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- Bilan des tempêtes Céline, Ciaran et Domingos
Erosion des côtes et quelques dégâts sur les digues
Céline, Ciaran, Domingos : du 28 octobre au 5 novembre 2023, trois tempêtes ont touché les côtes rétaises, provoquant plusieurs dégradations sur les ouvrages de protection ainsi que sur certaines installations de bord de plage (caillebotis, escaliers…). Plus de peur que de mal toutefois, au regard de la présence des vacanciers de La Toussaint, pas toujours habitués à ces phénomènes tempétueux.
Ces événements – surtout la tempête Céline, survenue lors d’importants coefficients de marée – ont aussi eu un impact important sur les dunes et le trait de côte.
Toutefois, aucun dégât matériel majeur n’a été constaté sur les habitations des particuliers, dans les commerces ou les équipements publics. Surtout, aucune victime n’est à déplorer.
Le trait de côte a souffert
Principale conséquence des récentes tempêtes et selon les premières estimations, le cordon dunaire aurait reculé de 4 mètres, en moyenne, sur l’ensemble de l’île de Ré. Cette érosion est plus élevée à certains endroits et peut aller jusqu’à 6 mètres, par exemple, à La Couarde-sur-Mer, au Moulin Brûlé.
Sur les plages, le niveau de sable – important pour atténuer les effets de la houle et protéger le cordon dunaire – aurait diminué d’environ 80 cm en moyenne. Néanmoins, le passage de la tempête Domingos pourrait avoir permis le réensablement de certaines dunes et plages.
Ces données seront précisées à partir de la deuxième moitié du mois de novembre grâce aux levés typographiques et photographiques réalisés par le bureau d’études Casagec-Ingénierie. Celui-ci étudie depuis 2013 l’évolution du trait de côte de l’île de Ré dans le cadre de l’Observatoire du littoral de la CdC de l’île de Ré.
À noter aussi que, sur les plages, des installations ont été endommagées ou détruites : accès pétions, escaliers, caillebotis…
Des dégradations modérées sur les digues maçonnées
Mises à l’épreuve par les vagues lors du passage de Céline, les digues maçonnées ont tenu bon. Cela souligne l’importance des investigations semestrielles réalisées par le service Mer et Littoral de la CdC et des travaux effectués tout au long de l’année par la Brigade des digues.
Les dégradations sont modérées en comparaison aux dégâts observés par le passé :
– un trou et des dégradations ont été repérés à Saint-Clément-des- Baleines, où des travaux d’urgence ont été réalisés le 2 novembre
– à Ars-en-Ré, d’autres détériorations ont été constatées à la jetée de la Grange et sur le parement de la descente du Jard. Une portion de parapet sur la digue de Beauregard s’est rompue. Des réparations seront effectuées par la Brigade des digues du 27 novembre au 14 décembre.
Les digues en enrochements et en gabions (cages métalliques emplies de pierres) ont quant à elles été déstabilisées. Une intervention sur la digue de Montamer, à Sainte-Mariede- Ré, a été demandée par la CdC au Département, gestionnaire de l’ouvrage.
Dans les marais, quelques surverses et dégradations
Aux Portes-en-Ré, commune possédant une superficie importante de marais et zones naturelles, quelques dégâts, qui ne représentent aucun danger pour les populations, ont été observés :
– des débuts de brèche ont été constatés sur la levée de Lilleau des Niges et la digue levée du Vieux port ayant nécessité des travaux d’urgence le 31 octobre et le 1er novembre
– des surverses sont survenues dans les marais, au niveau de la vanne du Louzon, entraînant une dégradation des berges du chenal. Des travaux sont prévus
– des débordements ont été observés au niveau de la déchèterie.
CP
En chiffres…
Céline : niveau d’eau de 7,22 cm (côte marine) observé dans le port d’Ars-en-Ré
Ciaran : niveau d’eau de 6,61 cm dans le port d’Ars-en-Ré
Domingos : au large, des vagues de 10 mètres ont été observées, sans risque de submersion
Préparation en amont des évènements
En prévision des tempêtes, le dispositif d’astreinte du service « protection du littoral » de la Communauté de Communes a été activé dès le jeudi 26 octobre. Les agents du service ont sillonné le territoire afin de recenser les dégâts nécessitant la réalisation de travaux d’urgence.
La veille météorologique effectuée en amont a permis d’engager une concertation avec les communes dès le vendredi 27 octobre au matin. Celle-ci a abouti à la fermeture rapide des accès aux plages et des systèmes d’endiguement par les mairies.
La CdC a, quant à elle fermé le portail coulissant arrière de la digue du Boutillon et la porte anti-submersion du port de La Flotte. Cette dernière a permis d’éviter d’importants dégâts sur le port, compte tenu des débordements observés sur les ports de Loix, Ars-en-Ré et Saint-Martin-de-Ré.
La CdC va monter au créneau sur l’érosion
La protection contre l’érosion des côtes n’est pas financée par le Fonds Barnier et donc pas intégrée aux PAPIs (Plans d’actions de prévention des inondations). Contrairement à l’île d’Oléron où l’érosion des côtes est prééminente, l’enjeu pour l’île de Ré est avant tout la protection contre la submersion. Notre île voit toutefois aussi son trait de côte reculer et le président de la CdC, Lionel Quillet, va refaire une proposition de feuille de route aux Services de l’Etat et au Département et devrait s’associer pour cela avec l’île d’Oléron.
Au Conseil de décembre 2023, il sera proposé aux délégués communautaires que la CdC reprenne les rênes sur l’érosion. Pour élaborer et mener une stratégie et politique sur le suivi de l’évolution du trait de côte, notamment par une meilleure maîtrise des mouvements de désensablement et réensablement, la CdC devra obtenir l’accord de l’Etat, notamment de la DGPR et de la DREAL*.
De gros coefficients sont prévus cet hiver, notamment les 10, 11 et 12 février (respectivement 109, 110 et 107), les 11, 12 et 13 mars 2024 (respectivement 110, 116 et 117) et encore les 9 et 10 avril (110 et 113).
« Il y aura plus dur que ce que l’on vient de connaître, il faut s’y préparer », a insisté Lionel Quillet, satisfait que lors de ces trois tempêtes les ouvrages de protection aient bien résisté et que les dégâts côtiers soient restés mesurés, mais vigilant et réaliste sur les dégâts que l’île de Ré pourra à nouveau connaître comme dans le passé, même si elle est aujourd’hui mieux protégée.
Nathalie Vauchez
*DGPR : Direction générale de la prévention des risques / DREAL : Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement
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