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« La Charente-Maritime a toute sa place dans la nouvelle grande Région »
Au lendemain des élections régionales et de la création de la nouvelle grande Région Aquitaine-Limousin- Poitou-Charentes, Ré à la Hune a rencontré le président du Conseil départemental de Charente-Maritime, Dominique Bussereau, afin de faire le point sur les enjeux de notre territoire.
Ré à la Hune : Comment se positionne le Département de Charente-Maritime au sein de la nouvelle grande Région et dans le cadre la loi NOTRe, promulguée le 7 août dernier ?
Dominique Bussereau : La Charente- Maritime est le 3ème département par sa population, et ressemble beaucoup aux Pyrénées-Atlantiques, montagnes en moins. Une nouvelle répartition des compétences entre les différentes collectivités (Région, Départements, Intercommunalités) va progressivement se mettre en place et chacun devra apprendre à travailler avec les autres. Pour notre part, nous pensons que nos relations seront bien meilleures avec la nouvelle grande Région Aquitaine qu’avec la Région Poitou-Charentes, les relations étaient très moyennes. Alain Rousset, président de la nouvelle grande Région, est de plus un ami que j’ai connu sur les bancs de Sciences Po, tout comme François Hollande. Je ne partage pas ses orientations politiques, mais j’apprécie beaucoup l’homme avec qui j’entretiens des relations amicales. De plus nous avons décidé avec mes collègues des autres Départements d’installer une représentation commune à Bordeaux, constituée d’une petite équipe qui sera chargée de suivre les dossiers avec les services de la Région, en appui des élus départementaux.
Dans la cadre de la Loi NOTRe, le Département est chef de file des solidarités sociales et territoriales, autrement dit toute l’action sociale, il aura désormais des compétences limitées dans le domaine économique, la Région étant chef de file. Celle-ci pourra re-déléguer au Département, par voie de convention, les aides à l’immobilier d’Entreprise et le Département pourra aussi continuer à assurer un accompagnement économique, en appui à l’action de la Région et des Intercommunalités. Surtout, le Département garde sa compétence Tourisme, clé de voûte du développement économique sur notre territoire.
La nouvelle Région a la taille d’un pays comme le Danemark ou l’Autriche, des structures intermédiaires sont nécessaires pour assurer la solidarité territoriale. Avec des majorités politiques claires, les Départements sortent renforcées face à des Régions dont les majorités sont fondées sur la proportionnelle, avec une percée forte du Front National. Certaines Régions n’ont pas de représentation PS, alors qu’il s’agit du parti parlementaire majoritaire… Ceci dit, nous avons beaucoup de liens historiques avec Bordeaux, une partie de la Charente-Maritime est enclavée en Aquitaine et un tiers de celle-ci est bordée par la Gironde et la Dordogne. Le sud du Département est à moitié tourné vers Bordeaux. Le Port de La Rochelle dont le trafic est supérieur à celui de Bordeaux a de plus vocation à devenir le port principal de cette nouvelle Région, accessible 24 h sur 24 en eaux profondes.
« Je ne suis guère optimiste quant à l’issue des négociations
avec le Premier ministre sur le financement
des dépenses sociales croissantes. »
Quels sont les enjeux du Département de la Charente-Maritime et les principaux dossiers cette année ?
Les dépenses sociales augmentent très fortement et les Départements se retrouvent dans une impasse budgétaire sans précédent. En tant que Président de l’Assemblée des Départements de France j’ai rencontré le Premier Ministre et il était convenu de trouver avant mars prochain une issue à la grave crise financière des Départements due à cette croissance des dépenses sociales qui ne sont plus financées. Je lui ai adressé un courrier en date du 11 janvier 2016, lui faisant part de mon extrême inquiétude devant l’imminence de l’échéance de vote des budgets départementaux, tandis que les négociations en cours se font sur des bases peu réalistes. Je ne suis guère optimiste sur leur issue.
La mise en oeuvre du Plan Digues constitue une action très importante, au lendemain de la COP21, et fera de la Charente-Maritime le territoire le plus protégé de France. Ainsi le montant des crédits alloués passe de 12 millions € au budget primitif 2015 à 24,6 millions € en 2016. Sont concernés sur l’île de Ré en 2016 Les Doreaux (St Clément), la Fosse de Loix, le Boutillon et le port de La Flotte.
Le Schéma départemental d’aménagement numérique, voté en juin 2015, a pour objectif d’équiper en très haut débit (fibre optique) tous les habitants de Charente- Maritime d’ici dix ans, et 60 % d’entre eux avant fin 2020. Il est chiffré à 450 millions d’€ et sera cofinancé par l’Etat, la Région et l’Europe, le Département et les Intercommunalités. Dans l’île de Ré, la desserte de la population nécessite la construction de deux nœuds de raccordement optique, 25 points de mutualisation et 22 225 prises. Une première phase prévoit de construire les deux nœuds situés à Ars et Saint- Martin et de retenir principalement la desserte de la commune de Saint-Martin (2700 prises).
En matière d’aménagement du territoire et des transports, 2016 est la dernière année de travaux sur la LGV, qui arrivera à Bordeaux dès l’été 2017. Concernant les trajets directs Paris-La Rochelle, les discussions avec la SNCF continuent… L’aéroport La Rochelle-île de Ré aurait pu fermer au 1er janvier si nous n’avions pas décidé la mise en place d’un Syndicat Mixte gérant les aéroports rochelais et rochefortais. Son financement sera assuré par le Département de Charente-Maritime, la CdA de La Rochelle, la CdC de l’île de Ré et la CARO (CdA de Rochefort Océan). Il faudra que la Région se penche rapidement sur une carte aéroportuaire régionale, il y a trop de petits aéroports, or un aéroport s’équilibre à un million de passagers, celui de Mérignac en draine 5 millions par an. Compte-tenu de la géographie de la Région, un aéroport doit être maintenu sur le nord, celui de La Rochelle (300 000 passagers) ne pourra s’étendre, l’idée d’implantation à Rochefort à terme reste d’actualité.
Après l’abandon du projet de l’A 831, le Premier Ministre s’était engagé à prendre des mesures de compensation, avec notamment un projet intégrant le contournement de Marans, dont les enjeux en matière économique et de sécurité sont vitaux pour notre territoire et sa population. Je lui ai adressé un courrier le 14 janvier, lui faisant part de mon inquiétude devant l’absence de suite à ce jour.
Quelles sont vos ambitions et pourquoi avez-vous décidé de soutenir la candidature d’Alain Juppé aux primaires des Républicains ?
Dans le cadre du non cumul, je devrai au printemps 2017 choisir entre ma fonction au Département ou la Députation. J’ai quitté mes fonctions ministérielles en 2010, après 9 années de responsabilité, pour souffler et reprendre de l’oxygène, et présider la Charente-Maritime. Je soutiens effectivement Alain Juppé avec qui j’entretiens des relations amicales depuis 30 ans, sans oublier notre proximité géographique. J’appartiens à la famille politique Giscardienne, de la droite modérée, j’apprécie la tempérance, la modération d’Alain Juppé et son engagement politique.
Voir les voeux 2016 des maires de l’île de Ré, de la Communauté de communes et du député
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