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Entre déception et pragmatisme des élus
Christian Pitié * et Annick Hélias ont 15 jours durant sillonné le terrain de Nice à Dunkerque en passant par la Vendée et la Charente-Maritime, missionnés par la Ministre Delphine Batho.
Leurs objectifs étaient de :
> Comprendre où en est sur le terrain la réalisation des travaux dans le cadre des PAPI et envisager de compacter les procédures environnementales qui rallongent considérablement les délais de démarrage des travaux. Entre DDTM et DREAL une meilleure coordination serait souhaitable pour les élus.
> Arbitrer entre choix techniques et environnementaux, les contraintes environnementales entraînant des surcoûts fi nanciers importants, hors cadre PAPI…
> Voir comment travailler hors PAPI. C’est ainsi que le 25 avril ils étaient reçus au Conseil général de Charente- Maritime par le président Dominique Bussereau et le président de la « Mission Littoral » Lionel Quillet, ainsi que les services Mer et Digues du Département. Puis ils se sont rendus plusieurs heures sur l’île de Ré le 26 avril, accompagnés par le président de la Communauté de Communes, la directrice générale et le directeur des services techniques, ainsi que par les maires des différentes communes visitées. Un tour d’horizon rapide mais qui se voulait pédagogique et représentatif des différentes problématiques de l’île de Ré concernant la protection de ses côtes.
Un tour des sites rétais les plus emblématiques
En effet, ils se sont d’abord rendus à La Conche des Baleines – au Pas des Zanuck et à la Pyramide –, située hors Papi et représentative de la défense des côtes dite « éolienne », avec de l’enrochement nécessaire à certains endroits. La Mission a été très claire, l’État n’interviendra pas hors PAPI, car se lancer sur l’ « éolien » exploserait les budgets, sans compter que c’est beaucoup plus complexe à appréhender au plan technique. Enfi n, La DREAL est très réticente à toute forme d’enrochement pour préserver les aspects paysagers…
Les Doreaux figuraient dans la suite de la visite, sur deux sites différents, les Doreaux proprement dits et La Marindelle qui comporte des brèches importantes, pour illustrer le cas des « digues maçonnées patrimoniales » et les travaux d’enrochement (budget total de 25 M€, dont 10 M€ PAPI). L’idée était de montrer que l’appellation « patrimoniale » ne veut plus rien dire sur certains sites.
La Mission Pitié s’est ensuite rendue au Boutillon, à La Couarde, qui constitue le premier chantier PAPI – de niveau 3 – lancé avec un budget de 9 millions d’€ et un surcoût de 1 à 1,5 million d’€ lié aux contraintes patrimoniales et environnementales. Sans oublier que sur les ailes du Boutillon (côté Moulin Brûlé) on retombe sur de l’éolien avec des besoins d’enrochement. Le Peu Ragot fut l’illustration d’une intervention sur procédure d’urgence hors PAPI, avant de terminer ce survol des côtes rétaises par le côté sud de Rivedoux, en intra-muros d’un village, où le projet technique est validé mais ne peut démarrer du fait des « procédures environnementales ». « Pourquoi n’attaque-t-on pas là les travaux ? » a demandé le président.
Vers un compactage des procédures ?
Le déjeuner fut l’occasion d’un débrief avec les membres de la Mission, qui ont clairement énoncé que le graphe du président avait « fait son effet » et leur avait fait prendre conscience à leur niveau que les lois environnementales entraînent des procédures devenues très complexes et qui rallongent de 18 à 24 mois le démarrage des travaux.
Le second souhait de Lionel Quillet, que l’État parle d’une seule voix avec un seul interlocuteur pour les élus locaux, n’a pas reçu de réponse. Christian Pitié a fait part de sa grande surprise sur la rapidité avec laquelle les élus ont élaboré les PAPI , preuve qu’ils ont pris leurs responsabilités, d’autant que la gestion des digues pérennes – et donc la responsabilité pénale – leur incombe désormais.
Encore faudrait-il que les digues soient réalisées. Or de La Rochelle à Esnandes, d’Oléron à Fouras, sans oublier la Vendée les élus ont pour la plupart fait part de leur déception à l’égard de la Mission Pitié, dont ils attendaient « un peu plus de compréhension humaine des problèmes rencontrés, vis à vis des élus et des populations ».
Le Président Quillet, plus pragmatique, pense que le rapport de la Mission Pitié attendu pour début juin permettra que les procédures soient compactées. Il attend par ailleurs pour mai / juin 2013 les premières modélisations de l’État dans le cadre des futurs PPRL qui au mieux sortiront en mai / juin 2014 selon lui, et qui sont l’occasion de « discussions acharnées » sur le terrain avec les services de l’État. Sachant que les PPRL n’intégreront en aucun cas les travaux de digues non encore réalisés, l’inquiétude reste forte et justifie qu’il prévoit – à l’instar de ce qu’il fi t à l’été 2012 – deux réunions publiques au Bois-Plage le 5 août et à Ars-en-Ré le 8 août, pour dresser auprès des populations permanente et secondaire un bilan complet sur les digues, les PPRL, le SCOT, l’urbanisme et plus globalement la politique d’aménagement et de développement du territoire.
* Précédemment missionné par Nathalie Kosciusko-Morizet, alors Ministre de l’environnement, dans le cadre de la gestion de crise « après-Xynthia » pour définir les zones noires
devenues zones de solidarité.
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