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Concertation autour des bâtiments du quai de la Criée
Le président de la CdC et la maire d’Ars-en-Ré ont organisé une réunion de présentation et concertation concernant le projet de réhabilitation des anciens bâtiments de la DDE, situés quai de La Criée. Le premier vice-président de la CdC et l’Architecte étaient aussi présents pour répondre aux questions. Les Casserons sont venus en nombre et semblent adhérer au projet.
Ces cinq bâtiments alignés, situés entre port et marais, abritaient historiquement les bureaux de la Direction départementale de l’Equipement (DDE devenue DDTM) et de l’ancienne capitainerie, sur une surface au plancher de 683 m2. Situés en zone PPRN*, ils se sont fortement dégradés au fil du temps.
10 ans de négociations
La CdC les a acquis auprès de l’Etat en septembre 2012, après négociation du prix, ainsi passé de 1,5 M€ HT à 1,28 M€ HT (soit 1,534 M€ TTC). Avec une difficulté majeure, puisque inondé lors de Xynthia, le site est situé en zone PPRL. Il fait aussi partie du périmètre des 500 mètres de l’Eglise d’Ars, et requière de ce fait un avis conforme (et non pas un avis simple) de l’Architecte des bâtiments de France (ABF). Il a donc aussi fallu négocier longuement une autorisation de permis de construire avec les Services de l’Etat et trois préfets successifs, pour des activités diurnes uniquement. Tout le bâtiment doit rester identique, avec le même volume et les mêmes ouvertures, avec pour seul changement le hangar. « On refait tout, sans rien démolir, on solidifie avec des micropieux enfoncés à 18 mètres de profondeur, sans quoi il n’y aurait aucune stabilité. On est sur le terrain meuble d’un ancien marais. Situé à l’extrême droite du bâtiment l’emblématique hangar va être refait dans son esprit patrimonial, c’est la seule chose sur laquelle l’ABF a été un peu ouvert. Ainsi, des panneaux solaires pourront être installés sur la toiture du hangar, sans encastrement. Cela va valider une jurisprudence île de Ré des Bâtiments de France, il aura fallu quatre ans de négociations avec l’Etat. Cette réforme sera validée dans le PLUi*. Evidemment on ne pourra pas pour autant mettre des panneaux solaires partout, des refus seront possibles notamment en cas de covisibilité. », a expliqué Lionel Quillet. Autant dire qu’aucun des acquéreurs potentiels privés n’aurait obtenu de permis de construire.
Vie permanente et patrimoine
Les objectifs de ce projet de réhabilitation sont de deux ordres. D’une part, il s’inscrit dans la politique de pérennisation de la vie permanente : maintenir voire développer les activités économiques dans les centres-bourgs, faciliter la création d’espaces de travail, favoriser les circuits courts et valoriser les filières locales, mais aussi structurer les offres de soins ; d’autre part il vise à mettre en valeur le patrimoine de l’île, en l’occurrence celui du port d’Ars-en-Ré. Sans oublier que le projet sera performant au plan énergétique, les panneaux photovoltaïques situés sur les toits de la partie « hangar » permettant d’alimenter tout le bâtiment en énergie.
Dans un premier temps, sur l’aile droite, le cabinet paramédical avait été réhabilité en 2016. Cette activité existante s’inscrira dans un lieu de mixité des usages : lieu économique avec cinq commerces de proximité d’une surface de 50 à 100 m2, ouverts à l’année, en lien avec des productions locales et en circuits courts et à l’étage, un espace de bureaux pour l’accueil d’entreprises ; lieu de santé, avec des salles pour les acticités paramédicales existantes et un espace partagé pour développer l’accès aux soins ; lieu culturel et patrimonial enfin, avec une salle d’exposition.
D’énormes contraintes, un seul parti pris architectural
Les contraintes nombreuses sont liées à la vulnérabilité du site, situé en zone d’aléa modéré et fort du PPRL* : pas de nouveaux logements, pas de nouvelle population exposée, pas de changement de destination du bâtiment vers des activités plus sensibles au risque de submersion marine, pas d’augmentation de la vulnérabilité des personnes et des biens, pas de démolition ni création d’ouvertures nouvelles, réhabilitation simple sans surélévation possible. Evidemment, la situation en site inscrit, aux abords du monument historique de l’Eglise, renforce les contraintes d’ordre patrimonial, tout comme les règles d’urbanisme imposent un traitement architectural conforme (par exemple les terrasses sont interdites) et une intégration harmonieuse pour la salle d’exposition (qui sera située dans le « hangar »).
Les aspects techniques représentent également des contraintes lourdes, notamment du fait de la nature des sols et des fondations existantes peu profondes.
« Le seul parti pris architectural du projet concerne ainsi la salle d’exposition, conçue dans le registre des anciens « greniers à sel », avec des mezzanines à l’étage et la recherche d’une sobriété énergétique via l’intégration de deux pans de toitures en panneaux photovoltaïques. », a indiqué Lionel Quillet. L’architecte a précisé que « sa couleur foncée, qui tranche avec les façades en enduit blanc, les toitures en tuiles et les volets battants verts aux étages des autres bâtiments, permettra de mieux intégrer visuellement les panneaux solaires, de couleur noire. Il y a deux hauteurs de bâtiments, trois d’entre eux, dont le hangar, ayant un étage et étant alignés en hauteur, entrecoupés comme actuellement par deux bâtiments en rez-de-chaussée. Architecturalement, ils font écho aux bâtiments de Blondeau Marine et de la salle des sports de la Prée. » L’équipe de maîtrise d’oeuvre est, à cet égard, composée du cabinet d’architectes mandataire Flint (Bordeaux), du cabinet architecte co-traitant ARS Architecte (Sainte-Marie de Ré) et du Bureau d’Etudes Tout Corps d’Etat BETOM (Périgny).
Adhésion des Casserons
Après cette réunion d’information/ concertation, qui n’a pas révélé d’opposition des Casserons présents (lire les questions en encadré), ceux-ci pourront aller consulter en Mairie dans les prochains jours des plans complémentaires. Si cette appropriation de ce projet par la population se confirme, le dépôt du permis de construire pourrait intervenir d’ici la fin juin 2023. Les travaux de désamiantage auraient lieu de septembre à novembre 2023, suivis des travaux de réhabilitation des réseaux d’eau et d’assainissement de janvier à mars 2024 ; les travaux de réhabilitation du bâtiment se dérouleraient de février à octobre 2024, une fois le permis purgé (5 mois). Les dépenses totales des travaux et études sont estimées à 2,2 M€ HT, avec une subvention de la Région Nouvelle- Aquitaine attendue, ce qui en fait l’un de trois gros bâtiments stratégiques pour le Nord de l’île de Ré, « l’un des projets les plus coûteux. »
Le parking du port côté quai de La Criée servira de zone de stockage pour le chantier, avec évidemment accès réservé à la cale pour les propriétaires de bateaux. Les extérieurs seront aménagés dans un second temps, dans une approche de développement durable, le parking sera supprimé, avec maintien seulement de places pour les utilisateurs de la cale. L’idée est d’en faire un lieu de promenade, des places de stationnement existant sur l’arrière du bâtiment et sur la zone du marché.
Lionel Quillet et Danièle Pétiniaud- Gros ont proposé d’organiser une seconde réunion de concertation en vue du choix des commerces. A ce sujet, la commune aura la main : « Ars dira ce qu’elle veut et ne veut pas, afin de ne pas déséquilibrer le tissu économique du village. », a conclu Lionel Quillet.
*PPRN : Plan de prévention des risques naturels / PPRL : Plan de prévention des risques littoraux/ PLUi : Plan local d’urbanisme intercommunal
Questions des Casserons
L’une des principales réactions a concerné la hauteur du « hangar », la photo projetée pouvant laisser penser que ce bâtiment sera très imposant. Ainsi que sa couleur foncée qui tranche.
La hauteur sera bien la même que celle des deux autres bâtiments à étage : « La photo a été prise depuis le bas de la cale à bateaux, ce qui donne un effet déformant, la hauteur de faitage est la même », a confirmé l’architecte. « La couleur foncée est, elle, souhaitable pour une meilleure intégration paysagère des panneaux photovoltaïques, eux-mêmes foncés, même si on la souhaite la moins foncée possible. »
La durée et les nuisances du chantier ont aussi été évoquées, « un mal pour un bien » a répondu la maire d’Ars, précisant que le chantier sera certes situé au centre du port mais pas au centre du village et que le gros du chantier aura lieu en hiver. « Mais oui, il s’agit d’un gros chantier. »
Pendant les travaux, les kinés retourneront là où ils étaient auparavant, rue Thiers (à partir de mi-septembre 2023).
Une question a concerné l’opportunité de surélévation des deux dents creuses situées au milieu de ces cinq bâtiments : « Impossible eu égard aux contraintes du PPRL », a réaffirmé Lionel Quillet. « La seule extension possible était soit 30 m2 au RdC et 30 m2 à l’étage, soit 60 m2 à l’étage, on a consommé tout ce que l’on pouvait niveau PPRL. »
Une autre question a porté sur le type et le potentiel de candidats pour les commerces : « On est inondé de demandes, ce ne sera pas des métiers de bouche, pas de cafés restaurants. Ils devront être ouverts à l’année. Nous n’irons pas au plus offrant, mais au plus utile, mais les loyers seront quand même en rapport avec la situation exceptionnelle de ce site. Le projet coûtera 4 M€ (acquisition + travaux) au contribuable rétais, il nous faudra au moins 40 ans de loyers pour amortir l’ensemble. », a précisé Lionel Quillet.
Une question a aussi porté sur les logements possibles pour les professionnels qui y exerceront. Différents projets de logements sont en cours de réflexion à Ars-en-Ré, qu’a détaillés Danièle Pétiniaud-Gros.
Une participante, qui habite le port, a dit en conclusion combien elle est ravie de voir bientôt revivre ce site, traduisant semble-t-il l’avis d’un grand nombre de Casserons.
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