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C’est dur d’avoir 20 ans en 2020
Fermé au public depuis le 29 octobre dernier à cause de la crise de la Covid, l’Aquarium de La Rochelle, qui vient de fêter son vingtième anniversaire, continue à prendre soin au quotidien de ses 12 000 pensionnaires. Petite plongée dans ses coulisses
L’Aquarium de La Rochelle est comme une métaphore de l’époque actuelle. Déserté par le public, son hall d’accueil a des airs de lieu à l’abandon. Franchissez la porte de l’espace muséographique, c’est une explosion de vie. Dans l’espace atlantique, seiches, raies et soles s’essayent aux techniques de camouflage, dans un ballet féerique. Un peu plus loin, les méduses se meuvent dans une élégance hypnotique, tandis que les requins fascinent par leurs allées et venues majestueuses. A part quelques échelles au milieu du décor et l’absence de visiteurs, rien n’a vraiment changé. La moitié du personnel habituel, essentiellement les biologistes et les équipes techniques, s’activent toujours en coulisses pour rester « aux petits soins » des quelques 12 000 animaux du site, qui, eux, se moquent bien des turpitudes du monde ici-bas. Il faut bien continuer à nourrir tout ce petit monde, à hauteur de 18 kilos de poissons par jour (issus de la criée de la Pallice), contrôler la qualité de l’eau, soigner les petits bobos…Fermé depuis le 29 octobre dernier, le lieu le plus fréquenté de La Rochelle avec ses 800 000 visiteurs par an, n’en finit plus d’espérer sa réouverture. « Tous les jours, nous espérons que ça sera pour demain », confie Mathieu Coutant, le directeur général.
Pas de dérogation
Soumis au même régime sec que les musées, l’établissement n’a pas obtenu de dérogation, malgré son savoir-faire en matière d’organisation des flux de visiteurs et de sécurité. « Objectivement, nous sommes en capacité de respecter une jauge, explique Mathieu Coutant. Nous avons fourni un dossier à la préfecture avec toutes les mesures de sécurité à mettre en place, de la circulation de l’air au gel hydroalcoolique en passant par la réservation de créneaux horaires pour les visites ». Que nenni. Pourtant, ces mesures avaient pu être expérimentées en 2020 lors des différents « stop and go » de la Covid : à l’issue du premier confinement, la jauge avait été abaissée de 60% du 3 juin au 13 octobre, puis de 75% du 13 au 29 octobre. Dans ce bâtiment de 8400 m2 (dont 3000 m2 d’espaces de visite), soit l’équivalent de la surface d’un hypermarché, on comprend aisément que sa fermeture répond davantage à la nécessité de ne pas créer de précédent (pourquoi l’aquarium serait ouvert alors que les lieux culturels sont fermés) qu’à une logique purement sanitaire. Même les scolaires (15 000 élèves par an) se sont vus interdire l’accès(2).
L’Aquarium avait cru voir la lumière en fin d’année, misant sur une réouverture le 15 décembre pour les vacances de Noël. Du coup, il faut composer avec une billetterie en chute libre, indispensable pour faire tourner la boutique : de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019, l’établissement privé a enregistré une baisse de 40% en 2020 (6 millions d’euros). Certes, les aides de l’Etat ont payé le chômage partiel à la moitié des 35 salariés privés de leur activité (ceux dédiés à l’accueil du public et à la billetterie) et le fonds de solidarité permet de payer une partie des charges fixes(1). « Mais nous n’avons pas vocation à dépendre de fonds publics, qui par ailleurs ne sont pas suffisants même si l’Etat a fait des efforts conséquents », confie Mathieu Coutant. Certes, la gestion de bon père de famille depuis 30 ans lui permet de « passer cette situation de crise sans se poser la question d’une fermeture définitive », mais il ne faudrait pas que ça s’éternise. En France, certains aquariums sont au bord de l’asphyxie, à l’instar de celui du Cap d’Agde qui vient de mettre la clé sous la porte.
Poissons sociaux
Dans ce lieu qui accueille chaque année près de 800 000 visiteurs, on imagine par contre que les 12 000 animaux (et 600 espèces différentes) connaissent depuis quelques mois une certaine quiétude. « On n’a pas constaté de comportements différents, sachant que nous leur apportons toujours le même soin et la même attention, qu’il y ait ou non des visiteurs », explique le directeur. Par contre, il s’interroge sur le comportement de certains poissons, qui s’approchent beaucoup plus souvent des vitres quand ils voient passer quelqu’un. « Auraient-ils besoin de relations sociales comme nous ? Ça donne l’impression qu’ils attendent le retour des visiteurs », sourit Mathieu Coutant.
S’il admet que les poissons peuvent connaître un stress « ponctuel » par un flash ou le bruit d’un visiteur, cette stabilité du comportement des poissons en période de fermeture est plutôt rassurante. « Nous nous sommes bien-sûr déjà posé la question, mais nous étions convaincus qu’il n’y avait pas de stress majeur. Il faut savoir que la notion de stress est assez radicale chez les poissons, et qu’elle déclenche des maladies, et, in fine, la mort ». En attendant, Mathieu Coutant espère une réouverture en mai. Il sera alors temps d’entrevoir l’avenir avec sérénité, et d’envisager quelques festivités pour le 20ème anniversaire du « nouvel » Aquarium, qui a déménagé des Minimes à son site actuel en 2000. « On le fêtera un peu en retard, mais c’est important de rassembler tous les acteurs qui ont participé à cette aventure ».
1 – Un temps envisagée, cette ouverture aux scolaires n’a pas été possible pour des problèmes logistiques dus à l’épidémie (transports, prises de repas sur place etc).
2 – Un dispositif exceptionnel prévoit une prise en charge des coûts fixes pour les entreprises réalisant plus de 12 millions de chiffre d’affaires annuel. L’Aquarium, avec ses 10 millions d’€ annuels, ne pouvait pas initialement en bénéficier, mais le dispositif devrait finalement être étendu à certains secteurs (dont les zoos, les aquariums, les établissements thermaux etc) sans critère de chiffre d’affaires, à compter du 31 mars (avec caractère rétroactif pour les mois de janvier et février).
Des nouveaux pensionnaires venus d’Arcachon
Alors que l’Aquarium d’Arcachon, qui dépend de l’université de Bordeaux, a dû fermer ses portes pour rénover des locaux vétustes, il a fallu trouver un point de chute à la centaine de poissons et aux quelques invertébrés. Contacté, l’Aquarium de la Rochelle a accepté d’accueillir, le temps qu’il faudra, les espèces atlantiques et tropicales. Avant de les intégrer aux bassins communautaires, chaque animal fait l’objet d’une quarantaine afin d’éviter tout risque d’introduction de maladies chez les espèces hôtes. Une fois placés avec leurs nouveaux congénères, il faut compter une semaine d’observation pour valider l’intégration des petits nouveaux. « Chaque individu a son caractère, et il peut y avoir une notion de domination sexuelle. On s’assure donc que tout se passe bien », confie Mathieu Coutant. Pour l’Aquarium, cet apport permet de brasser les profils génétiques des espèces déjà présentes et d’en accueillir de nouvelles, à l’image de cette raie aigle.
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