Unité Alzheimer : Les élus demandent un moratoire
A l’appel de la CGT, près de 200 Rétais et élus se sont rassemblées devant l’EHPAD de Saint-Martin ce lundi 13 novembre, afin de réclamer le maintien de l’Unité protégée et plus globalement des lits de l’EHPAD.
Emmanuel Dallière, secrétaire général CGT La Rochelle-Ré du Groupe hospitalier, a rappelé l’annonce de la fermeture des 24 lits de l’Unité protégée, ainsi que d’autres lits de l’EHPAD. Le syndicat a pourtant donné l’alerte depuis plusieurs années. « Cette année le déficit est réduit à – 350 K€, grâce à une subvention exceptionnelle de l’ARS de 700 K€ ! Ce déficit abyssal met en péril la structure. »
Le sentiment d’être manipulé
Le maire de Saint-Martin, Patrice Déchelette, a affirmé que face à une solution qui leur est imposée les élus de l’île de Ré se battront, car « il n’est pas entendable que l’on envoie les patients à Saujon. »
Le président de la CdC, Lionel Quillet, a expliqué ne pas aimer « être manipulé », ce qui lui semble le cas dans ce dossier de l’hôpital (lire notre précédent article : www.realahune.fr/fermeture-actee-de-lunite-protegee-de-lehpad-de-saint-martin/). Il lui a fallu solliciter un rendez-vous auprès de la nouvelle direction de l’hôpital pour avoir des informations de celle-ci. Un modèle économique de décroissance (moins de résidents, moins de personnel, plus de frais de structure) ne lui paraît pas viable, il souhaite une vision d’avenir. Il n’a eu à ce jour aucune information officielle quant à la fermeture programmée. « Lors de notre entretien, la directrice générale du Groupe hospitalier a suggéré que nous demandions aux autorités de tutelle une convention de spécificité insulaire. Comme l’ARS n’acceptera que si l’autre autorité de tutelle le demande, elle nous a dit clairement que seule une réponse positive du Département pourrait permettre d’aboutir. »
Une Convention d’insularité « dans les mains du Département »
« Nous avons écrit au Ministre de la santé, hiérarchie de l’ARS et au Département, pour réclamer une telle convention d’insularité, qui permettrait d’augmenter un peu les tarifs et de recevoir un financement un peu plus important du Département, nous n’avons pas reçu de réponse… Quant à la pétition lancée par les Conseillers départementaux, elle revient à faire une pétition… contre le Département lui-même ! »
« En 2024, nous aurons 4500 Rétais de plus de 75 ans, ce n’est pas entendable pour les familles, il est urgent de signer une Convention, je veux une table ronde avec l’ARS, le Département, les représentants syndicaux et la direction de l’Hôpital, après qu’un moratoire soit obtenu. En outre, les familles des patients en Unité Alzheimer peuvent relire le contrat qui les lie à l’EHPAD, les locataires qu’ils sont ne peuvent être mis à la porte dans un délai de moins de trois mois. Aucune solution n’a été recherchée par la direction de l’hôpital, qui n’a répondu à aucune de mes propositions : logements, versement d’un loyer par la CdC, navette mise à disposition par la CdC…»
La Conseillère départementale, Véronique Richez-Lerouge, a affirmé que « le Département n’est pas silencieux, un courrier co-signé par l’ARS er le vice-président du Département Jean-Claude Godineau vous a été envoyé (ce que réfute catégoriquement le président de la CdC qui confirme n’avoir rien reçu – NDLR), nous sommes bien sûr favorables à une table ronde, nous sommes choqués de cette fermeture. Nous avons lancé une pétition, on nous impose cette fermeture. Les élus ne sont pas tout-puissants, la pétition a été signée par 1500 personnes, elle doit l’être par 20 000 signataires pour avoir du poids. »
Obtenir un moratoire
Le Député Olivier Falorni, qui a écrit au Ministre de la Santé, le rencontrait le lendemain, mardi 14 novembre, à l’Assemblée Nationale, pour lui expliquer la situation et demander un moratoire sur la fermeture de l’Unité protégée. Il a insisté sur la dimension humaine : « On n’a pas le droit de traiter des êtres humains comme des lignes comptables, les résidents concernés sont souvent en situation de dépendance, nécessitant un accompagnement tout particulier. Nous devons absolument bloquer cette décision de fermeture, qui ne m’a pas été notifiée officiellement, sinon elle sera irréversible et on entrera dans une spirale négative. On doit faire surseoir à cette décision dans l’urgence. Nous avons bien conscience que l’enjeu derrière est celui de toute la structure de l’hôpital de Saint-Martin. Voilà une structure qui n’est pas pilotée, que l’on veut condamner. Nous demandons qu’il y ait un pilote dédié à plein temps. Il serait inacceptable qu’il n’y ait pas un seul EHPAD public sur l’île. »
Le secrétaire départemental de la CGT Santé, Vincent Tranquard, a insisté sur « le personnel en souffrance, harcelé, tout comme à l’EHPAD de Marennes. Sur le dos de cet EHPAD de filière, l’ogre de l’Hôpital de La Rochelle se gave… Il faut que les politiques aient conscience que le personnel est maltraité, les soignants sont en burn-out, il faut redonner du sens au travail. »
Plusieurs personnels soignants de l’établissement et familles de résidents ont témoigné à tour de rôle, faisant entrevoir une gestion des résidents et des ressources humaines de l’hôpital peu reluisante.
Continuité territoriale
Il a été évoqué l’obligation légale de maintenir un EHPAD sur l’île de Ré, au nom de la loi sur la continuité territoriale. Or cet argument, déjà invoqué lors du projet de fermeture du centre de radiologie de l’île, il y a plusieurs années, avait été rejeté par l’ARS : l’île est reliée à La Rochelle par un pont et est située à moins de 45km d’un centre hospitalier/d’un EHPAD.
Un soutien fort de France Alzheimer
On apprenait par contre ce lundi soir que la vice-présidente de l’Union nationale France Alzheimer, Geneviève Demoures a écrit au directeur général de l’ARS, avec copie à la Ministre des Solidarités et des familles, Aurore Bergé, et à la défenseuse des droits, Claire Hédon, en ces termes : « Nous avons été alertés par le drame qui se joue à l’EHPAD de Saint-Martin… Nous connaissons la quête de sens et de nouvelles motivations pour l’attractivité de ces métiers… Nous savons ce qui se passe au cœur des familles en détresse… Tout changement d’environnement peut être dramatique… sans oublier un questionnement éthique… S’il devait être nécessaire d’envisager une diminution de la capacité d’accueil de cet EHPAD, que ce soit impérativement en garantissant la pérennité de l’unité protégée Alzheimer…. Nous ne pourrons pas rester silencieux face à ce qui semblerait être une discrimination pour les personnes malades et leurs proches vivant sur l’île et nous devons dénoncer toute décision ne les prenant pas en compte. Nous déplorons que notre association n’ait pas été concertée par la direction du GHT Atlantique 17, alors qu’elle a été sollicitée pour participer aux CVS des EHPAD DE Marennes et Rochefort, membres du GHT. »
Un tel courrier émanant d’une association impliquée dans de nombreuses commissions nationales au Ministère et ailleurs aura certainement du poids, tout comme, on l’espère, l’intervention du Député Olivier Falorni. « S’il obtient le moratoire, alors on pourra organiser la table ronde et sauver la structure, c’est un préalable indispensable pour ne pas tomber dans un engrenage irréversible », nous confiait Lionel Quillet.
Le courrier du GHT
Un courrier daté du 13 novembre, adressé au président de la CdC de l’île de Ré et au maire de Saint-Martin, signé par la directrice générale du GHT, est parvenu aux destinataires le 15 novembre.
Celui-ci fait réponse au courrier de relance envoyé par Lionel Quillet et Patrice Déchelette le 10 novembre, rappelant leur totale opposition à la fermeture envisagée de lits de l’EHPAD et de l’unité protégée. Lors du RV du 16 octobre, la direction du GHT n’avait pas encore rencontré les deux autorités de tutelle que sont l’ARS et le Département. Ils demandent donc à être informés des suites de cette rencontre. Ils rappellent l’idée émise de solliciter les tutelles afin que puisse être envisagée une tarification différente du fait des contraintes de l’insularité. La directrice les informe que lors de la réunion récente avec l’ARS et le Département, le GHT a proposé de fixer le nombre de lits d’hébergement à 102 lits (au 11 novembre 2023 la structuré hébergeait 109 résidents), ainsi que la fermeture de l’unité protégée (14 résidents présents à la date du courrier). Elle précise que les résidents actuellement accueillis au sein de l’UP continueront de l’être, si les propositions de transferts ne sont pas acceptées par le résident ou sa famille.
« Cette proposition a été acceptée par les Autorités de Tutelle et doit se mettre en place en ce début d’année 2024 », écrit la directrice. Quant à la question de la tarification spécifique, elle « a été effectivement abordée, sans perspective très probante à ce stade. »
NV
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