DOSSIER Bilan de Saison
Le Nord de l’île ne connaît pas la crise
En termes de fréquentation, juillet a été un mois record pour les acteurs du secteur touristique du canton Nord. Le mois d’août a lui aussi tenu toutes ses promesses. Reste l’arrière-saison pour définitivement « sauver l’année »
Contrairement aux inquiétudes légitimes exprimées par les professionnels du tourisme avant le début de l’été, la saison n’a finalement pas été la catastrophe annoncée. Le mois de juillet a même battu des records de fréquentation, avec une clientèle majoritairement hexagonale. « Malgré ce que nous pouvions imaginer, nous avons très bien travaillé en juillet, avec un taux de remplissage de 60 à 70 % et un pic lors du week-end du 14 juillet, digne d’un week-end de l’Ascension », analyse Benoît Pinaud, le directeur de l’hôtel de plein air L’Océan, à La Couarde-sur-Mer.
Une fréquentation inespérée
Si le week-end de l’Ascension avait en effet été sacrifié cette année, celui du 14 juillet a permis de rattraper le manque à gagner. Le mois d’août quant à lui n’a pas désempli. « En août, nous avons atteint 90 à 95 % de taux de remplissage. Certes les autres années, à cette même période, nous sommes à 100 %, mais compte tenu de la situation, c’était tout simplement inespéré. La grande différence cet été, c’est l’origine de nos clients. Nous avons eu une clientèle de proximité, des Français de Poitiers ou de Tours par exemple, que nous n’avons pas l’habitude de voir. En d’autres termes, nous ne connaissons pas la crise ! », commente Benoît Pinaud. Le directeur de l’Océan a ainsi comptabilisé 95 % de clients français, contre 80 % l’année passée. En effet, si les touristes étrangers se sont fatalement fait rare, des Belges et des Hollandais, qui habituellement passent leurs vacances d’été en Espagne ou au Portugal, ont foulé pour la première fois les terres rétaises.
Une arrière saison prometteuse …
Arrivés en masse début août, les touristes étaient cette année sous pression, tous l’ont ressenti. « Sans leur jeter la pierre bien entendu, force est de constater que les clients étaient un peu tendus. Des vacances avec des gestes barrières, ce n’est pas vraiment des vacances … Nous avons senti une certaine frustration chez nos clients qui ne pouvaient pas totalement lâcher prise », souligne Benoît Pinaud. Mais la saison n’est pas encore achevée et tous les espoirs sont permis pour l’arrière saison. « Les réservations partent bien pour le mois de septembre, nous sommes déjà bien remplis jusqu’au 15. Ceux qui n’ont pas pu profiter de l’avant-saison souhaitent profiter de l’arrière-saison. Nous restons tout de même dans l’incertitude, nous vivons au jour le jour, toujours en attente de nouvelles annonces. Mais la saison devrait finalement s’équilibrer, d’autant que l’île de Ré dispose d’une image rassurante et sécurisante », poursuit Benoît Pinaud.
… mais incertaine
Le constat est assez similaire du côté de Saint-Clément-des-Baleines, où Bastien Trouvé, le directeur du camping des Baleines, nous livre son premier bilan de l’été. « Nous avons été en baisse sur la location d’emplacements de camping ainsi que sur les ventes à l’épicerie, mais en revanche le taux de remplissage de l’hébergement locatif a été identique à celui de 2019 en juillet et en août. Cependant, les étrangers et en particulier les Anglais, nous ont manqué. On a compté une baisse de leur fréquentation de 83 % cet été. Mais cette baisse a pu être compensé par la clientèle française, issue des départements limitrophes mais aussi de la Charente-Maritime, des touristes que nous n’avions pas l’habitude de voir ici ». Concernant l’arrière-saison, Bastien Trouvé demeure lui aussi dans l’incertitude. « Nous n’avons aucune visibilité. Si en hébergement locatif nous ferons sans doute mieux que l’année dernière, le camping reste la grande inconnue … ».
Une saison « positive » mais « stressante »
Au Café du Commerce, situé sur le port d’Ars-en-Ré, le bilan de cet été est « positif dans l’ensemble », estime Pierre Ollivier, le patron de l’établissement. Ce dernier explique que le mois d’août a été équivalent en termes de fréquentation par rapport aux saisons passées mais que le mois de juillet a quant à lui été supérieur aux années précédentes. « En août nous avons eu une clientèle plus cosmopolite, nous avons senti qu’il y a avait des touristes n’ayant pas l’habitude de l’île de Ré. Les étrangers que nous avons servis en août ont été raisonnables et respectueux concernant le port du masque et les gestes barrières, contrairement aux Français en juin, lors de la ré-ouverture des bars et des restaurants. Ceci dit, aujourd’hui, tout le monde joue le jeu », confirme Pierre Ollivier.
Concernant le port du masque justement, il sera probablement plus difficile à imposer en septembre au sein de son établissement … « Le mois de septembre peut lui aussi s’avérer être un très bon mois, il n’y a pas de raison, puisque l’été a été bon. Les saisonniers vont partir mais les touristes seront là, notamment la clientèle du 3ème et du 4ème âge, à laquelle il sera un peu dur de faire porter un masque. Espérons seulement que la météo soit bonne et surtout qu’il n’y ait pas de reconfinement ! ». Le patron du Café du Commerce rappelle par ailleurs que le succès de cette saison est avant tout à attribuer à son équipe, motivée et mobilisée. « Il faut surtout saluer le travail de nos employés, qui n’ont jamais baissé les bras malgré les contraintes sanitaires assez lourdes à porter au quotidien, cette saison a été vraiment stressante et fatigante pour tout le monde », reconnaît-il.
« Mon plus gros mois de juillet depuis 15 ans ! »
Du point de vue des commerçants, 2020 ne constitue pas non plus un si mauvais cru. Olivier Palvadeau, le patron du magasin Go Bike Ile de Ré, aux Portes, se dit plutôt satisfait de sa saison. « Juillet a été un très gros mois, je n’ai jamais connu cela en 15 ans de métier ! » affirme le jeune entrepreneur. « Il y a eu beaucoup de monde aux Portes, et ce dès le 1er juillet. Les Anglais, qui viennent généralement en juin, sont venus en juillet cette année. En ce qui concerne août, nous avons eu moins de location de vélos que le mois précédent, car de nombreux clients ne sont finalement pas venus. Comme tout le monde, nous avons eu majoritairement des Français, notamment ceux qui n’ont pas pu partir à l’étranger. Et comme beaucoup de commerçants également, j’ai constaté que les gens étaient tendus. Certains n’ont pas réservé leurs vélos, se sont organisé au dernier moment, mais restent très exigeants … Certains même refusaient de porter le masque à l’intérieur du magasin … Mais au delà de ça, l’été s’est bien passé dans l’ensemble ! », tempère-t-il. Pour ce qui est de la fin de la saison, le loueur de vélos fait preuve d’optimisme. « Difficile de faire des pronostics, cela dépendra surtout de l’évolution des mesures sanitaires mais je m’attends à bien travailler au mois de septembre. Si les résidents secondaires restent sur l’île après l’été, cela contribuerait à sauver l’année ».
Le cas particulier des marchés
Pour les commerçants ambulants d’Ars-en-Ré, les affaires ont elles aussi plutôt bien marché, mais tout de même un peu moins que les autres années. « Il y a eu davantage de monde que les autres années sur l’île, surtout au mois de juillet, mais pas forcément sur les marchés, sans doute par peur du coronavirus », résume Xavier Landriau, qui tient un stand de foulards. « Nous avons eu fatalement moins d’étrangers, très peu de Suisses par exemple. Les gens ont moins consommé que d’habitude mais je doute que ce soit forcément lié au Covid, il s’agit plutôt de la peur du lendemain, d’une crise économique plus générale. Mais si les touristes ont moins consommé cette année, la forte affluence a bien compensé cette baisse », poursuit-il. Selon lui, l’arrière-saison ne sera pas sacrifiée si « les commerçants et les clients continuent à porter le masque, le seul moyen de ne pas être à nouveau confinés ! », conclut-il.
Aurélie Cornec
2020, saison touristique à haute densité
Toute l’Ile de Ré l’attendait avec impatience… Si la saison 2020 a commencé bien tard, les vacanciers étaient au rendez-vous. Premier bilan d’un été pas tout à fait comme les autres
Le suspense aura été long et la réactivité nécessaire. Après une avant-saison rayée de la carte par le confinement et une période post-déconfinement poussive, l’été sur fond de ciel d’azur et de chaleur parfois caniculaire a tenu des promesses inespérées. Pour autant et pour l’ensemble des professionnels du sud de l’île de Ré, les glorieux mois de juillet et août ne permettront pas de rattraper les pertes de l’avant-saison, seulement de compenser une situation qui aurait pu être, il est vrai, bien plus catastrophique. Hôteliers, restaurateurs et commerçants ont tenu le cap, s’estimant heureux d’être les acteurs d’une destination privilégiée, même si une réelle inquiétude plane sur septembre.
Un démarrage compliqué
Tout commence après le discours présidentiel du 14 juin, annonçant que tous les départements de l’hexagone sont au vert. Un vrai signal pour les Français qui n’ont qu’une envie, prendre l’air ! « Il nous a fallu gérer toutes les réservations en même temps », se rappelle Anne Latour, propriétaire de l’Hôtel L’Océan au Bois-Plage. « Bien sûr je ne me plains pas, c’était positif », ajoutet- elle immédiatement. La réservation, y compris de dernière minute ? Un phénomène déjà à l’oeuvre mais « amplifié par le contexte » pour Elodie Cazenave, gestionnaire de l’Hôtel Le Galion à Saint-Martin.
Du côté de la location de vélos aussi, le discours d’Emmanuel Macron a été un catalyseur. « Il confirmait la possibilité de partir en vacances, ce qui a déclenché beaucoup de réservations pour juin et juillet », confirme le responsable Beach Bike location de vélo sur La Flotte.
Compliqué car pas vraiment significatif en termes de chiffre d’affaires, le mois de juin 2020 a en revanche annoncé un mois de juillet bien plus faste qu’à l’ordinaire.
Un 14 juillet flamboyant
Cette année pas de feu d’artifice. Mais il était ailleurs, sur un port de Saint- Martin noir de monde, sur les pistes cyclables embouteillées, sur les plages et les terrasses des cafés et restaurants. Arrivés régulièrement mais sûrement, vacanciers et visiteurs ont profité pleinement d’un pont du 14 juillet aux allures de pont de l’Ascension.
« Pour nous, Août a démarré à la mi-juillet » expliquent Sandy et Patrice au Bistrot marin, traduisant ainsi une réalité effective : alors qu’il est parfois décevant, le mois de juillet 2020 aura été un très bon cru pour la plupart des professionnels du tourisme. A L’Océan au Bois-Plage, Anne Latour affiche un « +10% par rapport à l’année dernière ». Très bon mois de juillet aussi à l’hôtel Le Galion qui relève « des durées de séjour un peu plus longues qu’à l’habitude » et des clients n’hésitant pas à se faire plaisir. Quant à M. Hilaire de l’Hôtel La Galiote à La Flotte, il considère « non catastrophique » les 85% de CA réalisé en juillet versus 2019.
Et un mois d’août à la hauteur
Le mois d’août ? Bon, lui aussi, mais guère plus que de coutume. Malgré le port du masque redevenu souhaitable puis obligatoire, ce coeur de la haute saison a tenu ses promesses. Côté vélos, les deux premières semaines ont été intenses pour Beach Bike, à tel point que la marque a été en déficit de vélos à louer sur l’ensemble de l’île. Et si le traditionnel 15 août, privé de pont, n’a été finalement qu’un simple week-end, août a tenu les vacanciers dans ses filets jusqu’à sa dernière semaine, y compris des familles avec enfants peu pressées de rentrer. Du côté du Bois-Plage et avec « 98% de remplissage », Anne Latour était de son propre aveu, arrivée au seuil de sa capacité d’accueil.
Des Français bien plus nombreux
Elle était annoncée et la tendance s’est amplement confirmée. Privés de contrées lointaines, les Français en ont profité pour explorer des terres parfois inconnues, les leurs. Et cela vaut pour l’Ile de Ré.
A La Flotte, l’Hôtel La Galiote note « une clientèle française beaucoup plus jeune qu’à l’ordinaire, plutôt des trentenaires CSP+ pouvant s’offrir un séjour familial d’une semaine à l’hôtel, qui partaient plutôt à l’étranger les autres années ». « Nous espérons fortement les avoir de nouveau l’année prochaine », souligne M. Hilaire, satisfait de cette « clientèle agréable, respectueuse et assidue aux gestes barrières ». Même sentiment au Bois-Plage et à l’hôtel l’Océan où Anne Latour a apprécié « une bonne ambiance et des clients sympas qui ont joué le jeu, heureux d’être là ». Quant aux amateurs de vélo, ils étaient à 85 % français chez Beach Bike. Autre présence significative, celle des Belges, venus en nombre pour l’Hôtel Le Galion et Beach Bike.
Ajoutons-y la présence d’Hollandais, d’un peu d’Allemands et d’Anglais, du moins jusqu’aux annonces de Boris Johnson et de la quinzaine, ces derniers ayant déserté les lieux par anticipation ou encore annulé leur futur séjour. Un nuage sombre dans le ciel de la fin d’été rétais.
Inquiétudes pour septembre
Elles sont en partie due à la désertion anglaise, nos amis d’Outre-Manche faisant généralement les beaux jours de septembre, du moins la première quinzaine. Mais c’est surtout le contexte sanitaire rampant qui laisse les professionnels sans visibilité, sur une période d’autant plus importante que la saison 2020 a été amputée.
Pour Anne Latour, les choses sont claires : « je calcule le retard », explique-t-elle « après un -50% en juin », elle craint un « -50% en septembre » qui viendrait plomber les bons résultats de juillet et août. A La Flotte M. Hilaire témoigne d’une grosse inquiétude pour septembre « avec les messages anxiogènes délivrés tout azimut ». Pour lui, la clientèle étrangère ne viendra pas et celle des seniors, très friande du mois de septembre, risque de restreindre ses déplacements car particulièrement sensible au contexte.
Pour Mme Lebon, gérante de la boutique de mobilier et décoration Toko à Saint-Martin, la rentrée s’annonce compliquée. Après un « bon été, finalement normal », elle avoue n’avoir « aucune idée sur septembre ». Mais pour elle l’inquiétude va au-delà. Car elle part habituellement dès la saison achevée en Indonésie ou en Chine, chiner les pièces qui viendront séduire sa clientèle à la prochaine saison. Et là évidemment… La Covid19 n’a décidément pas fini d’étendre son ombre sur nos vies.
Exception à la règle : l’équipe de l’Hôtel Le Galion attend septembre avec une certaine impatience. Il faut dire que l’hôtel se prépare à accueillir tous les journalistes de France TV arrivant dès le dimanche 6 pour couvrir le Tour de France. Mais ça, c’est une autre histoire….
A la fois redoutée et espérée, contrastée et soumise à des évolutions aléatoires, la saison touristique 2020 laissera des souvenirs dans les mémoires. Et si, comme l’a souvent dit le Président de la Communauté de Communes, Lionel Quillet, l’Ile de Ré est une terre résiliente, les jeux ne sont pas faits.
Juillet et août ont fait le plein et heureusement ! Reste qu’un été indien s’étirant jusqu’aux vacances de la Toussaint doublé d’une forme de sérénité sanitaire seraient les bienvenus. Car une fois les comptes faits, n’oublions pas que pour nombre de professionnels rétais, les PGE (Prêts Garantis par l’Etat) seront à rembourser.
Pauline Leriche Rouard
En attendant les vendanges… le bel été d’Uniré
Si la Coopérative a rouvert ses portes au public dès le 11 mai, « il ne s’est rien passé jusqu’au 20 juin » avoue Christophe Barthère
En cause, la restriction des 100 kilomètres et une frilosité à la sortie du confinement. « Puis là, arrivée en masse », poursuit le Directeur d’Uniré dans un sourire, « avec un chiffre d’affaires record le 26 juin ». Un bel élan qui se poursuivra en juillet – + 15% pour la cave coopérative – et en août, doté de même +15% de chiffre d’affaires.
« Moins d’étrangers et beaucoup plus de Français… », les propos de Christophe Barthère font écho à ceux de l’ensemble des acteurs du territoire jusque dans l’analyse : « ça compense mais on ne rattrapera pas le temps perdu ». Une évidence puisque la coopérative est sortie du confinement avec une perte de plus d’un million d’euros.
Le nouveau cellier, fleuron de la Coopérative
Pour autant, Christophe Barthère et Uniré accusent le coup, en partie portés par la « belle réussite » du nouveau cellier qui génère +30% de chiffre d’affaires.
Il faut dire que le vaisseau amiral de la Coopérative rétaise a fière allure avec ses hautes baies vitrées, son bar de dégustation et cet esprit self-service qui convient à une clientèle curieuse découvrir les saveurs du terroir rétais. On peut toujours repartir avec des cartons du vin de son choix mais aussi se contenter d’une ou deux bouteilles. Volumes généreux, lumière et modernité renvoient l’ancien cellier au temps de la préhistoire. Mais attention, celui-ci est en pleine transformation et fera le bonheur des réceptions professionnelles. Un beau projet qui démarre dès la rentrée. A noter également, le succès de l’oenotourisme allant de la visite de la cave à la balade à cheval dans les vignes.
Vendanges prometteuses
Septembre ? « Retour à la météo dépendance », souligne Christophe Barthère qui ne semble néanmoins pas inquiet pour ce mois de rentrée sonnant le temps des vendanges.
Et justement parlons-en : elles devraient démarrer dès le 31 août avec une petite semaine d’avance. Beaucoup de soleil et de vraies pluies arrivées au bon moment annoncent une belle récolte en qualité et quantité.
Rendez-vous est donc pris pour parler un peu plus tard de ce cru 2020.
Pauline Leriche Rouard
Destination Ile de Ré : ne pas se fier aux apparences
Si une analyse fine et complète de la saison touristique 2020 est encore impossible, les premières constatations sur la haute saison dessinent de subtiles nuances sur le paysage touristique de cette année résolument différente. Entretien avec Laurence Bruneteau, Directrice d’Exploitation de la SPL Destination Ile de Ré
Moins de monde en bureaux d’accueil
Le constat est clair : globalement, nos visiteurs ont été beaucoup moins nombreux à franchir les portes des bureaux d’accueil touristiques des villages rétais. Des chiffres significatifs, -60% en juillet et -50% en août, qui peuvent sembler étonnants au regard de la population dont tout le monde a pu constater l’importance. Mais à ce fait, deux raisons majeures comme nous l’explique Laurence Bruneteau.
Le contexte sanitaire
Il a influé sur la fréquentation, certaines personnes, plus sensibles ou prudentes que d’autres ayant sans doute préféré s’éloigner des lieux clos trop fréquentés. Ajoutons à cela un protocole sanitaire contraignant qui a dicté sa loi : pas plus de deux à trois personnes reçues à la fois, de quoi en lasser plus d’un en cas de forte affluence.
Un nouveau fonctionnement
Moins de fréquentation ne signifie pas pour autant moins de visiteurs. Car n’oublions pas que Destination Ile de Ré a aussi inauguré en cette saison 2020 une autre manière de fonctionner. Les nouvelles technologies sont passées par là, sécurisant une information par ailleurs plus performante (cf. Ré à la Hune N°206 du 7 juin et sur www. realahune.fr). Plus de papier dans les bureaux d’accueil pour un tourisme plus responsable qui n’a rien à voir avec le Covid mais se révèle un heureux hasard de calendrier. Et surtout une information personnalisée avec un outil novateur, le Road Book, permettant à chacun de connaître le programme d’animations à distance et en fonction de ses attentes, sans oublier Chat et rendez-vous virtuels.
Ajoutons que dans chaque bureau d’accueil a été affichée une carte des pistes cyclables munie d’un QR Code renvoyant aux divers outils d’information comme le magazine Instants et proposant une balade dans chaque village. L’information téléchargée à portée de smartphone a bien fonctionné.
Moins d’excursionnistes
S’ils sont toujours les bienvenus, les visiteurs à la journée ont été moins nombreux (-6,5% en août), un pourcentage venant corroborer la baisse de passages au pont. Et finalement, ce n’est pas une mauvaise nouvelle si l’on considère que ceux-ci, ne séjournant pas sur l’île, sont forcément moins consommateurs des produits et services rétais.
+ 2,5% en revanche sur les touristes en août, Destination Ile de Ré nommant ainsi les vacanciers séjournant sur le territoire. Quant aux +4% de résidents secondaires ayant sollicité des informations, ils prouvent que les nouveaux outils ont touché une autre cible intéressante.
Qui ?
Sans surprise, + 9% de Français se sont adressés aux bureaux d’accueil du territoire au mois d’août mais également beaucoup de Belges tandis qu’un -5% est enregistré sur la demande anglaise. L’été 2020 aura également été marqué par nombre de réservations à la dernière minute mais aussi des durées de séjours plus longues. Pour le mois de septembre, Laurence Bruneteau estime la tendance « plutôt bonne », nourrie de demande d’hébergements et surtout de beaucoup d’appels visant à rassurer sur le contexte sanitaire, une clientèle que l’on sait plus âgée sur l’arrière-saison. La sécurité, un atout maître pour un territoire par nature fini, jouant d’égal à égal avec l’attrait d’un environnement naturel préservé.
Pauline Leriche Rouard
Le Tour de France : un peu, beaucoup, passionnément ou… pas du tout ?
Il était prévu en juillet, finalement ce sera pour le 8 septembre… Sur fond de bilan touristique, les professionnels ayant encore, la « tête dans le guidon » (expression d’actualité), et à quelques jours maintenant de cette fameuse journée, comment perçoivent-ils l’arrivée de cet évènement sportif mythique ? Que pensent-ils et qu’en attendent-ils ? Si notre attention s’est centrée sur les acteurs de Saint-Martin, d’autres aussi ont leur mot à dire. Quelques témoignages de ressentis sur l’avant, le pendant et l’après. Tout en nuances…
Le 8 septembre : un véritable casse-tête !
Au Bistrot marin et au Marco Polo à Saint-Martin mais aussi à l’hôtel l’Océan au Bois-Plage en passant par la Coopérative viticole rétaise, l’avis est unanime : pour tous ceux qui devront ce jour là travailler, le mardi 8 septembre sera compliqué. Plus qu’un sentiment, une réalité qui a pris corps avec les dernières informations sur les conditions de circulation. Il faut dire que si tout le monde avait enregistré depuis longtemps les aléas de la fermeture du pont, les restrictions intervenant dès 3h du matin autour de Saint-Martin sont un malus supplémentaire. Et surtout, tous ces détails arrivent un peu tard. A l’hôtel L’Océan, Anne Latour annonce que le restaurant sera fermé le mardi midi. « Et je suis en train de booker des chambres pour mon personnel, heureusement que j’ai de la place ! » ajoutet- elle. Car bien sûr, nombre de salariés travaillant sur l’Ile de Ré vivent plus loin, dans d’autres villages ou même sur le continent. « Ils ne se rendent pas bien compte », poursuit Anne Latour, par ailleurs résolument positive sur l’évènement en lui-même.
Chez Uniré, Christophe Barthère se demande encore si l’ouverture est utile, considérant que les visiteurs ne pourront pas circuler librement.
A Saint-Martin, à l’heure où nous interrogeons Lydie au Marco Polo et Sandy au Bistrot Marin, les deux femmes sont encore en attente des informations officielles, distribuées à partir du 26 août à l’ensemble des professionnels martinais. D’où leurs réactions un peu vives. « Aucune visibilité alors que nous devons nous organiser pour les salariés ! » est le credo. Depuis elles ont eu les infos donc la situation a dû s’arranger.
Pas d’attentes particulières
Là aussi le ressenti est général, trop d’interrogations pesant sans doute sur l’importance et la typologie de cette clientèle d’un jour. Pour le Bistrot Marin, la journée du 8 risque « d’en freiner plus d’un ». Entendons par là les Rétais en général, fidèles habitués d’un lieu ouvert à l’année.
Du côté de La Cible qui sera au coeur des animations de l’avenue de la Plage, Denis Chatin n’attend pas grand-chose de plus non plus : « bien sûr, il y aura du monde toute la journée », expliquet- il, « mais pour le restaurant, ce n’est pas vraiment notre clientèle ».
Mêmes doutes chez Toko, où Mme Lebon ne sait pas encore si elle ouvrira boutique, étant « très sceptique » sur cette clientèle de passage.
Il faut aller du côté de l’hôtel Le Galion pour trouver un enthousiasme affiché : « j’ai hâte ! » s’exclame Amélie Teinturier, Business Event Manager. Il faut dire que Le Galion s’apprête à accueillir l’équipe de France Télévisions, une quarantaine de personnes. « Nous allons être au coeur de l’aventure » ajoute Amélie, qui considère comme très important de participer ainsi à la vie du territoire.
Voir plus loin que le 8 septembre
Si nombre de professionnels n’attendent finalement pas grand-chose de cette arrivée d’étape, ils s’accordent aussi sur son exceptionnelle visibilité pour le territoire. Car n’oublions pas que le Tour de France arrive dans le peloton de tête des évènements sportifs les plus médiatisés à travers le monde. Et que sans aucun doute, cette 10ème étape offrira des vues spectaculaires. Une incitation forte pour une nouvelle clientèle d’ici et d’ailleurs, découvrant par écran interposé les beautés du département et de notre île.
C’est en tous cas avec cette vision positive qu’Anne Latour affronte les difficultés d’organisation tout comme Christophe Barthère. « Une seconde Coupe du Monde » résume-t-il non sans une petite pointe d’ironie. Car finalement, les Espagnols ne se sont pas rués en masse sur le territoire. « Ils ont de quoi rester chez eux » ajoute le Directeur d’Uniré dans un sourire, reconnaissant que l’occasion est belle et le Tour de France, un évènement particulièrement suivi.
Du côté de Destination Ile de Ré, Laurence Bruneteau enregistre très peu de demandes d’hébergement en rapport avec l’évènement. En revanche soulignet- elle, « nous avons beaucoup d’appels pour des informations sur la fermeture des routes ou encore les animations prévues ». Gage que le public s’intéresse et qu’il viendra probablement pour une large part de la région.
Pauline Leriche Rouard
Quelles retombées économiques du Tour de France ?
Pour Stéphane Villain, les retombées immédiates en Charente-Maritime sont de l’ordre de 2 ,5 millions d’€, notamment en nuités. L’impact en termes de renommée touristique pour les cinq ans à venir est, lui, inestimable, au sens propre comme au sens figuré
L’investissement du Département et des intercommunalités s’élève à 410 000 €, le jeu en vaut la chandelle tant à court qu’à long terme, pour le président de Charentes Tourisme et « Monsieur vélo » du Département. « Pour Royan, Rochefort, Châtelaillon, La Rochelle et bien sûr les deux îles, cet évènement sportif va permettre de continuer une saison tronquée sur ses trois premiers mois, et bien au-delà du Tour de France, cela va créer un vrai dynamisme ».
Quant à la renommée internationale d’un évènement diffusé auprès de trois milliards de téléspectateurs dans 190 pays, elle est exceptionnelle. D’ailleurs, nombreux sont les territoires faisant des pieds et des mains pour accueillir une étape du Tour de France. Voilà plusieurs années que Dominique Bussereau, président du Département de Charente-Maritime mais aussi de l’Association des Départements de France (cela a dû bien aider, puisque ASO, la société organisatrice du Tour de France, travaille en partenariat étroit avec l’ADF), et Stéphane Villain oeuvrent pour accueillir l’évènement. Le Tour de France traversera 48 communes de Charente-Maritime le 8 septembre et encore 10 communes le 9 septembre. Le littoral sera particulièrement valorisé, d’autant plus si la météo est de la partie, par les images de France 2, les coureurs longeant la côte sur une grande partie de l’étape entre les îles d’Oléron et de Ré. Pour la première fois de son histoire, le Tour de France traversera l’île de Ré, à l’issue d’une étape de 170 kms entre le Château d’Oléron et Saint-Martin de Ré.
Nos îles, terres de vélo, dotées d’un réseau impressionnant de pistes cyclables, ont largement bâti leur réputation sur cette image qui fait rêver des citadins en mal de liberté. Il y a là une vraie cohérence avec l’épreuve reine. Les effets induits du Tour de France, à court et surtout à long terme, sont potentiellement énormes et il aurait été dommage que nos territoires charentais- maritime n’en profitent pas..
Nathalie Vauchez
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