- Portraits
- Portrait
Déborah Barotte, une amoureuse des tortues
Elle a eu sa première tortue à l’âge de 5 ans et est « tombée en amour » de cet animal préhistorique. Aujourd’hui, elle a fait de sa passion son métier, embarquant toute sa famille dans l’aventure.
Ses grands parents sont venus s’installer à Saint-Martin en 1981, rue Aristide Briand. En 2014, elle quitte la région parisienne pour les accompagner dans leur vie quotidienne, et emmène sa petite famille avec elle. Différents travails dans la restauration plus tard, elle a décidé de se consacrer à plein temps à son activité d’éleveuse de tortues, un métier peu banal, auquel participent son mari et ses deux enfants. Son fils et sa fille se sont d’ailleurs engagés à prendre un jour sa suite.
Un animal préhistorique, à préserver
Pourquoi cette passion pour les tortues, de toutes sortes ? « J’ai eu ma première tortue à 5 ans, j’ai toujours aimé ces espèces en voie d’extinction et participer à leur reproduction et à leur préservation me satisfait vraiment. Il s’agit d’un animal préhistorique, qui a survécu à tout, avec très peu de modifications physiques du fait de ses grosses écailles, de son système digestif. Il y a toutes sortes d’espèces de tortues terrestres, depuis celles qui ne dépassent pas à l’âge adulte le kilogramme, à celles qui atteignent les trois cents kilos ! »
C’est là où le métier d’éleveuse prend tout son sens : « Les particuliers ne connaissent pas pour la plupart les tortues, parfois ils achètent une tortue qui fait quelques grammes bébé et on ne leur dit pas qu’adulte elle pèsera quelques centaines de kilos ! Ils ne savent pas non plus toujours que pour détenir ne serait-ce qu’une seule tortue il faut une autorisation de détention délivrée par la DDPP*, comme pour toutes les espèces d’animaux non domestiques. Les propriétaires de tortues non en règle ne le savent pas forcément, mais s’ils sont dénoncés par un voisin, par exemple, leur tortue sera saisie et ils seront passibles d’une amende de 150 000 € et jusqu’à trois ans de prison, ceci même pour une seule tortue. »
Déclaration de détention obligatoire
Un formulaire en ligne permet de faire une déclaration de détention, qui sans réponse dans un délai d’un mois est réputée acceptée. Le récépissé de la déclaration permet d’acquérir des tortues, le numéro d’autorisation obligatoire est d’ailleurs à reporter sur le bon de cession, par le vendeur. En effet, les tortues sont des réservoirs connus de salmonelles, ce qui exige des mesures d’hygiène très strictes comme se désinfecter les mains dès qu’on les touche. Exposer des enfants de moins de cinq ans, et notamment des nourrissons, à des tortues, lézards ou autres reptiles peut leur faire courir un risque d’infections potentiellement graves. Par ailleurs, on ne mélange pas les espèces, il ne peut y avoir d’hybridation, or les particuliers ne sont généralement pas capables de différencier celles-ci.
Sa maison, un antre dédié aux tortues
Détentrice d’un certificat de capacité **pour des espèces bien spécifiées, en l’occurrence les tortues terrestres et palustres, le caméléon et le gecko, obtenu après 70 heures de formation auprès d’autres capacitaires et trois ans de détention – nécessaires avant de prétendre au certificat – , ainsi d’une autorisation d’ouverture d’un établissement, Déborah est ainsi habilitée à faire de la reproduction de tortues et à céder celle-ci. Un permis de transport d’animaux vivants est nécessaire pour les livrer chez les acheteurs. Et nouveauté réglementaire, le Conseil municipal de Saint-Martin a dû délibérer en janvier dernier pour autoriser cet élevage, ce qu’il a fait à l’unanimité, avec trois abstentions liées au peu d’informations qu’ont estimé avoir les conseillers concernés.
En hiver, sa maison de Saint-Martin est ainsi un antre dédié aux tortues, des plus petites espèces aux plus grosses. Certaines vivent sous lampes chauffantes et UV, d’autres hibernent dans de gros réfrigérateurs dans la cour, les hivers n’étant pas assez froids à l’île de Ré. Chaque espèce a son espace aménagé selon les conditions de vie requises et aucune interaction n’est possible entre espèces. Dès les beaux jours, les tortues exotiques sont sorties, emmenées sur un jardin privé de La Flotte que lui met à disposition une amie et sur lequel Delphine se rend chaque jour.
Cinq espèces de tortue… et un gecko
Déborah élève actuellement cinq espèces de tortues terrestres : des tortues Hermann de Corse, des Balkans (Macédoine), Boettgeri Yellow, ainsi que des tortues africaines : Sulcatas et Léopards. Elle détient une soixantaine de tortues, toutes pucées. « Je les emmène pour le puçage au Docteur Dommanget, à la Clinique vétérinaire de l’Île de Ré, le seul vétérinaire à accepter les tortues, j’ai été sa première cliente pour les tortues ! » Son fils Shawn, élève en 3ème aux Salières, possède un gecko, petit reptile au corps allongé, auquel il est très attaché et qui partage sa vie, du moins dans sa chambre. Ils aimeraient aussi dans un second temps se lancer dans l’élevage de geckos et de caméléons.
Outre l’élevage et la revente de tortues, Déborah vend des accessoires, lampes, compléments alimentaires et une grande diversité de graines, dans des sachets soigneusement étiquetés. Elle donne de nombreux conseils, à ses acheteurs et via sa page Facebook « little turtle island » et le groupe Facebook qu’elle a créé « Fan de tortue d’Hermann ».
« Il y a beaucoup d’idées reçues sur l’alimentation des tortues, or la salade et les endives ne leur apportent rien, les fruits sont trop sucrés… Il existe beaucoup de plantes aux vertus différentes, je vends des sachets de graines de toutes sortes, via mon site little-turtle-island.com » (en cours de maintenance), explique-t-elle.
Passionnée par ses reptiles, Déborah l’est assurément, très professionnelle et pas avare de conseils, elle s’est forgé une sérieuse réputation dans la région et dans toute La France, et ne compte pas en rester là ! Une belle rencontre.
* Direction départementale de la protection des populations.
**Le certificat de capacité est délivré par une commission, après audition du candidat qui présente un dossier très complet et répond à toutes sortes de questions. Celle-ci est composée de la DDPP, de la sous-préfecture, de
la DREAL, de l’OFB et d’autres capacitaires.
Lire aussi
-
Portraits
Une parenthèse iodée pour le comédien Hugo Becker
Entre une tournée nationale pour jouer la pièce de théâtre « Les variations énigmatiques » et la fin du tournage d’un film, rencontre avec Hugo Becker de passage sur l’île lors d’un week-end prolongé au Relais Thalasso de Sainte-Marie-de-Ré.
-
Portraits
Marine de Missolz, met la Cité au coeur de ses projets
Amoureuse de l’île de Ré, Marine de Missolz s’y pose définitivement le moment venu pour y créer sa compagnie La Mer écrite et faire ce qu’elle aime le plus au monde : étudier l’humain.
-
Portraits
Les trésors de mer de Sabine Franel
Sur le port d’Ars-en-Ré, Sabine Franel nous invite à franchir le pas de son atelier et à pénétrer dans son univers onirique où la laisse de mer se transforme en personnages fantastiques.
Je souhaite réagir à cet article