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Coop des Sauniers : vers une reconquête de marché
Alors que la saison du sel a démarré précocement en cette fin mai, le président de la coopérative des Sauniers de l’île de Ré, Nicolas Bécaud, et le président de l’Association des producteurs de sel de l’île de Ré (APSIR), Louis Merlin, font le point sur l’activité de la coopérative en 2022 et les enjeux de la profession.
Avec environ 4 000 tonnes de Gros sel et 250 tonnes de Fleur de sel produits, l’année 2022 fait partie du top 3 des records de production, avec les années 2003 et 2018, grâce à une météo très propice à l’activité des sauniers. « Nous avons fait deux années en une », se réjouit Nicolas Bécaud. Ainsi, si le charroi a permis de stocker environ la moitié de la production dans les silos de la Coopérative, une partie est restée sur les bosses des marais.
Baisse des ventes, hausse du résultat
« Au plan commercial, 2022 a toutefois marqué le retour à une année classique de marché, après les années Covid où la grande distribution avait écoulé de gros volumes. 2021 avait été une année exceptionnelle, cette année nous avons été confrontés au contexte politique et économique que tout le monde connaît. », explique le président de la Coopérative des Sauniers. « Le coût des emballages représente une part très importante du coût final du produit, notamment pour le Gros sel, nous avons été contraints de répercuter l’augmentation des prix des fournisseurs, mais la grande distribution a bien joué le jeu en 2023, pour ce qui nous concerne, c’est à noter. »
Malgré une baisse de chiffre d’affaires, passé de 4,4 M€ en 2021 à 3,8 M€ en 2022 (- 400 K€ soit – 14 %), liée à un tassement significatif des volumes vendus en grande distribution, le résultat net a progressé de + 100 K€, notamment grâce à une meilleure organisation. Ainsi, si les acomptes pour les producteurs de sel ont baissé, « 2022 reste une bonne année d’acomptes ». Les stocks ont ainsi logiquement gonflé, représentant un peu plus de trois années de ventes, en moyenne.
« 2023 sera une année de reconquête de marché, même si ce début d’année est difficile pour les trois quarts des entreprises de l’agroalimentaire, confrontées à un gros problème de pouvoir d’achat. Nous voulons récupérer les volumes perdus en 2022, nous sommes à l’aise sur nos stocks de Gros sel et de Fleur de sel, nous n’avons pas de pression de production. » Dans ce cadre, un nouveau directeur, à la fibre commerciale, est en cours de recrutement, après le départ « d’un commun accord et en bonne entente de Denis Pinoit, aux compétences industrielles, qui ont été bien utiles pour lancer la nouvelle ligne de transformation. »
Le label commerce équitable obtenu
L’arrivée de la nouvelle ligne de transformation fin 2021/début 2022, permettant de cribler et broyer le grain de sel et d’ajuster son taux d’humidité a permis d’améliorer la productivité et la qualité des prestations. La Coopérative peut désormais satisfaire les demandes de sels techniques destinés aux recettes des industriels de l’industrie agroalimentaire. Cette meilleure valorisation des produits permet d’aller chercher des marchés à forte valeur ajoutée.
Autre sésame pour ouvrir quelques nouvelles portes en grande distribution, la labellisation « Commerce équitable – Fair for life » obtenue en mars 2023 pour la totalité des producteurs de la coopérative, avec une rétroactivité sur l’ensemble du stock 2018-2022. Point de convergence des souhaits de diversification, de valorisation et de meilleure visibilité des spécificités de production du sel artisanal et des valeurs ancestrales du métier, cette recherche de labellisation « commerce équitable » avait été plébiscitée par les adhérents lors de l’assemblée générale de l’an dernier. Elle devrait désormais permettre à la Coopérative d’accroître sa visibilité, sa valeur ajoutée et d’envisager plus sereinement l’avenir.
La déclinaison marketing autour de ce label, notamment son affichage sur les packagings, devrait être opérationnelle fin 2023/début 2024, le temps de la peaufiner, mais aussi d’écouler les stocks actuels de produits finis.
IGP et STG, pour consolider le savoir-faire rétais
Parmi les « dossiers » en cours, sur lesquels l ’APSIR, présidée par Louis Merlin, est en première ligne et représente aussi les sauniers indépendants, figure bien sûr l’IGP (Indication géographique protégée) « Sel de l’île de Ré » ou « Fleur de sel de l’île de Ré » en cours d’instruction à la commission européenne concernée, après que le dossier ait été validé en France par l’INAO. L’obtention de cette IGP permettrait de consolider la notoriété des sels de l’île. Un dossier visant à obtenir une STG (Spécialité traditionnelle garantie) est également en cours à la commission européenne, ce label permettrait aussi de mettre en valeur le mode de production traditionnel du sel de l’île de Ré et le savoir-faire de nos sauniers.
Probable rejet du texte européen sur le sel bio
A contrario, la labellisation bio en cours, dont le texte a été validé par la commission européenne et déposé auprès du parlement européen, inquiète particulièrement les sauniers rétais. « Ce texte est mauvais, il va être rejeté par les Eurodéputés, et c’est une fausse bonne nouvelle car c’est la réglementation générale du bio qui va s’appliquer pour le sel bio, avec un cahier des charges spécifique dans chaque pays. L’Espagne a déjà son propre sel bio, qu’on retrouve sur le marché français et le sel industriel allemand, extrait par explosif, ne va pas tarder avec le lobbying qui est fait. On est dans la situation la pire qui pouvait arriver… », regrette amèrement Louis Merlin.
La label Commerce équitable arrive à point nommé pour mettre en avant les valeurs des petits producteurs, le mode de production ancestral et artisanal du sel de l’île de Ré et le joli produit qui en résulte.
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