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Dans les coulisses du Festival du Livre
J-30 et des poussières… le Festival du Livre n’a pas encore publié sa 15ème édition mais les chapitres en sont désormais écrits et tous les personnages connus.
C’est le temps suspendu de la lecture assidue, celui de la préparation du programme et de la chronologie des tables rondes. Studieux, appliqué, silencieux, il précède le bouillonnement des derniers jours. Il est temps de présenter l’invité d’honneur.
Samuel Benchétrit, parcours d’un enfant de banlieue
Réalisateur, comédien, auteur de théâtre, de chansons et de livres aussi bien sûr… Samuel Benchétrit touche à tout et réussit tout ce qu’il touche avec une liberté frisant l’insolence. Derrière une allure un brin nonchalante on devine la timidité, sous le côté ténébreux l’élégance d’un dandy moderne. Autodidacte passionné de tous les arts et particulièrement de cinéma, tous les cinémas, dont il découvrira les multiples visages avec les femmes de sa vie, le jeune Samuel quittera sa banlieue pour Paris et vivre sa vie d’artiste commencée par de petits boulots. Loin de renier son enfance dans un HLM de Champigny-sur-Marne, il en fera un livre, et même plusieurs…
Sous le béton, la vie
Plus de dix ans entre deux tomes et pourtant le même regard empli de tendresse. Avec le quatrième opus de ses Chroniques de l’Asphalte, Samuel Benchetrit reprend le fil de sa jeunesse dans une banlieue qui nous semble tout droit sortie d’un autre temps. Ceux qui ont savouré les précédentes chroniques retrouveront avec plaisir l’indéfectible bande de potes, Karim, Dédé, Daniel, Samuel et Cie, les autres les découvriront pour la première fois en pleine adolescence. Nous voilà transportés dans les années 80, celles d’une culture en pleine effervescence qui n’a pas encore peur de se déplacer dans les « quartiers ».
Les Chroniques de l’Asphalte numéro 4 s’achèvent avec un Samuel se rêvant musicien, chanteur, acteur, réalisateur, tout cela dans sa chambre au fil de soirées solitaires. Elles se commencent par le tournage d’un clip de Daniel Balavoine, pour lequel le peu apprécié Abdelkrim Bouglaoui a été sélectionné. Les filles se pâment sur son passage, les garçons sont verts de jalousie, il devient une star… qu’on apercevra à peine à l’écran.
Entre les deux, on ne sait pas trop vers laquelle de ces scènes de la vie quotidienne va notre préférence : le désespoir du zozotant Neness, amoureux de Bérangère elle-même amoureuse du chanteur de U2 avant de tomber dans les bras d’Igor Bébersy dit Bébé, le souvenir de Véronique et Davina moulées dans leurs justaucorps fluos, les efforts pour capter Canal+ en clair, le choix existentiel d’une coupe de cheveux ou la disparition tragique de Coluche. Il y beaucoup d’émotions et d’humour sous le bitume. Beaucoup d’amour aussi…
Rendez-vous avec Samuel Benchetrit le Samedi 4 août, au Bois-Plage.
FESTIVAL DU LIVRE DE L’ÎLE DE RÉ
Raconter l’irracontable, le talent de Philippe Besson
Un féminicide, d’après le Petit Robert, est le meurtre d’une femme, d’une fille en raison de son sexe.
Le terme est calqué sur homicide avec la racine femina, æ, f., « femme, femelle » en latin, et le suffixe -cide issu du latin cædo « frapper, battre, abattre, tuer, massacrer ». Il y a trop de féminicides, bien sûr. Un seul, c’en est un de trop.
Philippe Besson a choisi d’escalader cette montagne tragique par la face nord en donnant la parole aux enfants de la femme sacrifiée. Ils sont frère et soeur. Quand l’histoire commence, ils ont dix-neuf et treize ans. Cette histoire tient en quelques mots, ceux que la cadette, témoin malgré elle, prononce en tremblant, au téléphone avec son frère : « Papa vient de tuer maman ».
L’auteur a choisi la difficulté car il s’agit d’un exercice périlleux qui aurait pu être empreint de bons sentiments et se noyer dans le pathos. Mais c’est mal connaître Philippe Besson qui, avec sa plume délicate et pudique, retrace le destin tragique de ces deux jeunes personnes qui essaient de (sur)vivre avec un père assassin et une mère assassinée.
Avec justesse et mesure, sans effets de style, il analyse les prémices qui ont conduit au drame et nous embarque dans ce maelström qu’est la vie d’après. La survie en quelque sorte…
Benjamin Lucas
L’IA coté pile, un éclairage sans concession
d’Hugo Jauffret Le rythme est enlevé, l’écriture agréable et incisive, mais est-ce bien un roman en fait ? Au dos du livre, il est écrit roman mais aussi récit-enquête, et sans doute que si l’intrigue est une fiction, celle-ci fait écho à une réalité dissimulée derrière l’ivresse du numérique.
Il faut dire que son auteur Hugo Jauffret est un juriste spécialisé dans la protection des données personnelles. Ceci explique cela.
A un bout et l’autre d’une même chaîne, Ludovic et Yacine, deux presque anti-héros, à la fois acteurs et victimes d’un monde numérisé tout entier dévoué au culte de la DATA et à ses services associés, vendus par un géant du numérique nommé Hémisphères aux entreprises du web. Supérieurement aboutie, l’intelligence algorithmique ? Pas tant que ça puisqu’elle doit pour être efficiente, recourir aux taskers, autoentrepreneurs (faussement) indépendants et réellement esclaves de leur clavier.
Sous pression constante, Yacine s’enfonce, Ludovic déprime, la machine dérape. Derrière la misère sociale et morale, le portrait sévère d’un monde du travail en perte de sens et pour le coup totalement déconnecté de la plus simple humanité.
Pauline Leriche Rouard
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APY, ou la passion du yoga !
Depuis plus de trente ans, l’APY veille à dispenser à ses élèves un yoga structuré et qualitatif. Avec une trentaine d’adhérents, majoritairement féminins, l’association se veut bienveillante avec ses apprentis « yogis », en quête d’un bien être intérieur.
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Belle cuvée pour le salon du Goût et du Vin
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Ré Majeure : une fréquentation à la hausse
Beau bilan pour cette 14e édition de Ré Majeure, dont la fréquentation est en progression. Un résultat à la hauteur du talent des musiciens présents et de leur chef d’orchestre Marc Minkowski également directeur du festival.
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