Cérémonies des voeux de la CdC
Le one-man show du Président joué à guichets fermés
Chaque année à pareille époque, la salle polyvalente du Bois-Plage devient « the place to be » le temps d’une soirée, celle des voeux du président de la Communauté de Communes de l’île de Ré. Une cérémonie atypique, soigneusement préparée par Lionel Quillet et ses équipes. [ Illustrations : Hélène Gaudin ]
Ce sont ainsi environ mille Rétais – et quelques Rochelais VIP – qui se sont pressés jeudi 16 janvier se demandant ce qui les attendait cette année. Parmi les maires, seul manquait à l’appel – comme à l’accoutumée – celui de La Flotte, Léon Gendre. D’entrée de jeu le maire accueillant, Jean-Pierre Gaillard, a rappelé – avec humour et façon guide touristique – les règles en cette période électorale : rester informatif et factuel. Et même si le président a été particulièrement attentif à éviter le mélange des genres, les élections municipales des 15 et 22 mars prochains étaient dans tous les esprits, y compris celui du Secrétaire général de la Préfecture, Pierre-Emmanuel Portheret, représentant le Préfet Nicolas Basselier, retenu à Paris.
Le Tour de France, fil conducteur humoristique des voeux 2020
Chaque année le président choisit un thème faisant office de fil conducteur à son discours. En cette année 2020, le Tour de France s’imposait, puisqu’il fera une étape inédite, entre les deux îles d’Oléron et de Ré, en Charente-Maritime, avec une arrivée à proximité des remparts Vauban à Saint- Martin de Ré.
Le prestigieux Tour de France et les six heures de direct valorisant, via ses vues aériennes tournées par hélicoptère, le littoral charentais-maritime, qui sera diffusé dans 190 pays – « dont le Liban : C’est Carlos Ghosn qui sera content. Vous avez remarqué les pubs des nouvelles Renault : Trafic, Captur, Evasion… cela ne s’invente pas ! », s’est moqué le président – par 3,8 milliards de téléspectateurs, ce qui générera quelques futurs Rétais a renchéri un peu plus tard Pierre-Emmanuel Portheret. Et aussi, les mécontents du Tour de France, « ceux qui n’aiment pas le monde, ceux qui déplorent qu’il y aura trop de cyclistes, des cyclistes sur le Pont… ou encore ceux qui n’aiment pas les bonbons Haribo ou les saucissons Justin Bridou » a raillé Lionel Quillet, qui en a entendu, des vertes et des pas mûres, depuis l’annonce de l’évènement !
Au côté de l’acteur principal de ce spectacle, tous les maires ont été mis en scène, chacun endossant l’habit d’un métier essentiel au Tour de France via un dessin humoristique très réussi, réalisé par Hélène Gaudin, agent de la Communauté de Communes. A l’applaudimètre… des rires de la salle, le coup d’envoi du départ de la course donné par Léon Gendre – le Maire de La Flotte quitte au mois de mars la vie politique -, l’échappée de Patrice Raffarin – les élus de Rivedoux ont émis un vote défavorable au PLUi voté par 23 délégués communautaires sur 26 -, le ravitailleur de la course Gilles Duval – bon vivant notoirement connu -, le mécano Patrice Déchelette – ancien professeur de technologie au collège des Salières -, ou encore le contrôleur anti-dopage Jean-Pierre Gaillard – il a fait sa carrière professionnelle dans la police -, ont particulièrement plu.
Des dossiers de fond : logement et protection des côtes
La forme humoristique et décalée n’excluant pas – bien au contraire – le fond, le président a rappelé combien le PLUi fut une course contre la montre, avec quatre années de travail acharné. Un document d’urbanisme majeur qui respecte la règle des 80 % de l’île inconstructibles et qui comporte des outils puissants pour limiter le monde dans l’île de Ré, à l’image du Coefficient Pleine Terre limitant fortement la surface constructible dans les 20 % restants. « Deux maisons sur cinq sont désormais louées sur l’île de Ré » a scandé le président Quillet, cela explique en partie la surfréquentation des beaux jours. Un PLUi qui a aussi significativement réduit la potentialité de 380 ha constructibles à l’intérieur du périmètre des 20%, puisque désormais seuls 70 ha sont encore constructibles, pour des projets publics tels les ZA de Ste- Marie, St-Clément, La Couarde, les bâtiments agricoles partagés, mais aussi les logements sociaux.
« Fer de lance » de la politique territoriale rétaise, le parc de logements sociaux sur l’île de Ré a été porté à mille logements et le PLUi en prévoit quatre-cents nouveaux inscrits dans le cadre des OAP (Opérations d’aménagement programmé) thématiques. « Cinq-cents demandes contrôlées (sur sept-cents au départ) de Rétais attendent encore satisfaction. Elles émanent à 55% de familles de deux personnes ou de mères de famille seules avec leurs enfants ou de personnes divorcées, 60% des demandes concernent des T2 et T3. Outre les projets publics, tous les projets immobiliers privés comportant quatre logements ou plus devront dédier 50% du projet à des logements aidés ». Lionel Quillet en a profité pour dire combien il désapprouve l’état d’insalubrité de certains logements privés, des appartements poubelles loués parfois 800 € le mois : « ce n’est pas entendable pour l’île de Ré ».
Le PAPI (Plan d’action de prévention des inondations) de l’île de Ré, « le plus gros chantier de France, avec 66 km de digues existantes sur 107 km de côtes » protègera l’île de Ré (Xynthia + 20 cm) mais face au réchauffement et aux évènements climatiques, les générations futures devront décider si elles entendent continuer de vivre sur l’île et protéger encore plus (Xynthia + 60 cm) ou quitter le territoire…
Le PAPI 1 en voie d’achèvement aura coûté 45 millions d’€, le PAPI 2 (de 3ème génération) concernant particulièrement le Nord de l’île et le Fier d’Ars, représente un budget de 55 millions d’€ : « Allez défendre à Paris qu’un projet local, financé à 40 % par l’Etat, représente une enveloppe de 100 millions d’€ pour 18 000 habitants ! Il a fallu expliquer notre approche stratégique globale et l’action de l’ancien Préfet Rigoulet-Roze et du Secrétaire général Portheret a été déterminante ». Reste à faire valider ce PAPI 2 par le Comité de Bassin en février puis par le CMI en avril, ce qui n’est pas encore acquis…
Des services pour la population permanente
S’il est essentiel, le logement n’est pas suffisant pour retenir la population qui connaît une érosion. L’action sociale que mène chaque Commune au quotidien est déterminante, tout comme la politique sociale menée par l’intercommunalité qui gère les crèches, le RAM (Relais d’assistantes maternelles), la Maison des Parents (St-Clément)… L’analyse des besoins sociaux menée en 2019 va permettre d’orienter la politique sociale sur les jeunes et les seniors, avec tous les partenaires institutionnels.
Les péripéties de l’agrandissement/ rénovation de La Maline depuis dix ans – difficultés du permis de construire avec notamment le PPRL, les actions contentieuses, puis le retard des travaux pris avec le non acheminement de la grue à la suite de la rupture d’un câble du Pont -, l’intégration de cet équipement culturel majeur du territoire à la CdC, son budget prévisionnel dépassant le million d’€ « trop lourd pour une association », ont conduit à une nouvelle identité culturelle ; la programmation va prendre son envol avec l’arrivée toute récente d’un directeur de la programmation.
Côté sport, ce sont trente-trois projets d’investissements qui ont été menés dans toutes les communes en moins de dix ans, pour un montant total de 11 millions d’€, pris en charge à 20 % par le Département et 30 % par la Communauté de Communes, qui a aussi voté en 2019 une aide possible aux sportifs de très haut niveau.
« Malheureusement, c’est un crève-coeur pour l’île de Ré, la piscine a dû être fermée pour dix mois de travaux, elle réouvrira pour l’été 2020 » a confirmé le président.
Toute la Charente-Maritime, dans ses moindres recoins, va être équipée prochainement en Très Haut Débit, le Département y consacre un budget de 326 millions d’€ et les travaux ont démarré plus vite que prévu, c’est de nature à susciter des changements de vie avec des installations sur l’île de Ré.
La mobilité alternative, un sujet majeur
Clou final du discours, la mobilité, sujet sensible s’il en est sur l’île de Ré : « Plus on protègera Ré, plus on viendra sur Ré, il faut refouler le plus possible les voitures. Nous voulons continuer d’encourager les moyens de transport alternatifs à la voiture – malheureusement les vedettes maritimes ne peuvent prendre en charge que deux-cents personnes soit, du fait des marées, que six-cents personnes par jour, alors que le 14 août se sont quatorze- mille voitures qui franchissent le Pont. Ce sont donc les déplacements à vélo et vélo électrique qui doivent être encouragés, et dans le cadre de « Cap sur la Mobilité 2019/2024 » le Département prévoit une troisième voie sur le Pont, non pas pour accueillir plus de voitures, mais pour les bus, les véhicules de secours uniquement. Si on n’agit pas on va étouffer Ré, les salariés ne pourront plus venir travailler…
Destination île de Ré fait un très bon travail, il ne s’agit pas de faire venir du monde, mais d’équilibrer aux plans quantitatif et qualitatif. »
« On a fait une très belle île, a conclu Lionel Quillet, sans le Pont nous ne serions pour la plupart d’entre nous pas là, je remercie les dix Maires, les vingt-six Délégués communautaires et les cent-soixante-douze Conseillers municipaux, ainsi que les équipes de la CdC et du Département pour le gros boulot accompli. »
« La sève de la République »
Période de retenue oblige, à quelques semaines des élections municipales, Pierre-Emmanuel Portheret, Sous-Préfet et Secrétaire général de la Préfecture de Charente-Maritime a rendu hommage aux Maires de l’île qui ne se représentent pas : Léon Gendre, Jean-Louis Olivier, Michel Auclair et Gilles Duval, saluant « leur attachement et leur amour pour leurs communes qui leur font honneur, constituant la sève de la République, j’y associe les conseillers municipaux qui ne se représentent pas. » Il a appelé de ses voeux une campagne électorale avec débat et dans le respect des candidats, assurant que l’Etat sera présent au côté des nouveaux élus pour les former, notamment en matière de réglementation.
« Les visages changent, les enjeux demeurent », parmi lesquels « le combat pour maintenir la population permanente, qui passe par l’installation de jeunes ménages dans des logements sociaux mais aussi par la proximité des services » : il a annoncé « la labellisation de la Maison France Services de Saint-Martin, qui sera inaugurée après les élections de mars 2020, et propose un grand nombre de services publics tels, par exemple, ceux de la CAF, de Pôle Emploi, de la Poste, d’assurances mutualistes, etc. » Pas sûr que les élus rétais n’aient pas tiqué à cette évocation, la trésorerie générale de St-Martin étant prochainement délocalisée à Ferrières d’Aunis !
« Les grands sujets sont derrière nous » a-t-il conclu : « le PPRL, le PLUi qui est au contrôle de légalité visant à vérifier la conformité au droit du document voté par les élus », mais il y a encore des sujets sur le feu comme « les cabanes ostréicoles, l’affichage sauvage, la maîtrise foncière, mais aussi le développement économique de l’île, et la préservation de son environnement ». Bien sûr l’Etat sera vigilant quant à la sécurité routière autour du Tour de France, et de manière permanente, via le Plan Vélo lancé l’été dernier – sur la circulation à vélo, « mode de transport accidentogène ». Il a conclu par une citation de Pierre Dac : « Sans l’invention de la roue, les coureurs du Tour de France seraient condamnés à porter leur bicyclette sur le dos. » !
Mais vue l’affluence autour des buffets à peine les discours achevés, le clou du spectacle était certainement pour certains convives le cocktail préparé comme chaque année par le traiteur loidais Place des Délices… Tout un programme !
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