Elections Régionales : les Verts passent le pont de Ré
Des élus Verts sur Ré la blanche par une matinée d’hiver bien grise… Facile jeux de mots pour voir la vie en couleurs. Nicolas Thierry, tête de liste des écologistes aux élections régionales, est venu à la rencontre de notre territoire le 6 janvier. Une visite qui l’a mené de La Flotte à Ars
Entouré de Benoît Biteau, Eurodéputé, de Katia Bourdin, Consei l lère régionale en Nouvelle-Aquitaine et de Stéphane Trifiletti, Délégué à l’éducation à l’Environnement de la Région, ainsi que de quelques membres de son équipe, tous écologistes évidemment, Nicolas Thierry a retrouvé plusieurs médias à La Flotte, sur la promenade du bord de mer devant la plage de la Clavette, lieu symbolique de l’afflux des algues vertes, idéal pour illustrer le lien Terre-Mer qu’il souhaite porter pour notre grande Région qui est aussi « la deuxième façade littorale de France ».
En un échange continu les élus ont rebondi de constats en propositions pour répondre aux enjeux de notre temps.
Valoriser les activités de terroir
Pour sa visite insulaire, Nicolas Thierry a choisi des entreprises illustrant l’économie d’un territoire qu’il définit comme « très vulnérable » face aux changements climatiques et à l’impact produit par des pratiques agricoles intensives, prenant pour l’exemple l’afflux régulier de ces fameuses algues vertes, aujourd’hui présentes sur tout le littoral atlantique après avoir principalement concerné les côtes bretonnes. Des pollutions terrestres venant jusqu’à la mer fragiliser les entreprises aux « pratiques artisanales ancrées dans les territoires ».
Joignant le propos à la pratique, l’élu écologiste et son entourage quitteront la plage de la Clavette pour rejoindre le lieu de production de l’ostréiculteur Le Corre aujourd’hui labellisé agriculteur écologique puis l’emblématique Coopérative des Sauniers d’Ars.
Changer de modèle
« On ne peut plus adhérer aujourd’hui au discours opposant économie et écologie », expose Nicolas Thierry. « La mer est considérée comme un stock de ressources », continue l’élu précisant aussitôt « on reproduit en mer ce que l’on fait sur terre ». Il faut « respecter l’écosystème marin dont la préservation a été négligée. » Entre pollutions terrestres et exploitation marine, le lien entre préservation économique et environnement est très fort pour des « activités identitaires menacées par la mondialisation ». Pour les élus, le changement de modèle est inévitable. Il faut en finir avec une notion qui a la vie dure : « On a cru en un modèle de croissance infinie dans un monde fini », poursuit Stéphane Trifiletti. « Une promesse de plein emploi jamais atteinte » qui a conduit à la destruction des équilibres naturels mais aussi et justement, à celle des emplois.
Intégrer le lien Terre-Mer, c’est « raisonner au niveau global, lutter contre le réchauffement climatique et trouver des solutions pour une économie résiliente ».
Une écologie économique
Pour Katia Bourdin, préparer un programme « pose la question de l’argent public ». « Doit-on continuer à financer une agriculture perturbatrice ? », enchaîne l’élue régionale et « comment aider les valeurs locales et leurs acteurs ? ».
« Les politiques publiques actuelles sont sur des logiques curatives », renchérit Benoît Biteau. « Il faut maintenant redéployer les enveloppes existantes sur des solutions d’anticipation et de prévention ». Soit accompagner les indispensables mutations.
Un mandat de transformation
Des actions concrètes doivent aujourd’hui répondre à une urgence car pour Nicolas Thierry, « cette décennie est la dernière fenêtre pour trouver des solutions ».
Pour les élus Verts, elles passent par le « développement massif de l’agroécologie », l’agriculture et les activités primaires étant des enjeux très forts pour une région riche de nombreux savoir-faire.
Mais le message à destination des acteurs économiques est clair : non à l’écologie punitive, oui au soutien et à l’accompagnement. « Il faut tendre la main aux agriculteurs » explique Benoît Biteau, « être dans une logique de réponses crédibles », « et ne jamais faire d’amalgame entre les différents acteurs et leurs pratiques » intervient l’ostréiculteur rétais Jean- François Beynaud.
Pour réussir cette transformation, les Verts entendent appuyer sur plusieurs leviers : le redéploiement de l’argent public, la commande publique (privilégier l’agriculture bio et locale dans les cantines scolaires par exemple), mais aussi faire jouer les fonds assurantiels et garantir un accompagnement scientifique. En filigrane se dessine un autre enjeu, « une dimension de justice sociale », passant par une meilleure rémunération des agriculteurs ainsi doublement motivés pour s’engager dans les mutations. Soit quitter un cercle vicieux pour un autre, vertueux et porteur de réussites nouvelles et locales.
« L’objectif c’est la pleine santé », affirme Stéphane Trifiletti. La pleine santé de l’environnement et de l’économie, donc de l’homme.
Tendre vers le 100% local
« Les ambitions peuvent être élevées », affirme Benoît Biteau. Elles seront aussi portées au niveau européen. « Parvenir à 25%-30% d’agriculture biologique en 2030 et tendre vers le 100% local à l’horizon 2100 », en passant par une « sortie totale des pesticides en 2030 » pour Nicolas Thierry.
Dans cet objectif, la Nouvelle Aquitaine est en charge d’une forte responsabilité car « 1ère région agricole d’Europe ». « Réussir en Nouvelle-Aquitaine, c’est montrer que l’on peut réussir partout ailleurs », insiste Nicolas Thierry.
En Charente-Maritime, des difficultés existent, expliquent les élus, pointant le fait que les ressources agricoles partent massivement à l’exportation depuis le port de La Rochelle, ne laissant à la population locale qu’un infime pourcentage. « Il faut retrouver une forme de souveraineté alimentaire » revendique Nicolas Thierry.
Il faut réconcilier le vivant et les hommes – Nicolas Thierry –
Conversations avec les acteurs rétais
A la plage de la Clavette, l’ostréiculteur et élu du Bois-Plage Jean-François Beynaud est venu à la rencontre des élus Verts. « Sur l’Île de Ré, on est plutôt confiants », explique-t-il, regrettant toutefois que « les acteurs économiques locaux ne soient pas suffisamment pris en compte ». « Ils demandent écoute et considération » ajoute-t-il. « Ecouter l’expertise locale est fondamentale », lui répond Katia Bourdin. Chez la famille Le Corre, Nicolas Thierry écoutera attentivement la présentation des modes de production avant de déguster avec plaisir une assiette d’huîtres accompagnée d’un verre de vin blanc évidemment local. Direction Ars où les élus sont conviés à une visite de la Coopérative des Sauniers. Ils y découvrent le travail du sel et les caractéristiques des marais salants expliquées par Loïc Abisset, plaidant pour le développement des sauniers. « Les marais fonctionnels ont un vrai rôle dans le retardement des inondations », explique le Président de la Coopérative mais aussi pour la biodiversité : « Le paysage de marais salants n’est pas naturel mais la biodiversité s’y est installée », précise-t-il. Côté économique, Loïc Abisset évoque la concurrence forte existant entre le sel artisanal à la production minoritaire, face au sel industriel porté par les lobbies. Le chiffre d’affaires du sel artisanal dépassant celui de l’industriel, le risque de rachat d’entreprises locales est réel.
Côté associatif, si Nicolas Thierry n’eut finalement pas l’opportunité d’échanger avec Ré Nature Environnement, il put néanmoins le faire avec le Vice-Président de l’association MAT-Ré Michel Lardeux. Celui-ci, bien que plus silencieux qu’à l’ordinaire car « venu essentiellement pour écouter », ne manqua pas l’occasion d’exposer les inquiétudes portées par plusieurs associations sur le développement annoncé du Grand Port Maritime de La Rochelle.
Sur un plan général, les élus Verts considèrent aujourd’hui avec attention la prise de conscience citoyenne qui a fortement progressé ces dernières années. « Les populations sont en avance et la majorité des hommes politiques très en retard », constatent-ils. Un décalage qui s’est déjà exprimé récemment lors des élections municipales de certaines villes. Et s’exprimera peut-être encore plus massivement lors des prochaines échéances électorales.
Qui est Nicolas Thierry ?
Marié, deux enfants et habitant de Créon, petite commune de Gironde, Nicolas Thierry est un écologiste de longue date, adhérent des Verts depuis 2006. Aujourd’hui Vice-Président de la Région Nouvelle Aquitaine en charge de l’environnement et de la biodiversité, il portera la candidature écologiste aux Régionales pour la seconde fois.
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