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Des arbitrages incompréhensibles et contradictoires…
Devant la lenteur des procédures administratives préalables au démarrage des travaux de digues de niveau 3, Lionel Quillet avait tiré la sonnette d’alarme en Assemblée plénière du Conseil général. La Ministre de l’Environnement Delphine Batho a ainsi reçu le Président du Conseil général de Charente-Maritime, Dominique Bussereau, accompagné du Président de la Mission Littoral, Lionel Quillet, à la fin janvier 2013.
Ces derniers ont demandé à la Ministre de bien vouloir examiner comment resserrer dans le temps une procédure horriblement complexe, évaluée aujourd’hui entre 40 et 48 mois, entre la date de labellisation des PAPI et le démarrage des travaux. En suggérant soit qu’un « Monsieur Digues » soit nommé et vienne sur le terrain accompagner et accélérer ce processus, soit que la Ministre intervienne directement auprès de ses services pour « compacter la procédure ». Celle-ci est toute nouvelle, et est donc expérimentée en « live » par les Collectivités sur les Bassins de Risque qui ont obtenu les premières labellisations, dont fait partie l’île de Ré.
Certes, l’accueil au Ministère fut cordial et le dialogue professionnel. Bien sûr, le sujet n’est pas politique et Lionel Quillet agit tous azimuts aussi bien auprès de la Région et du Conseil général, que du Député et de la Ministre. Ou encore, « personne n’est en cause » car il s’agit d’essuyer les plâtres d’une procédure nouvelle. Enfin, il ne s’agit pas d’un problème de financement puisque la labellisation des PAPI implique de facto que les fonds sont disponibles… Quoique, sur ce dernier point il n’est pas exclu que l’on ait in fine quelques surprises, c’était en tout cas une hypothèse évoquée il y a encore quelques mois. Le fond du problème est toutefois bien ailleurs. La mise en place de cette procédure traduit des contradictions ou au moins des arbitrages de la « machine de l’État » pour le moins surprenants, alors qu’en Charente-Maritime 5 PAPI ont déjà été labellisés et 2 devraient l’être, pour un montant de travaux de 145 millions d’euros, financés conjointement par l’État (Fonds Barnier, 40 %), le Département, la Région et les collectivités intercommunales (20 % chacun). La Commission Mixte Inondation (qui labellise les PAPI) s’est d’ailleurs elle-même étonnée que les travaux de digues labellisés n’aient pas encore démarré !
Sécurité des personnes et environnement
En premier lieu, l’arbitrage entre sécurité et environnement se fait manifestement en faveur de l’environnement, puisque le démarrage des travaux de digues de niveau 3 est conditionné à une longue procédure environnementale (d’une durée de 4 ans !), alors que l’ensemble du dossier technique et de sécurité est validé par la labellisation PAPI. Partant du principe que l’on n’est plus en situation de péril et donc plus dans l’ « urgence » (sic), contrairement aux phases de niveaux 1 et 2. Alors qu’au lendemain de Xynthia le Principe de Précaution avait prévalu de façon « extrémiste » (cf les zonages faits en « 48 h »), et qu’aujourd’hui les PPRL (Plans de prévention des risques littoraux) en cours d’élaboration appréhendent les risques de submersion de façon extrêmement « conservatrice », l’environnement prévaut sur la sécurité pour lancer les travaux de digues, rattachées au Ministère de l’écologie.
Une autre contradiction majeure de la « machine état » concerne justement ces PPRL qui avancent bien plus vite que les procédures des digues et sans passer eux par la case « procédures environnementales ». Or prétendre finaliser des PPRL sans intégrer dans la réflexion et dans les modélisations les travaux de digues prévus paraît assez intenable et irréaliste au regard des conséquences de ces PPRL en matière d’inconstructibilité… et des sommes engagées au travers des PAPI.
Enfin, si un Xynthia bis survenait demain, qui serait responsable pénalement des nouveaux drames humains ? Les Maires dans le cadre du Plan Communal de Sauvegarde ? Le Conseil général, maître d’ouvrage des digues ? La CdC responsable de l’entretien des digues ? Ou encore l’État parce que les travaux de digues de niveau 3 n’auront pas été faits ? Bien malin aujourd’hui qui pourrait répondre à une telle question, tant les responsabilités sont mal définies.
Il est des « raisons d’État » assez incompréhensibles pour les populations, et la meilleure pédagogie du monde n’y pourrait sans doute pas grand-chose.
NV
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La dune du Peu des Hommes consolidée
Mi-décembre sous l’effet conjugué des forts coefficients de marée et d’une mini-tempête, la dune du Peu des Hommes a été frappée de plein fouet et a reculé de 8 mètres. Au bout du parking de la Pergola, à La Couarde, on a pu constater l’implacable érosion. Tout le sable est parti, ne restaient alors à nu que les gros pieux plantés là il y a des années, comme cela se faisait pour retenir le sable. En tête de dune, la bande n’a plus que de quatre mètres d’épaisseur. Et derrière, c’est le village. Alertée par le maire, Patrick Rayton, le Préfet, Béatrice Abovillier, a signé un arrêté de péril. Il s’agit là d’une procédure tout à fait exceptionnelle, considérant que biens et personnes pouvaient être en danger.
« De mémoire, ce doit être le premier arrêté de péril prononcé en Charente- Maritime » souligne Lionel Quillet, président de la CDC. À cet endroit, la dune fait office de dune-digue. Fin janvier et début février, 62 mètres ont été consolidés par des enrochements. D’autant que de forts coefficients de marée sont attendus mi et fin févier ainsi que mi-mars. Ces travaux coûtent 86 000 €, financés à part égale par le Conseil général et la CDC. Il est à noter que les travaux de dunes ne rentrent pas dans le PAPI (Plan d’Actions de Prévention des inondations) labellisé par l’État. Ils sont soumis à des autorisations spécifiques. C’est ainsi que pour la dune du Peu Ragot, à droite, une consolidation est aussi envisagée. À cet endroit, l’épaisseur de dune est encore importante. Un dossier est cours d’élaboration pour validation avant de lancer la suite des travaux. Entre urgence et autorisation, le début des travaux est espéré pour juin. Le problème est identique pour la Conche des Baleines.
MB
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Timides débuts de travaux à la Conche des Baleines
La Conche des Baleines comme la plage du Peu Ragot ou celle du Peu des Hommes n’est pas intégrée dans le PAPI. Selon l’État, il n’y a pas de risque à la personne en cause, et c’est au propriétaire de défendre le terrain. Pourtant lorsque l’on se tient debout à côté de la Pyramide, dos tourné à la mer, on voit à travers les branches des arbres les premières maisons qui sont habitées ainsi que le Camping Ré Soleil. Le Gillieux est juste derrière. C’est l’ONF (Office National de Forêts) qui possède la dune et doit défendre son terrain, mais il est peu probable qu’il ait les moyens financiers d’intervenir, c’est pourquoi Lionel Quillet envisage de proposer à l’ONF de financer les travaux.
À la Conche des Baleines, le littoral a reculé de 50 mètres en un demi-siècle, dont une dizaine de mètres après le passage de Xynthia et pratiquement autant depuis avec les tempêtes de décembre dernier. Le phénomène tend donc à s’accélérer. La descente à bateau est impraticable, les épis qui protègent la dune ont été détruits en grande partie, le chemin piétonnier s’est écroulé, les blockhaus qui se trouvaient autrefois dans la verdure ont été rattrapés par le sable, le cordon dunaire faisant office de digue se réduit à 15 m d’épaisseur et le bord de la route départementale 101 n’est plus qu’à 60 m du rivage.
La municipalité, l’association AVSCB et la population du nord de l’île se sont émues de cet état de fait d’autant que de forts coefficients de marées sont attendus en 2013. La municipalité a adressé un mail de désespoir au président de la CdC et à Mme le Préfet le 31 décembre. Lionel Quillet, alerté, a soutenu Gilles Duval dans ses discussions avec la préfecture. La réfection des épis a commencé en janvier à la suite de la réunion sur le site le 7 janvier avec la CdC et la préfecture. Le 24 janvier des équipes de la DREAL, DDTM et de la préfecture sont venues apprécier s’il était possible de déclarer un arrêté de péril. Ce qui n’a pas été le cas. Le Conseil général et la préfecture ont mis à l’étude le renfort de cette zone entre la Pyramide et la descente à bateau. L’étude devrait aboutir courant mars et ses conclusions sur les types de travaux à réaliser passer en commission des sites. Si un accord est obtenu, les travaux devraient intervenir à la suite, en juin, sur une centaine de mètres.
La descente à bateaux quant à elle est du ressort de la commune. Elle est complètement cassée, mais si la commune la fait réparer avant que les autres travaux ne soient effectués, tout sera à refaire. Au-delà des formalités administratives, on a le sentiment que le fond du problème est le financement des travaux nécessaires et que l’on joue à qui ne veut (ou plutôt ne peut) pas payer.
CB
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