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« Le PLUi mérite un avis défavorable de notre part »
Tel était le principal propos argumenté lors de l’assemblée générale de l’association pour la protection des sites de Saint-Clément-des-Baleines (APSSC), qui se tenait le 16 août dernier. L’association oeuvre notamment pour la préservation de l’environnement et « contre une urbanisation galopante ».
L’assemblé générale ordinaire de l’APSSC a débuté par le traditionnel rapport d’activité. Sur ce point, les membres du bureau ont indiqué que « l’année a été calme pour nos activités, en attente du PLUi (Plan local d’urbanisme intercommunal) et à quelques mois des élections municipales ». L’association en a profité pour souligner qu’elle souhaiterait d’ailleurs des « relations apaisées avec la future municipalité ». Mais l’ordre du jour a largement été consacré à la question du PLUi de l’île de Ré. L’occasion pour Patrick Salez, spécialiste en aménagement du territoire, d’expliquer pourquoi le conseil municipal de La Flotte, dont il fait partie, y est défavorable, à l’instar de l’APSSC.
Une méthode contestée
« La méthode légale d’un PLUi consiste en une co-construction d’un projet de territoire communautaire fondé sur une vision globale et intégrant les spécificités des communes. Ce PLUi s’est au contraire résumé en une somme de négociations bilatérales entre la CdC (Communauté de Communes de l’île de Ré) garante des règles et chaque commune désirant prolonger son POS (Plan d’occupation des sols) », regrette Patrick Salez. Ce dernier estime donc que la méthode de travail est contestable et que même si il y a bien eu discussion entre la CdC et les municipalités, il demeure que chaque commune n’a que peu de visibilité sur ce qui est prévu au sein des autres villages.
Un désaccord en termes de capacité d’accueil
Une « faiblesse dans la prise en compte de la capacité d’accueil des touristes sur l’île de Ré » a ensuite été pointée du doigt. « La capacité d’accueil estimée dans les rapports de présentation présente plusieurs faiblesses. Elle n’évalue pas une population maximum supportable mais un potentiel d’hébergement de la population et elle reprend le chiffre minoré et périmé de 138 500 personnes – une étude réalisée par le CNRS de Nantes pour le compte de l’association des Amis de l’île de Ré donne un chiffre avoisinant les 160 000 personnes. Cette minoration ne prend ni en compte les visiteurs à la journée ni le taux de remplissage surmultiplié des logements loués sur les plateformes numériques comme ‘Airbnb’ ».
Contre une « monodépendance au tourisme »
L’une des orientations du PLUi consiste à développer un tourisme raisonné, en phase avec un territoire préservé et authentique. Sur ce point aussi, le spécialiste s’interroge : « Le tourisme représente les deux tiers du chiffre d’affaires des activités sédentaires de l’île. Nous n’avons pas constaté de diversification des activités ni de maîtrise du développement touristique. Nous n’avons pas non plus observé de réflexion en ce qui concerne le problème des aires de stationnement en haute saison ».
En conclusion, Patrick Salez regrette que ce PLUi contribue à « banaliser notre espace public et sacrifier l’esprit des lieux pour en faire un produit commercial ». Si le PLUi est adopté, dans sa version actuelle, en décembre prochain, l’APSSC établira un recours. « Avant d’agir, nous attendons les résultats de l’enquête publique ainsi que la prise en compte par la CdC des observations des différentes communes et associations. Beaucoup de points nous semblent confus et laxistes. Nous en discuterons avec les autres associations environnementales de l’île pour établir, ou non, un recours », soulève Marie-Christine Hiva, la présidente de l’association.
L’opposition à deux projets
La présidente s’est par ailleurs exprimée sur deux projets contestés par l’APSSC. Tout d’abord, le projet des Ouches, qui prévoit la construction de logements sociaux dans le quartier du Gillieux, est jugé inacceptable par l’association. « En l’espace de quelques mois, le terrain est passé de submersible à constructible… Le classement en zone constructible de cette zone et le calcul des cotes NGF (Nivellement général de la France) n’est pas rigoureux ! Ces constructions devront être surélevées : avec le remblais prévu, elles seront environ 1,60 mètre plus hautes que celles alentours. Nous ne pouvons pas accepter ce projet, inscrit dans le PLUi de la commune de Saint- Clément-des-Baleines, au sein d’un village où toutes les constructions sont basses ». Dans le cas où ce projet serait concrétisé, l’ASSPC fera donc un recours, soulignant par ailleurs qu’il s’agit « d’une zone agricole qui n’est en aucun cas vouée à l’urbanisme ».
Enfin, le projet de huit constructions en étage sur un terrain longeant la rue du Phare s’avère lui aussi inacceptable selon l’association. « Ce projet va subir un contentieux de notre part. Une partie du village a déjà suffisamment été défiguré par la construction de la gare routière. Un projet monstrueux, passé en force et considéré comme de la voirie, c’est pourquoi nous n’avons pu agir », assure Marie-Christine Hiva.
Quand la Java s’en va ?
La présidente a par ailleurs affirmé son souhait de voir la Java des Baleines déménager dès l’année prochaine. « Si nous n’avons rien, dans le fond, contre la Java des Baleines, nous sommes opposés à son implantation en plein coeur du centre bourg, car cela engendre des nuisances sonore et visuelle. J’espère que nous pourrons nous concerter avec la prochaine municipalité pour la déplacer mais aussi pour fermer les parkings sauvages », conclut-elle.
Aurelie Cornec
Le nerf de la guerre
Lors de la présentation du rapport financier, Jean-Yves Hollinger, le secrétaire de l’APSSC, a rappelé que l’association ne bénéficie « d’aucune subvention. Nous vivons uniquement
sur les cotisations », avant d’ajouter que « l’essentiel de nos dépenses est consacré aux frais de justice ».
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