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« Le développement agricole passe par le financement environnemental »
Afin de prévoir et appréhender au mieux le Plan Local d’Urbanisme Intercommunal, le Comité Intercommunal de Gestion de l’Agriculture et de l’Environnement (CIGALE) a été lancé par la Communauté de Communes en 2015 et s’est réuni pour la seconde fois le 10 mars dernier.
Le croisement du diagnostic agricole réalisé et des enjeux environnementaux identifiés au travers d’inventaires exhaustifs du patrimoine naturel doit permettre de définir les zones d’extension agricole, de coordonner le développement agricole souhaité en s’assurant de sa compatibilité avec la préservation des habitats naturels et espèces rares de faune et de flore.
Près de 200 hectares de friches agricoles seraient remis en culture
Ainsi les friches agricoles inventoriées représentent une surface de 535 hectares, dont 316 ha (59 %) non boisées. Les agriculteurs ont été invités à identifier les parcelles de friches non boisées à remettre en culture, en indiquant la culture souhaitée. 29 exploitants sur les 84 invités ont exprimé leurs besoins sur 199 hectares, majoritairement en vignes, soit 65 % des surfaces en friches non boisées. 53 % des surfaces demandées se situent à Sainte-Marie (105 ha), 10 % à La Couarde, 9 % à La Flotte, 9 % à Saint-Martin… La CdC prévoiera ainsi 300 hectares, dans le PLUi, la marge de 100 ha permettra de pouvoir satisfaire de futures demandes.
Des inventaires exhaustifs de la flore et de la faune patrimoniales
En parallèle, six inventaires ont été menés par six bureaux d’études (budget de 400 K€) qui ont recensé certaines espèces extrêmement rares. Sur 59 habitats naturels recensés, 41 sont considérés comme patrimoniaux. La flore patrimoniale compte 13 espèces à enjeu majeur et 7 espèces à enjeu fort. Côté oiseaux, pour 6 espèces, l’île de Ré est un site d’importance internationale et 56 espèces migratrices ont été recensées, ainsi que 97 espèces nicheuses (dont 18 menacées).
Côté papillons, 41 espèces existent sur l’île de Ré, dont 9 présentent un intérêt patrimonial, tandis que 11 espèces de libellules, sur les 28 inventoriées, présentent un intérêt patrimonial. Les amphibiens (4/7 espèces ayant un intérêt patrimonial, les reptiles (1/4), les chauves-souris (8 espèces) et les hérissons (dont le hérisson d’Europe) n’ont pas non plus échappé aux observateurs.
Le suivi de cet inventaire sera confié aux associations naturalistes de l’île de Ré : Ré Nature Environnement et la LPO, qui le feront bénévolement.
Des enjeux environnementaux forts
Le classement progressif de l’île de Ré entre 1930 et 1952, et les interventions des acteurs fonciers, font qu’aujourd’hui 1130 hectares ont été préemptés. Depuis les années 1970, le Département a instauré, en accord avec les communes, des zones de préemption au titre des Espaces Naturels Sensibles qui représentent près de 5000 ha, dans lesquelles il est propriétaire de 480 ha. De son côté, le Conservatoire du Littoral a engagé un programme d’acquisition sur 6 périmètres, où il est propriétaire de près de 650 ha.
Le Président de la CdC, Lionel Quillet, a proposé de changer le système actuel d’attribution des terrains, quelque peu arbitraire ou du moins « de tradition orale », en créant une Commission d’attribution pluri-paritaire où siègeront les élus de la CdC et des communes, le Conservatoire du littoral, le Département, ainsi que les professionnels gestionnaires. Des critères d’attribution objectifs seront définis dans le cadre d’une politique définie par le territoire. Le Conservatoire du Littoral a reçu favorablement cette suggestion, d’autant plus que ce type de démarche est déjà en vigueur ailleurs.
Croisement des demandes agricoles et des enjeux environnementaux
Sur les 199 hectares demandés, 70 % (138 ha) présentent des enjeux environnementaux faibles ou nuls et selon les communes, la proportion de parcelles demandées sans enjeux varie de 54 % à 100 %, à l’exception des Portes et de La Flotte. A contrario 30 % (61 ha) présentent des enjeux moyens (24 %) ou forts (7 %).
Les enjeux moyens sont liés à des habitats naturels fragiles, assez rares ou abritant des espèces à préserver. Après examen au cas par cas, des pratiques culturales compatibles avec leur conservation pourraient être étudiées. Les enjeux forts concernent des habitats naturels rares, parfois à l’échelle européenne : la mise en culture, quels que soient les modes culturaux, entraînerait la destruction de ceux-ci. Ces 7 % de surfaces feront l’objet d’une vigilance extrême. Aussi lors du Comité Cigale, la CdC a demandé aux Agriculteurs s’ils maintiennent leurs demandes sur ces 14 ha à enjeux forts, ou s’ils peuvent envisager d’autres sites.
Des Assises agricoles au printemps
Lionel Quillet a incité plus largement les professionnels rétais à organiser dès ce printemps des « Assises agricoles », qui leur permettraient de définir leurs orientations de long terme. Le Bio est selon lui en plein développement, la vigne présente une qualité de rendement importante, la pomme de terre est cultivée sur une surface insuffisante, les démarches de « confusion sexuelle » et autres pratiques environnementales initiées par la profession sont intéressantes… Bref, La CdC souhaite que la profession agricole définisse rapidement ses orientations, afin de les intégrer dans le PLUI.
La Collectivité réfléchit de son côté à la mutualisation de bâtiments. Jusqu’ici de tels hangars agricoles sont d’initiatives communales (Sainte- Marie, Loix, Rivedoux, La Flotte), mais les Maires veulent aller vers une mutualisation. Or dans le cadre du droit européen, l’aide directe ou indirecte à l’agriculture est proscrite, et la Loi NOTRe précise qu’aucune aide aux Entreprises n’est possible. La CdC de l’île de Ré n’a pas non plus la compétence agricole. Mais elle a pris les compétences en aménagement foncier, ainsi qu’en matières économique et environnementale…
« Nous étudions comment amener nos aides financières non pas par le biais économique mais par le biais environnemental, comme par exemple nous l’avons fait avec le creusement des marais salants et l’entretien des réseaux hydrauliques, qui constituent un soutien précieux pour les sauniers » explique Lionel Quillet. « Le développement agricole passe par le financement environnemental et par le foncier environnemental, la logique politique doit faciliter la logique économique ».
Ainsi, si le développement agricole doit se faire en totale compatibilité avec la préservation environnementale de l’île de Ré, et notamment de sa faune et de sa flore remarquables, c’est aussi dans le cadre d’une politique environnementale volontariste que la profession agricole rétaise pourra être soutenue par la Collectivité !
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