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Devoir de mémoire pour naufrage meurtrier
Mardi 25 février. Un souffle de solennité passe sur l’ancre posée en souvenir du Cristina Rueda, à l’orée de la plaine de jeux des Gollandières.

Tragédie maritime
Dimanche 22 février 1925. Immatriculé à Bilbao, le Cristina Rueda quitte le port de Paimboeuf direction l’Espagne. A son bord, dix-neuf marins, leur capitaine et un chargement de mille huit cent cinquante tonnes de superphosphates, soit des engrais. Rien ne laisse présager du pire et pourtant…
Lundi 23 février début de soirée. Au large de la pointe nord de l’Île de Ré, une tempête s’est levée et sous la pression du vent, le Cristina Rueda perd son gouvernail. Devenu impossible à diriger, il dérive, emporté vers la côte et ses rochers entre Le Bois et La Couarde. En pleine nuit et sous les assauts d’un océan déchaîné, les membres de l’équipage se battent pour survivre. Des deux canots de sauvetage mis à l’eau, un seul parvient jusqu’au rivage.
Mardi 24 février. Au matin, les secours s’organisent sur terre, les stations de sauvetage de La Pallice, La Rochelle et Ré prévenues, tandis que pêcheurs et habitants du Bois tentent de porter secours aux marins réfugiés sur des embarcations de fortune. Mais le sort va s’acharner aussi sur les sauveteurs et le Cristina Rueda semble perdu.
Mercredi 25 février. Signe de vie, des lumières ont été observées sur la coque du cargo et une ultime tentative est lancée. Le bateau de sauvetage “Commandant Viort” de La Rochelle prend la mer sous des éléments toujours en furie, filant vers un destin funeste. Face à une vague énorme, il se retourne et ne se redressera pas. C’est un deuxième naufrage.
Le bilan de ces trois jours d’enfer est lourd : dix-neuf morts, quatorze marins du Cristina Rueda et cinq sur les huit embarqués sur le bateau de sauvetage rochelais.
Cent ans plus tard
Mardi 25 février 2025. Le vent souffle sur les Gollandières mais le ciel est bleu et limpide. Devant l’une des ancres du Cristina Rueda, le maire du Bois, Gérard Juin, et le maire de Saint-Martin, Patrice Déchelette, entourent Philippe Malpiece, Laurent Moello et Yannick Le Britz, élus de la commune de Port-Louis (Morbihan) d’où étaient originaires des volontaires sauveteurs disparus. Présents également, des équipiers de la SNSM de La Rochelle et de l’Île de Ré ainsi que Thierry Dimét, président de la SNSM Pays de Lorient et descendant de Joachim Huel, volontaire recruté sur le port rochelais et décédé dans le naufrage du “Commandant Viort”.
Il s’agit ce matin de devoir de mémoire mais aussi d’hommage à tous ceux qui, aujourd’hui comme hier, n’hésitent pas à mettre leur vie en péril et à la sacrifier si nécessaire, pour en sauver d’autres. « C’est important de se souvenir mais aussi de montrer de la reconnaissance envers ceux qui sauvent », insiste Gérard Juin avant d’ajouter que cet anniversaire est aussi une occasion de raconter et « Je ne suis pas sûr que tout le monde sache à quoi correspond cette ancre », estime-t-il, même si une plaque initiée par la CdC a amélioré l’information.
Après un dépôt de gerbe et une minute de silence, les élus bretons et rétais dévoilent ensemble une plaque au nom de l’impasse Cristina Rueda. Enrichie de quelques lignes de contexte, elle viendra remplacer celle existant déjà non loin de là. Pour savoir et ne jamais oublier qu’une nuit, au large de nos belles plages, une mer cruelle et insatiable a emporté des vies.
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