Classement ESOD : pas de répit pour le renard
Le 4 août dernier, l’arrêté ministériel relatif aux Espèces Susceptibles d’Occasionner des Dégâts, a été renouvelé pour trois ans par le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Cet arrêté permet l’abattage, sans restriction, de quatre mammifères et cinq oiseaux sauvages, dont le renard.
Un classement remis en question
Si 70% des Français se sont prononcés contre ce classement ESOD lors de la consultation publique précédant la signature de cet arrêté, le gouvernement n’a réalisé que quelques maigres avancées concernant le piégeage et l’abattage de millions d’animaux sauvages parmi les neuf espèces désignées comme ESOD (la martre des pins, la belette, la fouine, le renard roux, la pie bavarde, le geai des chênes, la corneille noire, le corbeau freux et l’étourneau sansonnet). Ainsi, pour ces espèces classées ESOD, il est possible d’abattre des animaux tout au long de l’année, sans limite de nombre, et ce donc même en dehors des périodes de chasse, sous prétexte de protéger les cultures et autres activités humaines d’éventuels dégâts.
Les méthodes de piégeage et d’abattage sont, de plus, d’une violence extrême, pour des prises de chasse qui ne sont pas consommées par les chasseurs par la suite. Seules maigres consolations pour les amoureux de la nature et de la faune sauvage : le putois, en voie critique d’extinction depuis plusieurs années, a été retiré cette année de la liste des ESOD, et il est maintenant possible pour les préfets de limiter les modes de destruction des ESOD dans leur zone de juridiction.
Ce classement, basé sur des déclarations de dégâts individuelles non soumises à justification, et non sur des données chiffrées et argumentées de surpopulation ou d’invasion de zones d’activité humaine, a de fortes répercussions sur les écosystèmes selon de nombreuses associations de protection de la biodiversité. Sur l’île de Ré, ce sont ainsi plusieurs milliers d’animaux tués sous couvert de cet arrêté chaque année, et notamment des renards.
Le renard, essentiel à l’écosystème
Le renard, très présent sur l’île de Ré, est l’une des espèces menacées par cet arrêté ESOD. C’est un animal qui a toujours été considéré par le grand public comme par les professionnels du secteur agricole comme un nuisible. Pourtant, c’est un élément fort de la biodiversité, qui est très utile sur bien des plans. Le renard permet par exemple de protéger de manière très écologique les cultures, en chassant les rongeurs, les campagnols par exemple, qui détruisent les récoltes et les zones d’herbage. Ainsi, un renard peut consommer chaque année jusqu’à 6000 rongeurs, sans compter la nourriture apportée aux renardeaux. De quoi permettre aux agriculteurs de réduire l’utilisation de pesticides, aux effets néfastes sur les écosystèmes démontrés par de nombreuses études.
Le renard, omnivore et volontiers charognard, participe également à l’assainissement et au renouvellement de nos campagnes, en consommant les animaux malades et les cadavres, et en disséminant sur leur territoire les graines des fruits qu’ils consomment. Ainsi, le renard est reconnu pour participer activement à la diminution de la présence sur les territoires de la borréliose de Lyme, véhiculée par de nombreux rongeurs porteurs de tiques infectées par cette maladie transmissible à l’homme. Enfin, le renard fait partie de notre patrimoine et de la richesse naturelle de l’île de Ré, sans compter que c’est un être sensible qui mérite d’être respecté.
L’ASPAS en actions
L’ASPAS, ou Association pour la Protection des Animaux Sauvages, est créée en 1981 dans la Drôme. Cette association a pour vocation de protéger les « sans voix » de la faune sauvage, notamment en engageant des actions juridiques pour faire respecter le droit de l’environnement, et ce même contre les pouvoirs publics si besoin. L’ASPAS a ainsi réalisé quelque 3500 procédures judiciaires depuis sa création. Cette association milite notamment depuis de nombreuses années pour le déclassement du renard de la liste des ESOD. Suite au nouvel arrêté signé début août, elle prévoit d’ores et déjà une action en justice, tout comme la LPO, qui a mené cet été une campagne de sensibilisation auprès du grand public. Cet arrêté ministériel courre jusqu’à août 2026.
L’ASPAS recrute toute l’année des bénévoles, et notamment sur l’île de Ré. Si vous souhaitez vous engager pour les causes que cette association défend, rendez-vous sur le site officiel : www.aspas-nature.org
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