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- Portrait du moi - Agnès Boulloche
Elle habite un monde fantastique

Il y a une vingtaine d’années, invitée par des amis, Agnès Boulloche, « peintresse » de son état, découvrait l’île de Ré qu’elle a alors trouvée « moche et toute plate ». « De retour l’été suivant, j’ai remarqué l’absence de barreaux aux fenêtres des rez-de- chaussée et des maisons que l’on ne fermait pas forcément à double tour quand on s’absentait, etc. Je me suis dit, voilà un endroit où la notion de liberté doit encore avoir un sens. »
Loidaise dans l’âme
« Convaincue que c’était là qu’il fallait que je sois, j’ai d’abord loué une maison à Loix, puis très vite acheté une première maison, toujours à Loix, mon village depuis 18 ans. Même si je peins depuis toujours (“Elle est née avec les pinceaux en bouche, là où d’autres ont une tétine !” dit d’elle Anne, sa mère), et si j’en vis depuis une quarantaine d’années, à Loix, quand je sors de chez moi, je ne suis pas en permanence estampillée ”peintre”. Non, je suis une Loidaise à part entière, je participe à une vraie vie de village et je m’y sens adoptée. Alors pour honorer cette amitié partagée, je contribue artistiquement, et bien sûr bénévolement, à la vie quotidienne du village en réalisant notamment des plaques de rues et diverses autres comme pour le cimetière ou bien le potager des enfants de l’école ».
Née à Paris, Agnès Boulloche passera sa petite enfance à Rabat, au Maroc. De retour à Paris dans les années soixante, elle fréquente l’École des Arts Décoratifs et s’exprimera sur les murs parisiens en 1968. Boulimique de créations, elle se lance alors à la fois dans la sérigraphie, la sculpture et le peinture.
« Avant de pouvoir me permettre de vivre de ma peinture, j’ai pour ainsi dire fait tous les métiers, sauf un… le soit disant plus vieux métier du monde ! Mon tout premier fut de vendre à la criée “France Soir Paris Presse”, ensuite j’ai été ouvrière à la chaîne chez Jeager, avant bien d’autres petits métiers en France comme à l’étranger (New York, San Francisco, etc.). En 1972 est née ma Julie, devenue, elle également, une vraie Loidaise, s’étant même fait élire conseillère municipale tout récemment ». (Lire portrait de Julie Lipinski).
« Merci main gauche ! »
« J’ai toujours eu ce goût pour l’évasion et la liberté. Déjà enfant je m’échappais, empruntant les chemins de traverse afi n de retrouver mes amis intimes, tout un peuple de bêtes fabuleuses, de chimères et autres génies. Et ma main gauche s’est prêtée à mes rêveries et m’a permis d’évoluer dans cette magnifi que dimension qu’est la peinture ».
Dans celle-ci, Agnès Boulloche nous invite à de fabuleux voyages. Après avoir planté le décor, au mépris de la génétique, elle le peuple de créatures fréquemment mi-homme mi-bête. De même, dans sa sculpture, la thématique reste identique à celle de sa peinture car « je ne vois pas tant de différences entre les êtres humains et les animaux. J’y vois au contraire beaucoup d’interférences. Toutefois, je hais la bestialité, d’un côté comme de l’autre. Ce qui me révoltait, c’était le fait que les animaux soient considérés comme des objets, ce qui fort heureusement n’est plus le cas depuis le récent vote des députés en date du 15 avril 2014. N’oublions pas que les femmes l’étaient encore en Occident au 11e siècle ! ».
Agnès Boulloche n’a encore jamais exposé ses oeuvres dans l’île. Pour cause, le réalisme fantastique n’est pas le genre de peinture que recherchent les touristes. « C’est une peinture qui s’adresse plutôt à des collectionneurs. C’est pourquoi je travaille essentiellement avec une galerie française, ”Partoux”, qui possède des galeries dans le monde entier. Quant à mes sculptures, je suis en relation avec un éditeur allemand ”Strassacker” ».
Agnès Boulloche peint à l’huile sur des panneaux de bois en utilisant la technique ancienne des « glacis » qui consiste à superposer de fi nes couches transparentes de couleurs, ce qui permet d’allier la finesse du dessin à la luminosité des tonalités. Quant à créer ses pigments, médiums et vernis, Agnès Boulloche utilise de multiples recettes d’alchimie.
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