- Loisirs
- Saga familiale
Derrière le spectacle, une vie de labeur
Dans le nord de l’île, la famille Baudu perpétue l’esprit forain continuant à distraire petits et grands de manière traditionnelle.
Il existe dans l’île de Ré une famille dont l’origine remonte aux premiers spectacles des grandes foires commerciales du Moyen-Age. C’est en tout cas ce que racontait l’arrière grand-mère Simone à ses enfants et c’est tout à fait plausible, du côté de ses ascendants en tout cas. Confiseuse, fabricant elle-même les friandises qu’elle vendait, elle accompagnait son mari André qui possédait un manège de chevaux de bois. Ce sont les descendants de leur fils, également prénommé André, que l’on rencontre dans le nord de l’île. Et pourtant, ils ont failli abandonner cette vie de bohême, qui leur convient si bien.
André, le fils donc, venu pour une saison dans l’île, en 1954, rencontre Claudine et tombe amoureux de la belle Couardaise. Ils se marient et s’en vont, avec leur manège, sillonner la région Poitou-Charentes, parfois plus loin, se posant de fête en fête. Ils auront quatre enfants : Béatrice, décédée en 2010, et trois fils : Tony, Pascal et Dominique. Assez rapidement l’obligation de scolariser cette petite famille se fera sentir. Ils arrêteront alors le métier de forain et se sédentariseront, en 1967, dans l’île de Ré, à La Couarde, fief familial de Claudine. André deviendra maçon et Claudine fera des saisons, aussi bien dans les vignes que dans les parcs à huîtres, des boulots rudes ne rapportant pas beaucoup. Le couple fait l’expérience d’une vie sédentaire, travaillant dur « chez les autres », mais André reste fidèle à ses traditions et rebelle dans l’âme.
Une histoire de famille
Les enfants grandissant, Tony et Pascal s’intéressent à la mécanique, puis Pascal monte à Paris où il devient chauffeur-livreur pendant que Tony vend du linge de maison sur les marchés et que Dominique effectue des saisons dans un camping. Pascal, victime de sérieux problème de dos, dont il souffre encore aujourd’hui, abandonne sa profession et se prépare à reprendre son activité de forain. Autant dire qu’il repart de zéro. Il entreprend la construction d’un manège. Ce sera un Carrousel 1900 classique, comme ceux de son père que l’on appelait aussi manèges de chevaux de bois. Un cousin lui prête main forte pour le premier. Ils vont écrémer les brocantes aux alentours de Paris et dans les campagnes pour dénicher des pièces d’époque qu’ils restaurent. Voitures, vélos, avions, tous ces « sujets » datant des années 30 à 60 viennent côtoyer les chevaux de bois. Un premier manège est remonté, puis un deuxième. Une attention particulière est apportée à la décoration, qui va s’adapter à l’implantation dans l’île et des paysages de La Couarde et de Loix fleurissent aux frontons des manèges.
Chez les forains, tout est une histoire de famille et après la construction du deuxième Carrousel, les frères de Pascal le rejoignent et vers l’année 2000, la fratrie est à nouveau rassemblée autour de leur mère Claudine, dans le nord de l’île où plusieurs mairies ont sollicité la présence de leurs manèges. Aujourd’hui, la famille Baudu possède six manèges dont quatre se retrouvent en saison aux Portes, à Loix, Ars et La Couarde pour le plus grand plaisir des enfants. Les manèges sont accompagnés de remorques vendant de la confiserie. Charlotte, l’une des deux filles de Pascal, a opté, elle aussi, pour cette vie de forain et comme ses grand-mère et arrière grand-mère, elle est confiseuse (mais pas seulement, elle s’occupe aussi de la communication) et vend les churros, barbe-à-papa, crêpes et gaufres… sans lesquels il n’y aurait pas vraiment de fête. Les remorques se déplacent beaucoup, car elles participent à de nombreux événements. Adrien, le compagnon de Charlotte, bien qu’il ne soit pas forain à l’origine, s’est intégré à cette vie très particulière et apporte son aide. Cet espace de liberté, cette vie où l’on « travaille pour soi » l’ont séduit et il se sent parfaitement à l’aise dans ce monde où « la parole vaut l’homme ou l’homme ne vaut rien. »
L’hiver reste la période durant laquelle on entretient et restaure les manèges. Outre la mécanique, totalement révisée, chaque année, les décorations sont soigneusement repeintes de façon à toujours avoir l’air fraîches et pimpantes lorsque les manèges ressortent au printemps. C’est une période statique que tous n’apprécient pas forcément, mais qui est indispensable. C’est également la saison où la famille développe sa seconde activité, la location, dans le Grand Ouest et si nécessaire plus loin, exploitant ses deux autres Carrousel, dont l’un est sur roulettes, pour se déplacer plus facilement. Les manèges sont loués à des particuliers pour des fêtes familiales, des réceptions ou à des professionnels dans les centres commerciaux.
Ils seront de retour pour Noël. Dominique sera présent à Loix, sur la place sur marché pendant toutes les vacances et Pascal vous attendra à Ars, sur la place de l’église la deuxième semaine.
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