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- Réunion publique de la Préfète – Révision du PPRL de l’île de Ré
Des cris, de la colère, du désespoir ont accueilli une Préfète imperturbable
Plus de 1000 Rétais sont venus assister à la première réunion publique tenue sur l’île de Ré par la Préfète de Charente-Maritime et les services de l’Etat, dans le cadre de la révision du PPRN de l’île de Ré qui a fait l’objet d’un arrêté reçu par les élus le 3 décembre, marquant l’officialisation de la démarche.
La plupart des Maires et un certain nombre d’adjoints étaient présents, sur les gradins en fond de salle afin de bien notifier – si cela était encore utile – leur désapprobation quant à l’application maximaliste sur l’île de Ré de la circulaire de juillet 2011 et du principe de précaution.
Une Préfète très tendue… et « politique »…
A L’entrée d’Ars les panneaux routiers parodiés et le comité d’accueil à la salle des sports d’Ars laissaient présager que la réunion ne serait pas facile à mener pour la Préfète. Ce fut le cas. Très tendue, elle a souhaité présenter les tenants et aboutissants d’un PPRN, et tenté de justifier de manière technique et rationnelle des choix d’Etat manifestement incohérents et terriblement injustes aux yeux de la population et des élus. Puis elle a fait des réponses très « politiques » – quand elle en a fait – aux très nombreuses questions des particuliers et professionnels. …
qui s’est voulue « rassurante »…
« Ne vous inquiétez pas, vos maisons déjà construites ne risquent rien, elles ne seront pas impactées par les cartes d’aléas, il ne se passera rien de rien parce que ce PPRL ne justifie pas que nous mettions des prescriptions même si l’aléa est fort ; Xynthia + 60 cm cela ne veut rien dire ; dans l’existant il ne se passera rien… si vous ne voulez rien changer ».
Oscillant entre messages rassurants… et agressivité, notamment vis-à-vis des élus et de certains « perturbateurs » ou « chauffeurs de salle » et certains responsables d’associations accusés de tenir des doubles discours, la Préfète a – aux yeux de nombre de Rétais – fait montre de « mépris » – c’est en tout cas ce qu’ont ressenti nombre de spectateurs qui n’ont pas apprécié non plus les « tentatives de division entre nord et sud, résidents permanents et secondaires, propriétaires impactés ou non ».
… mais qui n’a manifestement pas du tout convaincu.
Si l’exercice était très compliqué pour la Représentante de l’Etat, devant une salle très hostile et manifestant assez bruyamment à certains moments sa désapprobation, elle n’a pas été aidée par le représentant du Cabinet Artélia dont la présentation fut certes assez consternante mais aussi certainement le reflet du travail effectué par ce cabinet compte tenu du cahier des charges et du budget alloués… Ni par les contradictions de la « doctrine de l’Etat », que n’ont pas manqué de relever de nombreux intervenants dans la salle.
Elle a explicitement reconnu que dans l’attente du règlement du PPRL, le principe de constructibilité est dicté par la référence Xynthia + 20 mais que les prescriptions d’urbanisme le sont sur la base Xynthia + 60, tout en exhortant les Rétais à « ne pas dramatiser ». Béatrice Abollivier a beau avoir tenté d’expliquer que les cartes seraient évolutives et intégreraient les travaux de digues programmés dans les PAPI ou encore que les règlements qui seraient discutés avec les élus commune par commune permettraient de regarder « au cas par cas » sur le terrain, elle n’a guère été entendue.
Elle a esquivé toutes les questions sur l’impact économique
Et n’a guère écouté les complaintes des Rétais, pourtant particulièrement nombreuses et diverses, dont bon nombre étaient manifestement totalement spontanées. Ainsi elle a déroulé le calendrier : en décembre 2014 et janvier 2015 pour le canton nord et en février et mars 2015 pour le canton sud, sera fait le recensement des enjeux et la production des éléments réglementaires, puis en avril et mai 2015 le travail sur les règlements, qui sera suivi de juin à octobre 2015 d’une phase de « concertation » dont une « réunion de concertation » avec la population, avant que ne soit lancée l’enquête publique à la fin 2015/début 2016.
Excédée, fatiguée, tentant de garder la maîtrise de cette première réunion publique, la Préfète a esquivé toutes les questions relatives à l’économie de l’île de Ré et aux difficultés des professionnels. Pour finalement rappeler qu’elle n’était « qu’une exécutante de l’Etat »… Quant aux voix des représentants des Amis de l’île de Ré et quelques autres voix « dissonantes », elles ne se sont curieusement pas manifestées. L’histoire ne dit pas si c’est par manque de courage devant une salle très hostile, ou pour ne pas mettre de l’huile sur le feu…
Tout juste Jean-Pierre Goumard, ancien élu municipal et régional, militant écologiste, s’est-il risqué à demander à la Préfète si son « porter à connaissance » avait une valeur réglementaire comme elle l’avait affirmé à l’issue du comité de pilotage et comme lui-même avait estimé bon de le déclarer dans les colonnes du Phare de Ré, allant jusqu’à y réclamer « la démission des élus refusant de l’appliquer ». Après un certain « flou artistique », la Préfète a concédé qu’il n’avait à ce stade pas de valeur réglementaire…
Au-delà des questions et interventions nombreuses de « leaders d’opinion », de responsables d’associations et de Lionel Quillet, les plaidoyers venant du cœur de Rétais « anonymes » furent parfois très poignants et vinrent donner la juste mesure du désastre économique et personnel que génèrent ces cartes d’aléas et l’application du critère Xynthia + 60 cm dans les prescriptions d’urbanisme.
Nous tentons ci-dessous de reprendre les questions principales et les réponses de la Préfète, sachant que la plaquette d’information remise à l’entrée reprend l’essentiel de sa présentation.
Nathalie Vauchez
Questions et réponses
Pierre-Loïc Vauchez , propriétaire et ancien agent immobilier aux Portes
« Vous parlez de ZIS notamment à St Clément, or vous n’êtes pas sans savoir que dans ce projet il est prévu des logements sociaux. Les habitants de ces logements sont-ils pour vous des « sans-dent » qui ne méritent pas l’application de l’article R 111 – 2 du code de l’urbanisme sur la protection des personnes. Pourquoi utilisez-vous systématiquement des arguments que vous savez mensongers pour défendre la position de l’Etat au Tribunal Administratif de Poitiers ? »
Réponses de la Préfète
« La ZIS est une possibilité ouverte dans la circulaire de juillet 2011, et permet de déroger au principe d’inconstructibilité. Ainsi nous lançons avec l’accord du Maire une démarche exploratoire à St Clément des Baleines. Les Maires de l’île de Ré nous ont demandé de l’étendre aux 10 communes, le Ministère a clairement répondu Non ! En outre, une ZIS concerne un projet d’intérêt général, or sur les 2 projets de St Clément à ma connaissance il y a des logements sociaux, une galerie commerciale, un équipement public, des habitations, votre commentaire est donc très déplacé. Il s’agit d’un travail à mener, aboutira-t-il je n’en sais rien. Il s’agit d’une question d’intérêt général correspondant au souhait du Ministère de préserver la vie permanente sur l’île de Ré, tout en protégeant les personnes. Quant aux arguments mensongers, je n’ai pas pour habitude de commenter des contentieux… »
Gérard Régrény, représentant de Ré-veille, association de propriétaires du nord de l’île de Ré
« Lors d’un rendez-vous à la préfecture il y plusieurs mois, je vous ai posé la question des conséquences économiques pour le canton nord. Vous m’aviez répondu que nous devions nous adapter, quitte à aller travailler sur le canton sud ou sur le continent, où les places sont déjà prises. Est-ce que créer plusieurs milliers de chômeurs supplémentaires vous laisse indifférente, ou suivez-vous la politique nationale de l’emploi consistant à créer 1000 chômeurs de plus par mois ?
Par ailleurs, vous nous imposez des prescriptions à Xynthia + 60 cm et utilisez à tout va l’article R 111-2 sur la sécurité des personnes. Nos vies sont, selon vous, en danger, que comptez-vous faire ?»
Réponse de la Préfète
« Je suis là pour traiter les risques, ce qui concerne la prévention des difficultés des entreprises est traité par ailleurs, dans d’autres instances, avec des outils spécifiques. Vous constaterez que je n’ai pas beaucoup participé aux polémiques depuis un an. Concernant la question sur la sécurité, nous mettons tout en œuvre pour votre sécurité avec vos élus, quant aux digues ce sont les élus qui les construisent, nous les appuyons financièrement dans ces constructions ».
Michel Pelletier, ancien président d’Uniré, agriculteur vigneron à la retraite
« Avec votre doctrine qui consiste à définir la constructibilité à Xynthia + 20 cm mais les règles d’urbanisme à Xynthia + 60 cm, c’est un marché de dupes, on nous prend pour des idiots ! Il y a beaucoup de seniors sur le canton nord, qui veulent aménager leur rez de chaussée pour y mettre leur chambre à coucher, cela sera-t-il encore possible ?
Par ailleurs, quel est le devenir des activité économiques, je pense notamment aux activités primaires, aux hangars agricoles, etc »
Réponse de la Préfète et de Raynald Vallée, directeur de la DDTM
« Nous n’aurons pas de position bloquante, nous croiserons les cartes d’aléas et les règlements d’urbanisme, le SCoT est en révision, les POS deviendront des PLU, nous serons très ouverts à la construction d’étages, il faut trouver un terrain d’entente entre protection/sécurité et aménagements mais nous ne donnerons pas d’autorisation d’urbanisme qui pourraient se retourner contre la protection des gens, il faut être très vigilant. Il faut bien identifier les populations âgées ».
Lionel Quillet, Président de la Communauté de Communes de l’île de Ré
« Vous avez pourtant déféré au tribunal administratif nombre de permis de construire, y compris pour la construction d’un étage… Et le Juge de Poitiers dans ses dernières décisions a rejeté vos requêtes. Il a notamment demandé que soient pris en compte les ouvrages construits depuis Xynthia.
Quant au Conseil d’Etat il vient de rendre le 21 novembre une décision fort intéressante en rejetant votre déféré concernant la construction d’un étage pour se mettre à l’abri dans une maison à St Georges d’Oléron. Vous invoquiez le fait que ces travaux destinés à créer une « zone refuge » permettaient d’accroître la capacité d’accueil de l’habitation et donc la population exposée au risque d’inondation.
Cette réunion est intéressante car elle montre aux Rétais pourquoi le dialogue avec vous est compliqué… Je comprends que vous êtes en mission pour l’Etat mais vous vous enfermez dans vos positions. Je vous rappelle que la Cour d’appel de Lyon a invalidé le PPRI d’Alès…Entendez-vous les Juges ? »
Réponse de la Préfète
« Depuis que l’on défère les permis sur 21 permis déférés (en jugement de fond), 6 sont en cours, 2 ont été normalisés, 8 gagnés et 5 perdus. Quant à la décision du Conseil d’Etat, elle ne concerne pas les cartes PPRL mais elle s’inscrit dans le règlement de la zone de solidarité de Boyardville et le propriétaire avait construit son étage sans aucune autorisation ; maintenant à Oléron nous donnons la possibilité de construire des étages, la doctrine a été clarifiée par le CGDD ».
Question d’un adhérent de Ré-veille
« Pourquoi nous imposez-vous de réaliser des digues à Xynthia + 20 cm alors que vous appliquez des prescriptions à Xynthia + 60 cm, à quoi vont servir les digues à Xynthia + 20cm si vous estimez que le risque encouru est Xynthia + 60 cm ? »
Réponse de la Préfète
Il y a plusieurs critères pour les hauteurs de digues, le premier d’entre eux est de mettre en sécurité les personnes soit à Xynthia + 20 cm, le second évalué par la Commission mixte inondations (CMI) est la réduction des dommages aux biens, dans le CMI il y a des experts, des élus, des assureurs et ils appliquent l’Analyse coût bénéfice (ACB) pour labelliser les PAPI ; Le choix de la CdC de l’île de Ré a été de construire des digues à Xynthia + 20 cm, mais ces ouvrages pourront évoluer et être rehaussés à Xynthia + 60 cm… »
Lionel Quillet
« Comment pouvez-vous dire cela alors que tous vos services nous ont bloqués à Xynthia + 20, allez-dire au Président du Conseil général ce que vous venez de dire ! C’est encore la faute des élus ! »
Question d’un spectateur
« Qu’en est-il des droits de mitigation ? Le principe de mitigation demande aux propriétaires de réaliser jusqu’à 10 % de la valeur vénale de leur bien, allez-vous l’appliquer ? »
Réponse de la Préfète
« Nous ne l’imposerons pas dans le cadre du PPRL, je ne prendrai pas de prescriptions à ce titre sur vos maisons. Le PPRL permet de prévoir de faire ces travaux de mise en sécurisation, sans délai précis. »
Lionel Quillet
« C’est la loi, et pouvez-vous vous engager pour les assureurs ?! »
Réponse de la Préfète
« Monsieur Quillet, n’affolez pas tout le monde ! »
Marie-Hélène Chastanet, ancienne élue à Ars-en-Ré
« Nous sommes 5 ans après Xynthia. Le rôle de l’Etat est de protéger les populations en construisant des digues dignes de ce nom. Et pourquoi l’Etat ne lutte-t-il pas de façon acharnée contre les changements climatiques ? »
Réponse de la Préfète
« La protection à Xynthia + 20 cm représente un plan de défense à 400 millions d’€, nous avons instauré des procédures simplifiées. Les digues appartiennent à des associations de propriétaires, à des propriétaires privés, à l’Etat et aux collectivités locales, nous sommes dans une mixité de situation. C’est pour cela que nous avons tiré les leçons de Xynthia et que la Loi GEMAPI va transférer l’entière responsabilité sur les collectivités locales/territoriales ».
Une Rétaise
« Pour protéger le littoral, il faut renforcer les digues et les dunes. Vous ne nous avez pas convaincus de la cohérence d’appliquer un critère Xynthia + 60 cm mais d’autoriser des digues à Xynthia + 20 cm, d’autant plus qu’un expert hollandais nous a confirmé que sur l’île de Ré les digues sont trop basses ».
Réponse de la Préfète
« La labellisation s’est faite à Xynthia + 20 mais cela n’empêche pas peut-être d’aller au-delà, même si l’Etat ne participe pas au financement, ce sera à un moment donné une question à se poser. Concernant les dunes, elles ne sont pas intégrées dans la philosophie des PPRN qui s’adressait d’abord au fluvial, puis a été étendue au littoral après Xynthia. Il y a deux ans, nous avons participé au réensablement des dunes de La Couarde, l’année suivante la forte houle a tout emporté, soit 300 000 € de protection douce perdus, cela ne fonctionne pas.
En 2013, l’Etat a contribué au réenrochement mais cela crée un point d’interrogation, quand on enroche quelque part, on creuse à côté, le survol du littoral en hélicoptère est à cet égard édifiant ».
Un Rétais
« Si ma maison brûle, que se passe-t-il, ai-je le droit de la reconstruire ?
Réponse de la Préfète
« Vous pouvez reconstruire après un sinistre incendie, ce n’est pas un sinistre submersion, mais un autre sinistre accidentel. Vous pouvez donc reconstruire à l’identique. Nous vous conseillerons de relever votre plancher et votre installation électrique… »
Un Rétais
« Ce sera un conseil ou une injonction ? »
Réponse de la Préfète
« Ce sera une recommandation, nous ne l’imposerons pas, ce sera un conseil ».
Lionel Quillet
« Vous déférerez ! Et dans le cas de l’Ecomusée de Loix vous avez interdit la reconstruction ».
Réponse de la Préfète
« Non, il y a eu une période transitoire dans l’application de l’article R 111-2, aujourd’hui cela a évolué. Dans le cas de l’éco-musée il pourra être reconstruit ».
Mademoiselle Fontanet, habitante et employée à Ars-en-Ré
« Sur toutes les questions sur l’économie et l’emploi, vous refusez de répondre. Je travaille dans un commerce alimentaire, mon conjoint est menuisier charpentier à son compte, le monde de l’Entreprise s’écroule sur l’île de Ré, vous nous prenez pour des idiots ! Je gagne 1000 € par mois, si mon mari perd son Entreprise nous devrons partir de l’autre côté du Pont, vu le taux de chômage je ne trouverai pas d’emploi, nous avons le droit de vivre sur l’île de Ré, vous n’apportez jamais une réponse ».
Réponse de la Préfète
« Personne ne peut dire quel sera l’impact… »
Mademoiselle Fontanet
« Arrêtez de nous prendre pour des cons… »
Réponse de la Préfète
« Toutes les Entreprises du bâtiment en Poitou-Charentes et en Charente-Maritime connaissent une baisse d’activité très impactante depuis 2012 et ne font pas de projet, l’île de Ré avait encore en 2012 un taux d’activité plus important que sur le reste du département. »
Mademoiselle Fontanet
« Vous ne nous respectez pas et vous n’apportez aucune explication… Vous allez tout détruire, vous nous étouffez »
Réponse de la Préfète
« Je suis la plus écoutante possible mais les enjeux économiques, ce n’est pas ce dont on parle aujourd’hui ».
Jean-Pierre Goumard, ancien élu municipal à Saint-Martin et régional, militant écologiste
« Je vous remercie pour votre présentation qui permet d’y voir plus clair. Votre porter à connaissance est-il informatif ou obligatoire, impératif ou pas, est-il réglementaire ? »
Réponse de la Préfète
« Il faut se référer à la jurisprudence du Tribunal Administratif de Poitiers. Le porter à connaissance concerne le document élaboré par l’Etat et il vise à informer les élus et la population afin qu’ils aient la connaissance du risque ; il constitue un élément de la doctrine à prendre en compte dans les actes d’urbanisme. C’est la base de l’Etat pour son contrôle de légalité et le Juge se base aussi dessus, si l’Etat donne connaissance du risque, sa responsabilité n’est pas engagée. Mais non, ce n’est pas un document réglementaire.
Nous apportons l’information et la publication des cartes d’aléas et de la prescription de la révision du PPRL publiée au recueil administratif et en annonces légales, à partir de la semaine prochaine l’obligation d’informer sur les risques naturels les acquéreurs et locataires s’imposera à tous, propriétaires et notaires, ce qui n’était pas le cas avant la prescription du PPRL ».
Jacques Maillaud, Couardais
« J’ai un petit problème avec Xynthia + 60 cm pris comme aléa à 100 ans, si on suit les relevés de la NASA ou du GIEEC on peut être à + 2 ou + 3 mètres ou à + 0, tout ceci correspond à des scénarii qui peuvent être pulvérisés, il faudrait évacuer 100 millions de personnes… »
Alexis Aguettant
« Madame la Préfète vous avez l’art de la communication politique, le mal que vous faites vous ne serez plus là pour en voir les conséquences, vous n’êtes pas au service des Rétais mais en service commandé de l’Etat républicain qui se contrefout des habitants de l’île de Ré, et fragilise le tissu économique de l’île de Ré, que certains au Ministère de l’Environnement estiment être une île pas bien comme il faut ; cela délégitimise l’action de la République que vous représentez, avez-cous conscience que vous prenez le risque que Ré vous inonde d’’une vague de résistance ? »
Réponse de la Préfète
« Vous avez aussi un certain art de la communication… Les PPRL avancent partout, j’ai connu 6 Ministres de l’Environnement depuis que je suis là, il n’y a pas eu un changement de doctrine sous ces 6 ministères. Il existe une continuité de l’Etat, sans considération de particularisme pour l’île de Ré et le rôle du Préfet est celui d’un exécutant ».
Un Rétais
« On n’’a rien compris. Et finalement le PAC a-t-il ou non une valeur réglementaire ? »
Réponse de la Préfète
« Il n’a pas une valeur réglementaire intrinsèque, mais constitue un point de référence pour la jurisprudence. Par contre le document de la Communauté de Communes de l’île de Ré n’est pas un « porter à connaissance » ceci concerne les seuls documents émanant de l’Etat. La question se posera quand le Juge devra prendre ses décisions. La CdC depuis le 1er octobre s’est substituée à l’Etat pour l’instruction des permis de construire, sur la base des documents existants, elle proposera aux Maires qui eux seuls décideront.
Je déférerai tout ce qui ne correspond pas à la règle de l’Etat. L’île de Ré a déjà eu un traitement particulier, la CdC a manifesté son souhait de travailler en direct avec le Ministère pour intégrer sa connaissance des ouvrages, mais il y a des sujets qui nous séparent notamment la prise en compte de Xynthia + 60cm et la faillibilité des digues… »
Lionel Quillet
« Nous avons des brèches 25 fois, là où vous en avez 52 fois, nous sommes dans la circulaire… »
Réponse de la Préfète
« Je vous ai laissé discuter directement avec le National et comme il était difficile de trancher entre les modèles des deux cabinets, un groupe d’experts a été mandaté pour donner sa position ».
Un Rétais
« L’économique ce n’est pas vous, les digues, ce n’est pas vous… Et on a le sentiment que les services de l’Etat mènent un combat idéologique contre « les gros richards »… »
Réponse de la Préfète
« Je n’ai jamais accepté et n’accepterai jamais que l’on critique des fonctionnaires. Par ailleurs, l’article L 111-2 est appliqué et maintenant nous pourrons trouver des arrangements avec les Maires… »
Marcelle Budet, habitante d’Ars
« Merci à Xynthia qui nous a montré à quel point les digues et les dunes ont été oubliées durant des décennies par l’Etat… On empêche tout le monde de travailler, la population, les artisans, les commerçants, or ils ont le droit de travailler sur le canton nord, comme sur le canton sud… Dans les cas de succession, comment l’Etat va évaluer, va-t-il rembourser la différence ? »
Réponse de la Préfète
« Avec la raréfaction des permis de construire, l’existant restera à sa valeur. S’il est constructible, il gardera sa valeur, s’il ne l’est pas, il n’aura pas la même valeur, nous allons organiser le remboursement des différences de taxes. Concernant l’ISF, si la valeur baisse vous pourrez sortir de l’ISF. La question a été posée par Ségolène Royal à son collègue de Bercy et l’information communiquée à la direction départementale des finances publiques, si un terrain devient inconstructible il peut être ramené à sa nouvelle valeur. »
Emmanuel Vignaud, Agent immobilier, président de l’association de professionnels AVENIR
« Ma question porte sur les PLU, la plupart des communes rétaises sont en révision, et il y a de nombreux sursis à statuer, ne pourriez-vous assouplir votre position sur ces sursis pour donner de l’oxygène aux professionnels ? »
Réponse de la Préfète
« Le Cabinet du Ministère m’a demandé de travailler en priorité sur les règlements des communes et je vais rencontrer très rapidement les Maires pour traduire en règlements ces cartes d’aléas en 2015 et lancer l’enquête publique. Le règlement est le seul moment où on a une latitude d’action, c’est pourquoi nous avons besoin de travailler avec les Maires. »
Pierre-Loïc Vauchez
« La théorie de l’Etat selon laquelle les biens ne perdront pas de valeur est pure théorie. Plus aucune maison ne se vend à Trousse Chemise, même avec un prix divisé par 4 ! »
Yannick Palvadeau, chef d’entreprise à Ars-en-Ré, vice-Président d’AVENIR
« Au-delà des conséquences extrêmement préjudiciables du PPRL sur l’île de Ré, je voudrais évoquer un point sur la propriété qui est un droit inviolable donnant droit en France à une juste et préalable indemnité, si j’en crois la constitution française ».
Réponse de la Préfète
« Je vous connais bien Monsieur Palvadeau et vous ne pouvez tenir un double langage, selon que vous êtes à La Rochelle ou sur l’île de Ré. Vous savez très bien que les métiers du bâtiment se portent mal partout en Charente-Maritime.
Le législateur a séparé le droit de propriété et le droit d’usage. Le droit de propriété continue, c’est le droit d’usage qui peut être empêché dans le cadre du PPRL. Mais je crois que l’île de Ré a de grands juristes qui travaillent sur les contentieux, il s’agit donc d’un terrain de réflexion intéressant pour eux ».
Une étudiante
« Je suis étudiante et mon mémoire porte sur le paysage sur l’île de Ré. Dans les centres bourg les règles d’inconstructibilité vont créer des dents creuses, des trous dans la ville. Cela pose quest/ion en matière d’aménagement du territoire. La CdC porte une volonté politique forte du «80/20 », doit-elle totalement changer ses orientations politiques ou l’Etat accepterait-il certaines nouvelles formes de constructibilité, comme des maisons sur pilotis, peut-on projeter de la construction particulière et l’Etat y réfléchit-il ? Pouvoir construire dans ces zones-là aiderait les Rétais à se projeter dans l’avenir… »
Réponse de la Préfète
« On va accélérer les règlements de l’île de Ré, quitte à mettre en attente d’autres communes… »
Etienne Caillaud
« En cas de risque de submersion, qui me préviendra ? »
Réponse de la Préfète
« Le Maire est l’agent de l’Etat pour la sécurité, le Préfet diffuse les alertes par SMS auprès des Mairies et double d’un appel téléphonique du service de la protection civile de la Préfecture, afin que soit mis en place le dispositif d’information des habitants dont le plan communal de sauvegarde (PCS).
Fabrice Provendier
« Nous avons le double effet kiss cool, avec déjà 50 licenciements. Pourquoi n’anticipez-vous pas en intégrant des cartes avec les digues qui vont être réalisées dans les 4 ans ? Ce serait une bonne entrée en matière ».
Réponse de la Préfète
« Jusqu’ici nous n’étions pas dans le cadre des cartes d’aléas mais du REX (retour d’expérience de Xynthia), c’est dans ce cadre qu’étaient pris les sursis à statuer. Par ailleurs, nous avons produit à titre exceptionnel des cartes pédagogiques, intégrant les travaux de digues labellisées PAPI… Ce qui est décidé aujourd’hui n’est pas figé, les choses vont évoluer ».
Michel Pelletier
« Je n’ai pas été du tout convaincu par vos propos sur la constructibilité future, vous faites preuve d’une mauvaise foi pyramidale et renvoyez toute la responsabilité sur les Maires. On demande des digues à Xynthia + 60 cm, pour nous protéger. Ce sont les fondements de la République qui vacillent. Vous n’écoutez pas et ne respectez pas les Maires qui sont les élus de proximité, représentatifs de la population. Certains groupuscules qui ne représentent rien sont écoutés bien plus que les habitants, écoutez les habitants et leurs élus ! »
Réponse de la Préfète
« Vous avez été un Responsable, ce n’est pas bien d’attiser les choses. Je pense que d’’ici 2 ans nous aurons des demandes de révision de PAPI, de labellisation d’avenants. Mais ils seront beaucoup plus chers. Quant aux élus de l’île de Ré on les a entendus, comme je vous l’ai dit nous avons pris du retard par rapport au PPRL d’Oléron, pour prendre le temps du dialogue avec les élus rétais, l’île de Ré a bénéficié d’un traitement exceptionnel. Je suis une simple exécutante locale, le Ministère de l’Ecologie a été constant avec 6 Ministres différents, maintenant s’il fait évoluer la doctrine, j’appliquerai à la lettre l’évolution ».
La réunion publique de la Préfète pour le canton sud de l’île de Ré se tiendra lundi 15 décembre, à 18 heures, salle polyvalente du Bois-Plage.
Voir le dossier PPRL, le point sur la situation, la résistance et la mobilisation de l’île de Ré
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