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« Circuit court = Plus de 17 dans l’assiette » : une politique volontariste
Françoise de Roffignac, vice-présidente du Département de la Charente-Maritime a présenté, le 10 octobre dernier, les priorités du plan de développement des circuits courts en faveur de l’agriculture en Charente-Maritime, appuyée par le témoignage de Valérie Rialland, exploitante agricole à Port-d’Envaux.
Le circuit court » est un mode de commercialisation de produits agricoles, bruts ou transformés, dont la pratique commerciale et la distribution ne font intervenir qu’un seul intermédiaire, « du producteur au consommateur » et un maximum de 80 km entre le produit et le consommateur. La volonté de consommer « local et sain » et d’augmenter la production des circuits courts est la priorité du Département.
Françoise de Roffignac reprend le slogan : « Plus de 17 dans l’assiette » pour expliquer la mise en place de nouvelles aides visant à soutenir et à développer l’agriculture locale de proximité, à permettre aux agriculteurs de mieux valoriser leur production pour qu’ils puissent en vivre et aux consommateurs d’acheter local et sain. Une démarche liée étroitement avec la Chambre d’Agriculture et le soutien du CREGENE*, tous en synergie pour avancer dans cet objectif commun.
Le Département s’engage avec ses partenaires à accentuer la présence de produits locaux et de qualité dans l’assiette du consommateur lambda mais aussi celle des plus fragiles comme les scolaires et les personnes âgées ; des groupements d’achats sont pilotés par la collectivité pour connaître les producteurs afin d’avoir des produits de qualité et subir moins de perte.
Développer la demande pour la rendre pérenne, en ciblant la restauration collective et privée
Le département de la Charente- Maritime aide aux financements d’achats de produits bio d’origine locale dans les collèges et apporte aussi par exemple, son soutien financier à l’association IC Catering** pour la conception d’une conserverie ambulante.
Depuis 2016, le Département et ses partenaires ont construit un plan d’action qui s’engage à renforcer la présence de produits locaux de qualité dans l’assiette du consommateur, favoriser l’accès des consommateurs aux produits de saison, sains et de qualité, développer l’offre et la demande, développer et structurer une agriculture locale de proximité afin de permettre aux agriculteurs de mieux valoriser leurs productions en les aidant à se regrouper sous forme d’association, pour favoriser un cercle d’échanges et de services. Une sorte de « Blablacar » s’est créée entre des producteurs pour le transport de leurs productions. Autre engagement éditer des livrets de référence par saveur, par filière, animale ou agricole.
Le Département de la Charente-Maritime et la Chambre d’Agriculture proposent une aide à la reprise ou à la création d’exploitations sous conditions***, qui comprend une subvention de 5000 euros ou encore un accompagnement technico- économique suivant le profil de la demande…
Un reconversion professionnelle pour retrouver le goût de la terre
Valérie Rialland, maraîchère bio à Port d’Envaux a bénéficié du prêt départemental, du dispositif d’aide à l’installation et de la contribution solidarité territoriale de la Région. Elle se présente comme « productrice, artisane et confiturière ». Après avoir été officier dans la Marine Marchande, elle a passé près de vingt ans dans un bureau où elle a travaillé en comptabilité et informatique. En 2007, elle ressent le besoin de retrouver le goût de la terre, légué par son grand-père agriculteur. Après un bilan de compétence et un diplôme de maraîchage, elle achète un terrain pour se lancer dans la culture des fruits bio, c’était « primordiale » dit-elle. Depuis 2012, Valérie Rialland fournit à ses clients des fruits goûteux, qui ne passent jamais par la conservation des chambres froides, qu’elle transforme aussi partiellement en confitures, sirops, nectars et bonbons.
Un plan d’entreprise qu’elle avait mûrement réfléchi, le circuit court elle l’a choisi : « Quand le client vient chercher ses fruits, qu’il est satisfait, on le sait tout de suite, on est en direct avec lui ». Le « bouche à oreille » est sa meilleure publicité. Elle vend ses fruits dans trois points de vente mais n’a pas assez de production pour les élargir ailleurs : « Ce n’est pas mon intention, je veux garder mon plaisir à voir pousser ! » Elle travaille seule, tous les jours sur l’exploitation, elle fait même de la vente le soir, elle reconnaît qu’elle ne sait pas trop se situer sur le prix du marché, qu’elle se met toujours à la place du consommateur. Cinq ans après s’être lancée, elle ne dégage pas encore de revenus pour elle, mais a pu investir dans l’achat d’un laboratoire de transformation pour ses fruits. La première année son chiffre d’affaires avoisinait les 5000 euros, cette année elle atteint les 15 000 euros. Elle reconnaît que les revenus de son mari sont bienvenus.
Valérie Rialland illustre bien l’esprit du circuit court, pas d’intermédiaire, un vrai goût, sain, sans traitement… c’est vers des exploitants à son image que le Département souhaite diriger le consommateur, qu’il s’agisse de producteurs de fruits, de légumes, de viandes, de fromages, de lait, de produits de la mer… ou bien de revendeur privilégiant ces producteurs locaux, le circuit court doit respecter une consommation saine, renforcer la production en Charente-Maritime et maintenir une économie respectueuse.
Valérie Lambert
* Conservatoire des Ressources Génétiques du Centre Ouest Atlantique
** Association qui intervient sur toute la région Poitou-Charentes : www.initiative-catering. fr/accueil.html
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