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La Coopérative des Sauniers sort la tête de l’eau, au prix d’efforts drastiques
Le président, Guy Leprince, a ouvert l’Assemblée Générale en rappelant le contexte difficile de 2014 et les mesures drastiques prise en 2015, qui permettent de présenter un compte de résultat positif (bénéfice net de 49 623 € en 2015, contre une perte de – 362 856 € en 2014), malgré une baisse sensible du chiffre d’affaires (2,78 millions d’€ en 2015, contre 3,57 millions d’€ en 2014).
En effet, l’exercice 2014 très largement déficitaire et le manque de perspective avec un stock de sel dégradé ont contraint la Coopérative à prendre des mesures économiques pour l’année 2015. « En conséquence, nous avons dû pallier l’absence de direction (suite au licenciement du directeur), réaliser le déménagement de l’entrepôt de La Rochelle, et pour ce faire, réhabiliter le hangar de La Couarde. Le retour à Ars-en-Ré des services administratifs et commerciaux a imposé une nouvelle organisation… De plus devant la baisse prévisible du chiffre d’affaires liée à l’abandon programmé de certaines enseignes de la grande distribution, nous nous sommes trouvés bien démunis pour faire face, avce un effectif commercial très réduit. Le seul choix de maîtriser les dépenses pour limiter le déficit a demandé des sacrifices à chacun. Nous vous présentons aujourd’hui un bilan positif et à ce titre, je tiens à remercier l’ensemble du personnel pour les efforts entrepris, et le Conseil d’Administration pour son implication » a expliqué en introduction Guy Leprince.
2015 a été une saison moyenne
Avec 1740 tonnes de Gros Sel brut livrés à la Coopérative et 196 tonnes de Fleur de Sel brut, la récolte de 2015 a été une saison moyenne. Sur la période 2000/2015, la production moyenne a été de 0,542 tonnes par carreau brut. La Coopérative table donc sur 1630 tonnes pour 2016, sur la base de 3010 carreaux. Pour la Fleur de Sel, la période de référence prise en compte est 2008/2015, avec une production moyenne de 11,5 % de la quantité de Gros Sel récolté. Pour une récolte moyenne de 1630 tonnes de Gros Sel, il faut prévoir une moyenne annuelle 2016 de 188 tonnes de Fleur de Sel.
Loïc Picart a fait un point sur les activités de l’Association française des producteurs de sel marin de l’Atlantique. Concernant le projet d’IGP, le cahier des charges a été finalisé et déposé et un plan de contrôles établi avec un organisme certificateur. Ainsi des audits seront menés sur les exploitations cet été, afin de rendre « IGPisable » la récolte 2016 : si l’IGP est obtenue en 2018, les stocks 2016 pourront ainsi être intégrés. Guy Leprince a rappelé que tous les producteurs de l’île de Ré doivent adhérer pour rendre la production 2016 « IGPisable » et ainsi pouvoir vendre le sel sous le nom « île de Ré » et chacun d’entre eux sera audité. Cette année, l’association reprend l’organisation de la fête du sel qui aura lieu en fin d’année.
Des travaux dans les marais salants largement subventionnés
Côté communication et promotion, la CdC a cette année subventionné la participation de la Coopérative à deux salons gastronomiques à La Rochelle et à Bordeaux ; celle-ci a également été présente au marché aux fleurs d’Ars, à Saveurs en Ré (Uniré), aux JEP à Grandville, ainsi qu’au marché de Noël d’Ars, sans oublier les salons professionnels sur lesquels sont présents les salariés. Pour 2016, la Coopérative des Sauniers veut communiquer au plus près des consommateurs, via des articles dans les médias, la refonte des deux Sites en un Site unique, le développement sur les réseaux sociaux, etc. Côté travaux, l’AEMA assure la maîtrise d’ouvrage déléguée par la Coopérative dans le cadre des travaux de restauration des marais salants de l’île de Ré. En 2015, sur les huit dossiers déposés, faisant l’objet d’autorisation et de financements, cinq ont été réalisés, pour 14 612 €. Pour 2016, cinq dossiers ont été déposés pour un montant total de 57 471 € ; deux d’entre eux concernent la réhabilitation d’anciens marais salants abandonnés. Les travaux 2016 seront financés pour 45 % par la CdC, 35 % par le Département, et 20 % par les sauniers exploitants.
Concernant les travaux qui seront réalisés au printemps 2017, afin de déposer les dossiers dans les délais, les sauniers sont invités à déposer leurs demandes à la Coop avant fin septembre 2016.
Les ventes de Fleur de Sel sont tributaires de celles de Gros Sel
Gabrielle Cherpentier a ensuite présenté le contexte commercial. Avec 500 tonnes manquant en janvier 2015, la Coopérative a été contrainte de quitter un gros client, avec un impact collatéral de perte de 39 tonnes de Fleur de Sel. Carrefour ayant racheté ED, la MDD (marque de distributeur) DIA s’est arrêtée en juillet 2015. Compte tenu de ce prévisionnel, il a été décidé d’augmenter la tarification des produits vendus sous la marque « Les Sauniers de l’île de Ré ». Passée de près de 2022 tonnes en 2014 à 1529 tonnes en 2015, la perte de production vendue de 496 tonnes a impacté le chiffre d’affaires, en baisse de 948 000 €, soit – 27 %. S’il représente 83 % des volumes, le Gros Sel ne pèse que 38 % dans le chiffre d’affaires, alors qu’a contrario avec 5 % des volumes, la Fleur de Sel représente 38 % de celui-ci.
Il faut en permanence anticiper, avec des processus de décision très longs en grande distribution. Celle-ci n’accepte par ailleurs de référencer la Fleur de Sel (sur laquelle la marge est donc très intéressante) que dans le cadre d’un volume donné de Gros Sel, l’insuffisance de stock pénalise donc fortement et doublement l’activité commerciale.
Un développement commercial contraint aussi par le manque d’effectif
Si certains sauniers souhaiteraient que soient développés d’autres réseaux que la grande distribution, la tâche est difficile pour le service commercial, non seulement parce que l’ « ADN commercial de la Coopérative réside dans les grandes surfaces, qui représentent 80 % du chiffre d’affaires », mais aussi par le manque de moyens humains de la Coopérative. La prospection à réaliser serait énorme et hors de portée actuellement compte tenu d’un effectif réduit, tout comme un travail à l’export nécessiterait une compétence spécifique en interne. L’absence de stock obère toute vision de long terme, il faudrait produire plus de Gros Sel pour vendre plus de Fleur de Sel. Pour terminer sur des notes plus positives, la nouvelle charte graphique des produits de la marque « Les Sauniers de l’île de Ré » a largement satisfait les distributeurs interrogés, qui la qualifient de « moderne et qualitative » et côté production un travail de standardisation des modes opératoires porte ses fruits, les pertes du crible sont passées de 2,2 % à 1,1 %, la productivité a sensiblement progressé et la réunification des équipes de La Rochelle et d’Ars a été bénéfique.
Pour 2016, le développement commercial est conditionné à la récolte 2016 ; l’objectif est de stabiliser la situation, de s’adapter aux stocks, et de développer en priorité la marque « Les Sauniers de l’île de Ré ». Pour l’export, la Coopérative se contentera dans l’immédiat de répondre aux commandes. L’accent sera mis sur « vendre mieux » et une réflexion est en cours pour augmenter le prix d’achat de la tonne de Gros Sel aux producteurs. Reconstituer les stocks de Gros Sel reste une priorité pour 2016.
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