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- Exposition de dauphins - Plage des Gollandières
« Dauphins morts ou vivants ? Ça dépend de l’Etat »
Le 20 juillet, Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO, et Dominique Chevillon, président de Ré Nature Environnement, ont exposé plusieurs centaines de photos de dauphins, morts et vivants, sur la plage des Gollandières. Objectifs : sensibiliser les vacanciers certes, mais aussi maintenir la pression sur l’Etat.
On se souvient qu’en février dernier, la LPO, Allain Bougrain- Dubourg en tête, avait sensibilisé l’opinion publique sur le massacre des dauphins et renforcé son action juridique contre l’Etat. L’association naturaliste avait interpellé le Gouvernement le 22 février en exposant 400 photos de dauphins sur l’Esplanade des Invalides à Paris. En effet, plus de mille cadavres de cétacés ont été retrouvés sur la Côte Atlantique l’hiver dernier, dont près de cent-cinquante sur les côtes de l’île de Ré.
Actions de sensibilisation et en justice
« La moitié des photos représentent des dauphins en pleine santé dans la mer, les autres montrent des cadavres échoués sur la plage. Morts ou vivants, ça dépend du Gouvernement : seule la suspension des pratiques de pêche non sélectives qui chaque hiver déciment les populations de cétacés dans les eaux françaises peut mettre fin à cette odieuse hécatombe. Cette opération « coup de poing » se fera l’écho de notre action en justice », nous avait alors déclaré Allain Bougrain-Dubourg.
Dans une décision rendue le 20 mars 2023, le Conseil d’Etat enjoint à l’État de mettre en place dans un délai de six mois des fermetures spatiales et temporelles des pratiques de pêche responsables des captures de dauphins dans le Golfe de Gascogne, en complément de dispositifs de répulsion acoustique et de caméras embarquées sur les navires concernés.
Ce jugement fait suite à l’examen le 24 février dernier des recours formulés par France Nature Environnement, Sea Shepherd France et l’association de Défense des milieux aquatiques. Le Conseil d’Etat suit ainsi les recommandations publiées le 9 février dernier par les scientifiques du Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM) et répond aux demandes des associations de protection de la nature.
Arrêt spatiotemporel de la pêche
Dans un premier temps, le Ministre de la Mer, Hervé Berville, s’était opposé publiquement à la mise en oeuvre de ces mesures, déclenchant l’ire d’Allain Bougrain-Dubourg. « Le Ministre s’oppose ainsi à la plus haute juridiction de notre pays, c’est inacceptable ! L’Etat français a 6 mois pour appliquer ces mesures, qui doivent donc être opérationnelles pour septembre. S’il n’est pas au rendez-vous, la LPO et France Nature Environnement mèneront des recours, certainement en référé », nous avait-il déclaré le 19 mai dernier, à l’occasion d’une exposition de ces photos à la Fête du Port à La Flotte, précisant : « C’est pris par certains pêcheurs comme une sanction, alors qu’au contraire cela devrait l’être comme une richesse potentielle, comme ce type de mesures l’a été pour la coquille Saint-Jacques ou encore le thon rouge en Méditerranée, qui en ont bénéficié. En pleine période de fraie, une suspension spatio-temporelle de la pêche permettrait de préserver le bar ou encore le merlu… ».
Maintenir la pression face au lobbying
Depuis, le président de la LPO a eu confirmation par le Ministre de la Mer que le Gouvernement entendait se conformer à l’Arrêt du conseil d’Etat. Sauf qu’avant d’être appliqué, le contour précis de cet arrêt spatiotemporel de la pêche doit encore être précisé : lieux, dates, modalités de pêche et de contrôle… Il devrait durer quatre à six semaines à définir entre le 15 janvier et le 15 mars, et concerner les zones de pêche les plus pratiquées. La France a négocié et obtenu l’accord de l’Espagne pour agir conjointement, sans quoi cela n’aurait guère de sens. Les pêcheurs seront indemnisés et une partie d’entre eux n’est d’ailleurs pas hostile à cette mesure, contrairement aux mareyeurs, armateurs, industriels, qui ne devraient pas être indemnisés. Un lobbying actif s’exerce auprès de l’Etat…
Sensibiliser le grand public tout en maintenant la pression sur l’Etat, tels étaient ainsi le but de cette journée d’exposition qui sera suivie par d’autres, cet été, ailleurs sur le littoral atlantique. Les vacanciers sont ainsi venus nombreux poser des questions et manifester leur soutien à cette action. Interrogés par Allain Bougrain- Dubourg sur leur compréhension du sens de cette exposition, les enfants de l’Accueil de loisirs du Bois-Plage ont répondu du tac au tac : « C’est pour dénoncer la mort des dauphins, blessés par les pratiques de pêche, il y a beaucoup de dauphins qui s’échouent sur les plages de l’île de Ré en hiver… »
La définition des modalités pratiques d’application de cet arrêt spatiotemporel sera suivie de près par les associations naturalistes, tant la côte atlantique et l’île de Ré paient chaque année un lourd tribut à la mortalité de ces mammifères marins, qui échouent par centaines sur nos côtes durant les mois d’hiver, présentant dans la très grande majorité des cas des traces de capture de pêche, qui leur est fatale.
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