Dominique Bussereau : une vocation pour la vie publique, une passion pour les transports… et pour Tintin
Le président du Conseil départemental quittera ses fonctions le 28 juin prochain. Il revient sur ce qui l’anime et nous parle de ses projets
Dominique Bussereau nous reçoit « à domicile », dans les locaux de la Maison du Département à Saint-Georges de Didonne. Il sort de la pharmacie où il s’est fait tester : « J’étais, il y a quelques jours, avec Jean Castex. Son épouse vient d’être testée positive au Covid. Malgré mon vaccin, je veux être sûr de ne pas être porteur et mettre en danger mes interlocuteurs. Tout va bien ». Le parcours politique détaillé de celui qui a été ministre durant huit ans est connu de nombreux citoyens. Il sera largement commenté à son départ. Mais ce qui pousse un homme sur cette voie, les raisons profondes, les rouages plus intimes, la matière humaine sont moins dévoilés.
« J’ai eu très tôt une véritable vocation pour la vie publique. J’étais en classe de sixième lorsque j’ai dit à mes parents que je serai député ou ministre. Ils doutaient un peu. Plus tard, en 1967, à son grand étonnement, j’ai suivi la soirée électorale des élections législatives avec mon père sur la seule chaîne de l’ORTF. La majorité d’alors n’avait gagné que d’un siège.
En 1968, j’étais élève du Lycée Descartes à Tours. Avec un ami, nous avons créé un journal lycéen « Le puits cartésien ». Puis j’ai fait Hypokhâgne pour préparer mon entrée à Sciences Po Paris, dont je rêvais. Pas loin de là, au 195 Boulevard Saint-Germain, il y avait les bureaux de Valéry Giscard d’Estaing. Il y avait écrit sur la façade : « Centriste. Libéral. Européen. » Je me suis dit que cela me correspondait et je suis entré. Patrick Poivre d’Arvor, qui n’était pas encore le journaliste connu, était Président des Jeunes Républicains Indépendants (qui allaient devenir les Jeunes Giscardiens). C’est lui qui m’a fait prendre ma première carte d’adhésion à un parti politique.
J’hésitais alors entre le journalisme et la politique. J’ai finalement choisi la seconde voie.
Parallèlement, j’ai toujours eu une passion pour les transports. Tout ce qui bouge me fascinait. Je venais d’une famille de cheminots, j’ai donc toujours aimé les trains mais aussi, les bateaux, les avions, les transports publics. J’ai eu le bonheur d’avoir durant cinq ans un poste gouvernemental aux Transports. C’est assez rare d’avoir un portefeuille dans un secteur que l’on aime profondément. J’ai fait également un passage au Ministère du Budget et Jacques Chirac m’a confié le Ministère qui lui tenait à coeur, celui de l’Agriculture. J’ai également beaucoup oeuvré pour la Charente- Maritime. Je suis Conseiller de ce Département depuis 1985 et je le préside depuis 2008. Depuis 2015 je préside l’Association des Départements de France.
Je pense que la majorité départementale va se maintenir lors du scrutin des 20 et 27 juin. Nous pouvons même gagner quelques cantons. C’est le résultat du travail accompli. En cas de victoire, deux candidats de valeur se sont déclarés pour me succéder. Je n’ai pas de position à prendre à ce sujet. Les futurs élus feront leur choix en toute démocratie.
Mon avenir personnel est déjà tracé. J’ai deux enfants, à Genève et à Rome. J’ai des petits enfants dont ma femme et moi allons profiter. Genève et Rome, ce n’est pas mal comme destinations… Je me partagerai entre Saint-Georges de Didonne qui est mon domicile, Paris où je donne des cours à Sciences-Po et HEC, après y avoir étudié et Marseille où je vais régulièrement, étant administrateur de la Compagnie Maritime CMA-CGM.
Sur un autre plan, j’ai fait savoir à Olivier Pagezy, le Président de l’Association « Hermione-La Fayette » que je souhaitais m’investir auprès d’eux, de la manière qu’ils jugeront la meilleure.
J’ai fait la même proposition à Pierre Verger, Président de l’association « Trains et Traction » qui gère le « Train des Mouettes » de Saujon à La Tremblade. Vous voyez que je ne quitte pas le monde des transports. Quels qu’ils soient.
Je suis aussi Vice- Président de la Fondation Valéry Giscard d’Estaing, présidée par Louis, l’un des fils du Président. Avec Hubert Védrines, qui est un ami et qui préside la Fondation François Mitterrand, nous avons l’envie de faire travailler ensemble les Fondations Mémorielles, de Charles de Gaulle à Valéry Giscard d’Estaing, sur des thèmes qui permettent une réunion au-delà des parcours politiques des uns et des autres.
Ma retraite politique ne sera pas faite que de repos et de passion, puisque je conserve une activité de Conseil en Entreprises.
Au milieu de tout cela, je garde encore du temps pour la lecture. Je suis un gros lecteur et je lis toujours plusieurs livres en même temps avec une préférence pour les livres historiques et les biographies. Je suis en train de terminer une biographie du Général de Gaulle par un auteur anglais qui a eu accès à des archives américaines et à celles de Churchill. Un pavé de mille pages extraordinaire. Je lis également un livre documentaire sur les aviateurs, de toutes les armées, abattus durant la seconde guerre mondiale.
Et puis, bien sûr, j’ai ma passion intacte pour les BD de « Tintin ». A une époque où l’on voyageait peu, Tintin nous faisait découvrir le monde. J’ai donc développé cet engouement que j’ai fait partager à l’Assemblée Nationale en créant « le club des parlementaires tintinophiles ». Le tiers des élus y ont adhéré. Nous avons organisé des conférences totalement humoristiques sur « Tintin est-il de gauche ou de droite » où cent journalistes internationaux ont participé avec nous et où Laurent Fabius, alors Président de l’Assemblée, a autorisé exceptionnellement la présence d’un chien anglais sosie de Milou (car les chiens sont formellement interdits dans l’enceinte parlementaire). Une conférence, aussi, sur « Le risque de guerre entre la Bordurie et la Syldavie », avec des ambassadeurs, l’ex chef d’Etat Major des Armées et d’autres…. Nous avons fait de la politique sérieusement en gardant notre sens de l’humour… »
Ecce Homo : Voici l’homme, en dehors de l’hémicycle et des palais de la République. Une vie consacrée à la bonne marche des affaires publiques. Un parcours destiné à comprendre les enjeux de son temps et à servir au mieux l’intérêt général en gardant ses convictions intimes.
Dominique Bussereau est aujourd’hui un homme libéré des contraintes, passionné par le monde… et disponible pour luimême… enfin.
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