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- Travaux d’urgence suite aux dégâts liés à la tempête
Désormais, la dune vaut digue
Les derniers coups de vent de sud/sud-ouest enregistrés du 1er au 6 janvier 2014 ont occasionné d’importants dégâts sur les dunes et falaises de l’ensemble du littoral charentais-maritime. Même si l’on ne déplore pas de dégâts humains mais seulement des conséquences paysagères, c’est tout le trait de côte charentais-maritime qui a été impacté par les assauts de la houle, et certains points plus particulièrement que d’autres comme à Royan, La Palmyre, Yves, Fouras, et dans les îles d’Aix, Oléron et Ré.
Dans l’île de Ré, 13 points d’impact ont été recensés, notamment à La Couarde, entre le Peu Ragot et La Pergola, où l’érosion est très significative. Elle se traduit par un recul sur plus d’une quinzaine de mètres du pied de dune, donnant à celle-ci une allure de falaise haute de quatre à cinq mètres. Outre le sapement spectaculaire du cordon dunaire, l’estran sableux a également été victime quant à lui d’un dégraissement sur une épaisseur d’environ deux mètres.
« Nos dunes sont nos digues. »
Pour Patrick Rayton, maire de La Couarde, « ça suffit ! Voilà plus de dix ans que l’on intervient à coups de rechargements en sable, de poses de géotextiles, de boudins sensés renforcer le pied de dune, etc., alors qu’il suffit d’une tempête hivernale classique avec une houle de 4 à 6 mètres arrivant sur de forts coefficients de marée pour que tout soit détruit, pour que tout explose, pour que des centaines de milliers de mètres cube de sable disparaissent. C’est décourageant. On a vraiment le sentiment d’avoir jeté l’argent par les fenêtres. Là où le cordon dunaire n’a pas reculé, c’est dans les secteurs, comme celui de la plage des Anneries, où, l’an passé, les services de l’État nous ont exceptionnellement autorisés à mettre en place un enrochement fait de blocs de diorite. Et tout le monde peut en juger, ça a tenu. C’est pourquoi, avec ce qui s’est passé ces jours derniers et ce qui risque de se produire à nouveau avec les forts coefficients attendus les 31 janvier (111), 1er, 2, 3 et 4 février (jusqu’à 114), j’en appelle de nouveau à l’État, en demandant un arrêté de péril à la préfecture.
Sans sa dune, c’est tout le village de La Couarde qui est menacé de submersion marine. Nos dunes, sur cette côte sud, ce sont nos digues. Et dans l’immédiat, la seule solution pour les protéger et les maintenir en l’état, c’est l’enrochement ».
Sept communes rétaises concernées
À La Couarde, commune la plus meurtrie, outre les 350 mètres fortement impactés du Peu Ragot, la dune au niveau du Moulin Brûlé a également subi de graves dommages, et un léger glissement de l’enrochement dans le secteur des Anneries est à reprendre.
À Saint-Clément, une brèche dans la digue des Doreaux a été signalée et 166 mètres de dune ont été affectés à la Pyramide. Quant à la Conche, la dune a reculé de façon très inégale sur plus de 2000 mètres. Un retrait notamment spectaculaire au droit du pas Zanuck du fait de l’effet Venturi créé par la proximité des blockhaus.
Aux Portes, le recul moyen est de l’ordre de 1 à 2 mètres. À Ars, l’érosion constatée au Martray nord est inquiétant du fait de la proximité de la RD 735.
À Loix, bien que située sur la côte nord, la commune a été confrontée au retour de la baie de l’Aiguillon.
Au Grouin, la falaise a reculé d’un bon mètre, et la digue nord a subi un ravinement par l’arrière.
Faire en devançant les autorisations
Pour Lionel Quillet, « on ne peut plus attendre maintenant que les fusibles ont sauté. Il faut intervenir, et vite, ce qui veut dire avant les prochaines grandes marées de la fin du mois et de début février.
Intervenir comment ? Bien en posant un type de protection qui a fait ses preuves : des enrochements. Comme nous allons intervenir sur le domaine public maritime et sur celui de l’ONF (Office national des forêts), les dunes, chaque collectivité victime du phénomène se doit de faire sa demande d’autorisation auprès des services concernés.
Le niveau critique ayant été constaté, les enjeux identifiés, et madame la préfète ayant verbalement approuvé la nécessité d’intervenir rapidement là où le risque est important, élus et Conseil général ont décidé, compte tenu de l’urgence, de ne pas attendre les réponses pour démarrer les travaux !
Il s’agit là d’une décision très importante puisqu’elle risque de remettre en question la doctrine nationale qui stipulait : pas d’intervention sur les dunes et les falaises lesquelles relèvent du domaine dit de “l’éolien”, c’est-à-dire d’un milieu régit par des phénomènes naturels. Seul l’anthropique était pris en considération, c’est-à-dire les digues ».
Deux millions d’euros octroyés à l’île de Ré
Pour ces travaux qui ont démarré jeudi 9 janvier à La Palmyre, dans l’Anse nord de Fouras et à La Perroche à Dolus d’Oléron, et lundi 13 janvier 2014 pour les 17 autres points du littoral impactés, le Conseil général se propose de participer à hauteur de 50 % au coût total des travaux évalués à 4 millions d’euros. Les autres 50 % étant à la charge de la collectivité afférente. Toutefois, une demande de leur cofinancement a été adressée aux services de l’État, propriétaires des différents sites d’intervention.
Dans l’île de Ré, lundi 13 janvier, sous maîtrise d’ouvrage Communauté de Communes et Conseil général, c’est au Moulin Brûlé et au Peu Ragot que les travaux ont démarré, avec un reprofilage du pied de dune. Dans un deuxième temps, il conviendra en creusant sur 1 à 2 mètres, de façon à atteindre le bed-rock (la banche calcaire), de créer le pied d’enrochement à une quinzaine de mètres en avant de la dune. Puis une fois les blocs de diorite de 2/3 tonnes bien ancrés, le vide situé entre l’enrochement et la dune érodée sera comblé avant un ultime reprofilage, cela afin de redonner à la dune courant mars 2014 son ancienne morphologie.
Voir notre article consacré au fait que les plages, non seulement érodées, ont été largement souillées de déchets
Voir l’article consacré au début des travaux sur les dunes et la vidéo.
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