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Épave des Baleineaux, l’investigation continue…
Et elle s’apparente à une enquête digne d’un roman policier au suspense enlevé et riche en rebondissements. Alors où en est-on ?
Le rendez-vous est incontournable… samedi 1er juin au matin, en présence du maire de Saint- Martin, Patrice Déchelette, de la directrice du musée Ernest Cognacq, Christelle Rivalland et du président de l’AAMEC*, Hugues Riedinger, nous voilà de nouveau penchés sur les trésors et mystères de l’épave des Baleineaux, découverte en 2015 au large de Saint-Clément des Baleines par Eric Le Gall, bien sûr présent avec son complice Félix Gomez, membre de l’AREPMAREF* et responsable des recherches.
Un travail au long cours
Si l’épave a effectivement été découverte et signalée il y a déjà plusieurs années, la première campagne de fouilles date, elle, de 2021. Entre les deux, de longues démarches administratives, une année d’expertises (2017), précédant deux années successives (2018 et 2019) de sondages obligatoires du site avec un programme de photogrammétrie, technique pointue utilisée pour définir forme, dimensions et situation exacte de l’épave à partir de photographies et bien sûr avec l’aide d’un logiciel adéquat. Au total 46 000 photos ont été prises, permettant la modélisation du site en 3D en 2020. Depuis, les campagnes de fouilles sont régulières, ramenant chaque année leur lot de découvertes.
Navire non identifié…
Il faisait environ vingt-cinq mètres de long sur quinze mètres de large mais aucune structure du navire n’a été retrouvée. Rien d’anormal dans « ce secteur très brassé », expliquent en choeur Félix Gomez et Eric Le Gall, d’autant que l’épave est soumise à la houle depuis près de trois cents ans. Ce qui nous ramène dans les années 1740 et c’est par un certain nombre d’objets retrouvés sur site que cette datation semble aujourd’hui probable. Pour autant, nulle trace d’un naufrage dans les archives et chaque piste envisagée ne menant pour le moment qu’à des déceptions, l’épave des Baleineaux n’a toujours pas de nom officiel.
Armé jusqu’aux dents
Première mondiale sur site sous-marin à la date de leur découverte, les grains de café tendent à montrer que le navire naufragé faisait commerce. Mais les seize canons et les nombreux boulets en plomb également trouvés en font aussi un navire de guerre solidement armé pour sa taille, type bateau corsaire à la double activité car peut-être doté d’une lettre de course signée du roi, l’autorisant à poursuivre et attaquer les éventuels ennemis présents dans les eaux territoriales. Hypothèse, bien sûr…
Équipage cosmopolite et présence d’un médecin
En 2023, la découverte d’un clystère (sorte de seringue servant au lavement) et d’un pilon d’apothicaire (intact) rendent la présence d’un médecin très probable, cela supposant que le propriétaire du navire avait les moyens. Par ailleurs, des pièces espagnoles qui n’étaient pas des piastres (monnaie commerciale) permettent de supposer que l’équipage était composé de plusieurs nationalités, les pièces pouvant correspondre à une solde de marin. Ajoutons enfin les restes de pistolets non réglementaires sur un navire français, et d’une épée de vénerie originaire d’Europe de l’Est, réglementaire sur bateau anglais au contraire de la France… notre navire aurait-il eu des Anglais à son bord, ou se serait-il battu contre eux ?
Sous nos yeux, des objets restaurés des fouilles précédentes, conservés au musée Ernest Cognacq dans le cadre de la collaboration initiée en 2017, mais aussi ceux de la campagne 2023, en partance pour le laboratoire de traitement du mobilier GPLA Arc’Antique à Nantes, où ils seront restaurés dans les règles de l’art avec les subventions du Ministère de la Culture, les soutiens financiers de la Communauté de Communes de l’île de Ré, de la Commune de Saint-Martin et de l’AAMEC* étant eux aussi des alliés précieux dans cette extraordinaire aventure.
A ce jour, deux-cent quatre-vingts fiches d’identification ont été réalisées et les objets répertoriés sur des cartes, les techniques de photogrammétrie permettant de les positionner précisément où ils ont été trouvés.
Quels trésors sortiront des eaux en 2024 ? Impossible de le savoir… Continuant leur travail de fourmis inlassables, Eric Le Gall et Félix Gomez repartent en quête.
*AAMEC : Association des Amis du Musée Ernest Cognacq / AREPMAREF : Association de Recherche et d’Etude du Patrimoine Maritime Et Fluvial
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