notre département.
Toutes catégories confondues, la délinquance a augmenté de + 14,6 % en 2021 (2020 étant une année particulière avec les confinements), mais est restée en-deçà du niveau de 2019 (-2,9 %). Si les atteintes aux biens sont en diminution (-2,3 % par rapport à 2020, – 24,3% versus 2019), les infractions économiques et financières ont progressé de près de 22 % par rapport à 2020 et les atteintes volontaires à l’intégrité physique de près de 10 %, et même + 18 % en deux ans.
Les escroqueries et abus de confiance « par le vecteur numérique » ont très fortement progressé, les périodes de confinement ayant contribué au développement du commerce en ligne et donc de la délinquance numérique.
Des taux d’élucidation supérieurs aux taux nationaux
Le Préfet a souligné la progression de deux points du taux d’élucidation, qui s’établit à près de 45 % en zone police et 47 % en zone gendarmerie, ce qui positionne très bien la Charente-Maritime par rapport au national. Les infractions relevées (+5,6 %), le nombre de gardes à vue (+ 3,2%) et de personnes mises en cause (+7,4 %) ont tous progressé, du fait notamment de la forte mobilisation des forces de sécurité intérieure et de la justice.
Véritable point noir, les violences intrafamiliales (2525 faits en 2021) ont augmenté de près de 15 % en 2021. 45% des violences aux personnes sont des violences subies au sein de la sphère familiale. Cela s’explique par les périodes de confinement, la libération de la parole mais aussi par les dispositifs mis en place en termes d’accueil, d’accompagnement et de suivi des victimes et des auteurs.
D’importants moyens dédiés à la lutte contre les violences faites aux femmes ont été mobilisés. Parmi eux, des dispositifs renforcés de prise en charge des victimes : cellules de lutte contre les atteintes aux personnes (CLAP), une maison de la confiance et de la protection des familles, le lancement de l’opération LibRA, visant à libérer la parole, recueillir la plainte ou le témoignage et accueillir les victimes, ainsi que des brigades de protection des familles renforcées. Sept intervenants sociaux en commissariat et gendarmerie, le renforcement de la formation des policiers et gendarmes, une meilleure organisation facilitant les dépôts de plaintes et accélérant le délai de traitement et enfin des moyens dédiés tels les bracelets anti-rapprochement et les téléphones grave danger déployés par la justice, constituent autant de moyens de lutte contre les violences faites aux femmes.
La lutte contre les trafics de stupéfiants, qui augmentent (1959 faits en 2021), constitue une autre priorité. Créées fin 2020, 610 amendes forfaitaires délictuelles pour consommation de stupéfiants ont été dressées. Sept points de deal ont été démantelés, 49 trafics de stupéfiants ont fait l’objet de procédures.
Un bilan de sécurité routière contrasté
Avec une forte baisse du nombre de morts sur les routes mais aussi une accidentologie qui reste élevée, le bilan de la sécurité routière est contrasté. 31 personnes ont perdu la vie dans un accident en 2021 (contre 43 en 2020 et 57 en 2019), mais les nombres d’accidents (507 contre 442) et de blessés (632 contre 522) sont en augmentation, tout en restant en-deçà du niveau de 2019. La conduite sous l’emprise de substances psychoactives (alcool et stupéfiants) est la première cause des accidents mortels en 2021, puisqu’à l’origine de près de 30% d’entre eux. Les usagers vulnérables représentent plus de 50% des décès en 2021 (contre 40 % en 2019 et 2020), en particulier les usagers des deux roues motorisées. Deux roues, vélos, trottinettes sont un vrai sujet de préoccupation, ils représentent un tiers des accidents pour seulement 1,9% de la circulation en France.
« ll nous faut rester prudent et humble, nous ne pouvons pas prévenir tous les drames de la route, même si la politique de prévention et répression mise en place depuis des années en France a produit des effets importants. La sécurité routière fera l’objet en 2022 d’actions fortes, avec une forte pression du contrôle. On a tendance à réduire l’utilité des radars à leur effet répressif, il ne faut pourtant pas oublier que leur principale vertu est de prévenir, de provoquer une prise de conscience chez l’usager qu’il est nécessaire de lever le pied. L’analyse de l’évolution de l’accidentologie dans notre pays est à mettre en relation avec la mise en place de radars automatiques au début des années 2000. Ceux-ci ont provoqué une spectaculaire diminution des tués de la route. Dans les années 1970, on enregistrait 15 000 morts par an, au début des années 2000, 7 à 8 000 tués, par an et en 2021 moins de 3 000 tués sur la route. »
Déjà 9 emplacements de radars tourelles et 5 en cours sur Ré
Répondant aux questions des journalistes, le préfet a rappelé que les radars tourelles prévus depuis 2017 avaient déjà été déployés sur différents axes du département (9 emplacements) et que ceux de l’île de Ré (5 emplacements) le seraient d’ici la fin de l’année 2022. Aucun radar n’est prévu sur l’île d’Oléron. Il a confirmé que ces radars tourelles pourraient sanctionner d’autres infractions que la vitesse.
Des réponses fermes face aux violences intrafamiliales
Le procureur de saintes, Benjamin Alla, a confirmé : « La sujet des violences intrafamiliales est majeur, c’est là que nous avons les réponses les plus fermes. 45% des déferrements au Parquet concernent ces affaires, alors que les atteintes aux personnes représentent 20 % des faits et 40 % des déferrements. Nous travaillons à fluidifier encore les échanges entre police, gendarmerie, CIDFF, justice, on passe au crible les situations à potentiel de risque, on a réussi à contrer les féminicides en Charente-Maritime en 2021. »
Thierry May, procureur de La Rochelle, a de son côté expliqué : « 2021 a été une année de transition, encore fortement impactée par le Covid. Le phénomène des violences intrafamiliales est passé de 312 en 2019, à 532 en 2020 et 633 en 2021, il a augmenté de 100 % en deux ans. La seule question à se poser, ces statistiques reflètent-elle un rattrapage de la réalité, avec une parole qui se libère et une plus grande attention de notre part ? Toutes les instances coopèrent, du début à la fin du processus, afin de ne pas avoir des féminicides qui auraient pu être évités. Mais tout n’est pas anticipable. Concernant la délinquance, il n’y a pas de corrélation une même année entre les statistiques de la police, la gendarmerie et celles de la justice. Par exemple pour des faits survenus en 2021, le début de la procédure judiciaire a lieu en 2022. Nous avons reçu 24 600 procédures en 2021, contre 22 900 en 2019, avec une augmentation des gardes à vue. 50 % des déferrés le sont pour violences intrafamiliales. »
Le colonel Rémi de Gouvion-de-Saint-Cyr, commandant du groupement de la Gendarmerie départementale de la Charente-Maritime a dressé un bilan édifiant : « En 2021, 2200 interventions ont été réalisées par la gendarmerie pour des violences intrafamiliales, soit + 8% par rapport à 2020. Nous avons augmenté notre capacité de traitement. On a comptabilisé 1570 victimes, dont 973 femmes majeures, 513 mineurs, le solde de 84 concernant des hommes. Nous avons mis en place un écosystème pour traiter au mieux ces affaires, et accueillir le mieux possible : 28 personnes ETP auxquelles s’ajoutent 5 personnes qui agissent en prévention & information auprès des collèges et autres établissements, soient 33 personnes dédiées aux contentieux liés aux violences intrafamiliales. 650 personnes ont été formées chez nous au sujet, on ne baisse pas les bras. »
Myriam Akkari, directrice départementale de la Sécurité publique, a expliqué que les forces de police ont réalisé + 7% d’interventions en 2021, dont 3,5 interventions par jour liées aux violences intrafamiliales, traité plus de deux-cents appels par jour. « Ce sujet génère un investissement particulier de la part de tous les enquêteurs, pour traiter en flagrance ces délits. Nous avons aussi quatre intervenants sociaux qui travaillent dans les commissariats autour de la prise en charge des victimes et de la mise en relation avec les associations, ce qui permet aux policiers de se focaliser sur la procédure judiciaire et la qualité des auditions. La libération de la parole se fait aussi sur les violences sexuelles, ce qui est différent des violences intrafamiliales. Un autre sujet qui nous mobilise fortement concerne les contrôles des trafics et points de deal (plus de 250 opérations), près de 70 % des affaires peuvent être résolues de façon durable. Nous avons pu démanteler 34 trafics de stupéfiants en 2021, représentant 450 000 € et démanteler un tiers des points de deal. »
Concernant la cyber-pédo-criminalité ainsi que le harcèlement moral, toutes les institutions travaillent en lien étroit, avec une centralisation au Parquet National par une juridiction inter-régionale spécialisée (JIRS) section cybercriminalité avec, elles l’affirment, de bons résultats. Les actions de prévention se multiplient en Charente-Maritime, dans les collèges, lycées et autres institutions. Tout comme les collectivités territoriales et les élus sont sensibilisés aux risques numériques.
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