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Dauphin en détresse
Le mardi 23 avril, un important embouteillage a été observé sur la piste cyclable reliant Loix à La Couarde, où des dizaines de vacanciers, téléphone à la main, regardent tous ensemble dans la même direction, au niveau de la pelle des Eveillards (écluse).
Une nageoire dorsale apparaît, un dauphin est resté prisonnier dans une cuvette d’eau à marée basse.
Un sauvetage épique
Sur place, la police municipale de Loix a contacté l’observatoire Pélagis, tandis qu’un correspondant du Réseau National Échouages Rétais, membre de Ré Nature Environnement, a été dépêché pour évaluer la situation (Jean- Roch Meslin). Il s’agissait d’un jeune dauphin commun (Delphinus delphis), exerçant une nage lente et continue.
Notre inquiétude principale est que l’animal est en face de l’écluse ouverte. Le risque est qu’il soit poussé par le flux montant et passe de l’autre côté, dans les marais. Le sauvetage nécessiterait alors une intervention beaucoup plus compliquée avec une manipulation risquée pour le mammifère marin.
Pour éviter cela, un collaborateur du Service Protection du Littoral de la Communauté de Communes de l’île de Ré s’est rendu rapidement sur place pour descendre les quatre pelles de l’écluse. Deux heures plus tard, le flux montant, le dauphin a commencé à se diriger vers la mer, chassant en même temps les petits poissons au passage dans le chenal. A 15h30, il disparaît au large…
Vers 16h45, l’observatoire Pélagis signale un nouvel échouage : un dauphin est repéré dans le port de Goisil à la Couarde-sur-Mer. Il s’agit en fait du même animal qui tourne maintenant en rond, alors que la marée est haute. Il y a une crainte qu’à marée descendante il soit piégé au fond du bassin. Nous décidons avec les responsables de Pélagis de faire intervenir les pompiers pour tenter de le guider vers la sortie du port et du chenal. Après une heure, la section nautique de Saint-Martin avec le zodiac, en liaison avec le lieutenant responsable des pompiers d’Ars sur le bord, réussissent à le diriger plus loin au large.Il disparaît de notre vue…
Mercredi matin, vers 7h, un ostréiculteur découvre dans le port de Goisil, à nouveau le même dauphin, échoué vivant, cette fois-ci sur la vase. Il n’y a plus d’eau, il faut faire vite. Les pompiers munis de leur brancard descendent dans le petit port vaseux et réussissent à mettre l’animal dessus.
Installé dans un véhicule, l’animal est conduit vers la plage de La Couardesur- Mer au Peu Ragot. Hissé dans un pneumatique, l’équipe de sauveteurs emmène le dauphin au large, proche du phare de Chanchardon. L’animal reste calme malgré le stress occasionné par cette intervention. Il est alors délicatement remis à l’eau avec deux plongeurs qui le soutiennent pendant plusieurs minutes afin qu’il retrouve ses esprits. Quelques minutes après, il repart sain et sauf vers le grand large. Souhaitons qu’il retrouve sa route et les siens…
De plus en plus d’échouages d’animaux vivants
Depuis cinq ans, le nombre d’échouages vivants sur les côtes rétaises tend à augmenter, visiblement. Les raisons de ce phénomène nouveau sont pourtant difficiles à établir avec certitude. Les dauphins communs sont une espèce océanique, qui vit sur le talus continental (une zone de transition entre les faibles profondeurs et les abysses) mais que l’on voit se rapprocher de plus en plus des côtes. On sait que leurs déplacements sont liés à la prospection alimentaire. Ce sont sans doute en partie, leurs proies qui les entraînent vers ces zones de danger. Ces dauphins qui s’échouent se sont d’abord isolés de leur groupe. On ne sait pas pourquoi, car ce sont des animaux très sociaux et grégaires habituellement.
Au niveau du littoral atlantique, Pélagis indique que, depuis le début de l’année 2024, déjà vingt-neuf échouages du même type (dauphins communs vivants) ont été répertoriés, alors qu’en moyenne, jusque dans les années 2016, on recensait à peine une vingtaine de cas, par an. Il y a bien une amplification de ce phénomène.
La topographie
La topographie des côtes et l’amplitude des marées transforment certaines régions en véritables pièges pour les mammifères marins. Ainsi, la fosse de Loix est le théâtre d’échouages réguliers. Ces zones sont trop peu profondes pour permettre aux cétacés de repartir lorsque la marée redescend, car leur faculté d’écholocalisation est conçue pour les eaux profondes.
En outre, lors du cycle des grandes marées, l’eau peut reculer de plusieurs kilomètres en l’espace de quelques minutes et certains animaux se retrouvent alors pris au piège. Notamment, les jeunes individus, qui ne remarquent pas qu’ils se déplacent dans des eaux basses, et qui risquent de se trouver dans une position délicate au moment du retrait de la mer. L’eau disparaît soudainement et ils se retrouvent loin sur la côte, à sec. Quelques autres sont atteints de pathologies diverses et sans force, ne peuvent pas regagner le large.
Le site des Eveillards
C’est au moins le quinzième échouage de dauphins vivants depuis une trentaine d’années dans ce chenal qui mène à l’écluse des Eveillards… La configuration de ce site est particulière avec le chenal qui chemine jusqu’à la digue où se situe l’écluse (ou pelle) et alimente en eau les marais attenants. La cuvette d’eau juste devant, reste en général pleine. Elle permet souvent aux animaux marins de rester en vie en attendant que la marée remonte.
Des échouages sur toute les côtes rétaises
Le Réseau National Echouages Rétais, membre de Ré Nature Environnement, pratique des sauvetages avec les pompiers, la SNSM et Pélagis depuis plus de trente-cinq ans sur toutes les plages de l’Ile de Ré.
Des mammifères marins secourus tel que : dauphins communs, grands dauphins, dauphins bleu et blanc, dauphins de Risso, baleines à bec (mésoplodons), phoques gris, etc. Toutes les communes de l’île de Ré ont eu, un jour, un animal vivant échoué sur leur plage !
Des chances de survie faibles
C’est toujours une course contre la montre qui débute lorsqu’un cétacé s’échoue vivant à proximité d’un rivage. Il se débat pour retrouver sa liberté de mouvement et regagner le large. Si son corps reste en contact avec une surface dure pendant une période prolongée, sa cage thoracique se trouve alors comprimée par son poids. En raison des difficultés respiratoires qui s’ensuivent et du blocage de la circulation sanguine, les organes internes et les muscles sont peu à peu endommagés. Les tissus nécrosés engendrent alors des toxines qui provoquent une infection généralisée, puis entraînent la mort (Source Thierry Jauniaux – vétérinaire, spécialiste des mammifères marins).
Enfin, l’épaisse couche de graisse du cétacé peut conduire à une augmentation trop importante de la température corporelle de l’animal, s’il est hors de l’eau, et le soleil peut lui brûler l’épiderme.
Si vous découvrez un dauphin échoué, n’essayez pas de le déplacer. Traîner l’animal jusqu’à l’eau est une très mauvaise idée. Cela pourrait abîmer les pointes délicates de sa nageoire caudale et s’avérer fatal si l’animal avait besoin d’être soigné avant d’être remis à l’eau. En cas de découverte d’un mammifère (vivant ou mort), veuillez contacter Pélagis au 05 46 44 99 10.
Le même jour en Australie ce 25 Avril 2024
« Des dizaines de globicéphales tropicaux, des dauphins pouvant atteindre six mètres de longueur, se sont échoués sur une plage à l’extrémité sud-ouest de l’Australie avec des chances de survie très compromises », ont annoncé les autorités locales Australiennes.
Selon le Service des parcs et de la faune de l’état d’Australie occidentale : « Vingt-six spécimens de ces globicéphales ont déjà été retrouvés morts. » Des agents de protection de la nature, des spécialistes des sciences de la mer et des vétérinaires ont été dépêchés sur place .
Au total, le nombre de cétacés échoués sur la plage de Toby’s Inlet, au sud de Perth, pourrait atteindre cent soixante individus, selon cette source.
« Les personnels vont tenter de remorquer certains spécimens au large, mais l’euthanasie des animaux échoués apparaît généralement comme la solution la plus adaptée pour leur éviter une longue agonie », a souligné le Service.
Des échouages massifs de cétacés sont de plus en plus fréquemment constatés à travers le monde, un phénomène dont les causes n’ont pas été scientifiquement établies à ce jour.
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