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Droit de l’Animal et Droit de l’Homme, même combat
Brigitte Gothière, co-fondatrice et porte-parole de L214 Ethique et Animaux, Christophe Marie, Directeur du bureau de protection animale et porte-parole de la Fondation Brigitte Bardot et Jean- Pierre Kieffer, Président de l’OABA (Oeuvre d’Assistance aux Bêtes d’Abattoirs) avaient répondu à l’invitation d’Oliver Falorni pour le second évènement organisé par l’association Toute la République!
Une rencontre précédée d’une conférence de presse.
Provoquer la prise de conscience
On ne présente plus l’association L214, qui a porté sur la place publique la tragédie des abattoirs, au moyen de vidéos qui ont choqué la France entière. « Des lieux de terreur et de douleur » dont Brigitte Gothière rappelle qu’ils « tournent aujourd’hui à plein régime ». « La question n’est pas à l’abolitionnisme ou pas », précise- t-elle, « mais au traitement de l’animal, à sa prise en considération comme être sensible ».
Choisissant un positionnement qui « secoue et fait grincer des dents » pour mieux interpeller des citoyens désinformés, L214 dénonce sans relâche, des conditions de l’élevage intensif jusqu’aux « procédés ignobles d’étourdissement et d’abattage qui vont du pire au moins pire ». « Est-ce que tout cela est normal ? » conclut la porte-parole de L214, qui vient par ailleurs de livrer une enquête édifiante sur la pisciculture.
Protéger et défendre
Depuis vingt-sept ans, Christophe Marie lutte au sein de la Fondation Brigitte Bardot pour « des êtres fragiles qu’il faut défendre », déplorant « le retard considérable pris par la France au regard d’autres pays de l’Union Européenne en matière de protection animale ». Fort d’une vision globale et de l’expertise d’une structure développant des programmes dans environ soixante pays, il constate « la surdité des politiques français face à une demande sociétale ». « Le candidat Emmanuel Macron s’était engagé sur la vidéo surveillance. Cela ne remettait rien en cause. Il n’a pas tenu son engagement » regrette-t-il.
Notant que l’indifférence vient souvent de la méconnaissance, Christophe Marie pose ouvertement la question : « Cela vaut aussi pour l’environnement, a-t-on tous les droits sur les animaux ? ».
Sur le terrain et sur tous les fronts
C’est le moins connu du grand public. Jean-Pierre Kieffer est Président de l’association pourtant la plus ancienne. Fondée en 1961, l’OABA est depuis toujours centrée sur les animaux en abattoir. « Il s’agit d’améliorer les choses tout de suite » explique celui qui souhaite néanmoins voir disparaître les élevages industriels et avoue « ne plus avoir confiance dans les politiques mais plutôt dans les associations ». « Aujourd’hui, on adapte l’animal à l’élevage et non l’inverse » explique-t-il, « alors faut-il encore attendre la loi ? Non ». Le changement viendra des éleveurs, des abattoirs et des transporteurs ». Sensibilisation, pédagogie et propositions sont la force de l’OABA.
Mais Jean-Pierre Kieffer en appelle aussi à la responsabilité individuelle : « L’animal ne peut pas défendre ses droits. Nous si. Nous avons le droit de vote. Dans les urnes mais aussi au supermarché ». La pression citoyenne est un fait majeur. Mais « le lobby citoyen est bien faible face au lobby de l’industrie » souligne Brigitte Gothière tandis que Christophe Marie rappelle qu’ « il n’y a pas un mais des lobbies (agro-alimentaire, chasse etc.) qui se groupent pour accentuer la pression sur les politiques », tandis que « l’opinion, souvent silencieuse ne représente pas un poids politique », constate Jean-Pierre Kieffer. Pour que la France avance, il faudra retirer du pouvoir aux lobbies confirment-ils tous les trois.
« Est-ce vraiment nécessaire de défendre le droit des animaux » ?
C’est la question qui réunit les intervenants et une salle pleine. Volontairement provocatrice quand on connaît la position d’Olivier Falorni, mobilisé dès la diffusion des premières vidéos de L214. « C’est à cette occasion que j’ai rencontré mes trois invités », précise le député. C’est avec eux aussi qu’il travaille la proposition de loi incluant la vidéo surveillance, votée par l’Assemblée mais toujours pas passée devant le Sénat, « son président, vétérinaire comme moi, ayant oublié son serment de Bourgelat » – l’équivalent du serment d’Hippocrate – précise Jean- Pierre Kieffer qui assume ses propos et se déclare par ailleurs « fier du vote du 12 janvier 2017 ».
Pour le député, la « désastreuse loi Agriculture et Alimentation, véritable Waterloo de la condition animale », n’a fait que renforcer la détermination commune. « J’entends encore, moins c’est vrai, ‘plutôt que de vous occuper des droits des animaux, occupez-vous des droits des humains’. » Une phrase qu’Oliver Falorni réfute : « La concurrence et l’opposition des combats sont inappropriés. Et c’est justement parce que je suis profondément humaniste que je me préoccupe du sort des animaux ». Il l’affirme, « parler des animaux c’est comme parler de la laïcité et de la fin de vie. C’est parler de la société. C’est un tout ».
Un public averti et responsable
Loin des clichés, le public ne réunit pas que des « vegan » mais des hommes et femmes de tous horizons, des jeunes aussi et c’est de bon augure. Ils ont en commun de nombreuses questions. La viande bio ? « Les conditions d’élevage sont un peu moins pires, mais au poste d’abattage, c’est la même horreur. La viande heureuse n’existe pas », assène Brigitte Gothière. Le bien-être animal ? « Un conte pour enfants », continue la porte-parole, « pour que les gens continuent à consommer ».
Tout y passe, de la chasse aux animaux de cirque en passant par la corrida, « autant de traditions de cruauté envers lesquelles il faut être abolitionniste » selon Christophe Marie. Le retour de la fourrure ? De manière insidieuse par la mauvaise qualité de vêtements venant de pays ne rechignant pas à utiliser chiens ou chats. La pêche électrique ? Une catastrophe aussi écologique. Les repas végétariens dans les cantines ? Une nécessité éducative et une liberté individuelle. L’expérimentation médicale ? Incompréhensible car il existe des alternatives bien plus fiables pour l’homme.
Ces exemples traduisent l’ampleur du sujet autant qu’ils interpellent les citoyens que nous sommes. La question est animale mais aussi sociale, environnementale et même économique, et se résume en quelques mots : quel monde voulons-nous ?
Pauline Leriche Rouard
Des lueurs d’espoir
Une étiquette « Bien-être animal » à l’initiative d’une grande chaîne de distribution. L’OABA y travaille depuis plus d’un an, à établir quelques 230 critères servant une grille d’évaluation de A à D.
Aux côtés d’Emmanuel Macron, une conseillère pro animaux pourrait influer en faveur du renforcement des équipes vétérinaires dans les abattoirs, demandé par la Fondation Brigitte Bardot ;
Au cabinet du Ministre de l’Agriculture, il y a aujourd’hui une Conseillère en charge de la maltraitance animale ;
Jean-Pierre Kieffer annonce un rendez-vous avec Didier Guillaume et les associations le 9 janvier prochain.
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