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Le Député Falorni fait des préconisations à la suite de sa visite impromptue à la maison centrale
Le Député Olivier Falorni, en tant que secrétaire de la commission d’enquête sur la surveillance des filières et des individus djihadistes créée le 3 décembre 2014, se préoccupe de la montée de l’islamisme radical en milieu carcéral.
C’est dans la continuité de ses travaux au sein de la commission et au regard de l’article 719 du Code de procédure pénale qu’il s’est rendu de façon impromptue à la maison centrale de Saint-Martin de Ré, le 2 octobre dernier, constituée de la Citadelle et de la Caserne, dans laquelle se situent les préfabriqués baptisés « casinos ». Semble-t-il sur suggestion des délégués FO. L’objet de sa visite consistait d’une part à souligner le difficile travail qu’exercent les agents pénitentiaires, et d’autre part à s’assurer qu’aucun lieu de la caserne ne soit une zone de non-droit où les surveillants ne pourraient intervenir.
Les « casinos » sont des « no man’s land »
Constatant qu’il n’existe pas de quartier réservé aux individus radicalisés à Saint-Martin, le Député s’est ensuite déplacé à l’extérieur, sur l’espace de promenade qui comporte un terrain de football enherbé, un terrain multisports en enrobé, une salle de musculation et deux « casinos ». En dehors du travail, des activités éducatives, socio-culturelles et sportives, les détenus de la Caserne peuvent passer du temps dans les « casinos », qui autrefois abritaient les lieux d’audience, puis la bibliothèque. Ces sept casinos fonctionnent selon des affinités ou le plus souvent de communautés : Musulmans, Haïtiens, Basques, etc.
Le Député a découvert dans le « casino » occupé par les Musulmans, une affiche à caractère islamiste que le surveillant a arrachée, entendu de fortes préoccupations face à la montée de l’islam radical et appris que ce « casino » fait régulièrement office de mosquée clandestine salafiste malgré la vigilance des gardiens. Certains détenus sans confession religieuse se convertissent à un islam radical pour être protégés. L’aumônier musulman de la maison centrale voit quant à lui de moins en moins de fidèles participer à ses prêches. « La radicalisation en milieu carcéral est plus sournoise qu’à la fin des années 90 » explique dans son rapport de visite le Député. « Désormais, pour éviter d’être repérés par les surveillants, la plupart des islamistes radicaux suppriment tous signes ostentatoires d’appartenance à leur foi ».
La nomination d’un délégué aux renseignements à Saint-Martin est une priorité
Face à ce constat alarmant, Olivier Falorni fait un certain nombre de préconisations. En premier lieu, tout comme les surveillants, il demande la destruction des « casinos » de l’établissement de Saint-Martin, contraires à l’esprit républicain, qui favorisent le communautarisme et la radicalisation. Il souhaite que soient conservés des lieux d’activité, indispensables, mais dans le cadre d’une structure nouvelle, décloisonnée et surveillée en permanence.
Plus généralement, le député souhaite que trois préconisations soutenues lors des travaux de la commission parlementaire soient prioritairement appliquées dans l’ensemble des centres de détention en France. La mise en place d’un véritable service de renseignement pénitentiaire, et dans le cas de la maison centrale de Saint-Martin la nomination d’un délégué local constituent à ses yeux des urgences.
Généraliser des expérimentations menées avec succès Isoler individuellement les détenus radicalisés recruteurs doit permettre de prévenir la radicalisation en prison, tout comme la création de quartiers dédiés pour les autres détenus radicalisés. Le Député souhaite ainsi que soit généralisée l’expérience menée à la maison d’arrêt de Fresnes, où la création d’une unité dédiée constitue une réponse adaptée au prosélytisme et aux pressions et a permis d’apaiser le climat de la détention. Le Projet de Loi de Finances 2016 ne prévoit pas cette généralisation…
Enfin, il préconise la création d’unités de déradicalisation, en s’appuyant sur les programmes mis actuellement en œuvre au Royaume-Uni et en y associant les différents partenaires intervenant en milieu pénitentiaire, notamment les aumôniers. « L’intervention d’aumôniers musulmans auprès de certains détenus radicalisés, en particulier des plus vulnérables, pourrait permettre d’entamer un dialogue visant à déconstruire les fondements pseudo-religieux de la radicalisation ».
Il est à noter que dans le cadre du débat portant sur la mission Justice dans le cadre de l’examen du Projet de Loi de Finances pour 2016, le Député a annoncé le 28 octobre que son groupe politique « RRDP » votera le budget de la justice, « en augmentation et allant dans le bon sens », avec notamment la création de 333 emplois et des crédits de paiement complémentaire, hors dépenses de personnel, de 50,2 millions d’euros prévus dans le budget 2016, au titre de la lutte contre la radicalisation en milieu carcéral. Cela ne l’a toutefois pas empêché de déplorer « la dégradation progressive des conditions de sécurité en prison, décriée par de multiples acteurs ».
Voir l’article consacré à la destruction annoncée des casinos de la prison de St-Martin (24/11/2015)
Lire notre interview du député Olivier Falorni
Voir l’article consacré à la dénonciation du laxisme sécuritaire par les surveillants pénitentiaires
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