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Budget 2022 du Département : un manque de soutien au social ?
Les débats de la dernière session du Conseil départemental ont principalement tourné autour du budget 2022, qui ne fait pas l’unanimité auprès de l’opposition.
Six mois après son installation de à la présidence du Département, Sylvie Marcilly (LR) était attendue au tournant par ses collègues, en particulier par les élus de l’opposition, lors de la session d’hiver du 13 au 17 décembre 2021. La nouvelle présidente a beau avoir prévu un budget axé sur les dépenses sociales (lire par ailleurs), c’est très exactement sur ce point qu’elle s’est faite attaquée d’entrée de jeu. Fabrice Barusseau (DVG, Chaniers) a ouvert le bal avec un premier grief : « Vous nous annoncez ce budget en le qualifiant de novateur, de volontariste, voire même d’ambitieux. Nos propos seront plus mesurés ». S’il salue le soutien au SDIS, l’augmentation du financement de l’APA et des salaires des personnels des structures sociales, il déplore un budget social trop faiblement augmenté par rapport à l’inflation en général, et « un manque de revalorisation des établissements sociaux type EHPAD » en particulier.
L’élue rochelaise Marylise Fleuret-Pagnoux (DVG) poursuit dans la même veine. « Malheureusement, cet effort budgétaire ne concerne pas les subventions des associations, ni des centres sociaux, qui vous avaient demandé une augmentation de 2% nécessaire à leur équilibre financier », regrette-t-elle. Une accusation injuste selon Dominique Rabelle (LR, Oléron), la vice-présidente en charge de l’insertion et de l’action sociale : « Le Département apporte un soutien de 2,1 millions aux CCAS, avec une augmentation de 8% de notre enveloppe par rapport à l’an dernier ». Elle rappelle que le Département n’est pas l’unique financeur des 24 centres sociaux du territoire. La CAF, les communes, les intercommunalités, sans compter les prestations payantes y contribuent également fortement.
Mais Marylise Fleuret-Pagnoux s’inquiète également du peu de mesures mises en place en faveur des jeunes, à l’heure où la paupérisation de la population de moins de 25 ans s’accroît. « En parcourant les rapports, nous constatons, que l’enveloppe de 750 000 euros destinée aux étudiants en souffrance a purement disparu. On aurait pu penser qu’elle allait être remplacée par la mise en place du revenu minium jeune, plusieurs fois sollicitée en amont, mais rien de tout cela », explique-t-elle, rappelant que d’autres collectivités comme Lyon (69) l’on déjà mis en place. La pauvreté chez les 16-25 ans toucherait 1 jeune sur 5 en Charente-Maritime. Marylise Fleuret-Pagnoux se dit prête à se mettre autour de la table avec ses collègues pour envisager les différents scénarii permettant de mettre en place des aides à la jeunesse.
Quid de l’environnement ?
Le volet social n’est pas la seule préoccupation des élus dans la répartition du budget 2022. La transition écologique fut également au cœur des débats. « Concernant nos politiques environnementales qualifiées d’ambitieuses, elles sont toutes les bienvenues mais n’ont pas les moyens de répondre à l’ambition annoncée avec un budget global de -6,5% en fonctionnement et de -15% pour l’investissement, on est en droit de s’interroger sur les objectifs dans un contexte qui ne laisse aucun doute sur les graves problématiques à venir », s’enquière Fabrice Barusseau. Une inquiétude partagée par Lionel Pacaud (sans étiquette, Tonnay-Charente) et Jean-Marc Soubeste (EELV, La Rochelle). « Il est peut-être temps pour nous d’accélérer, voire d’amplifier certaines politiques publiques », estime l’élu écologiste, rappelant les conclusions du dernier rapport du GIEC. « Avec le changement climatique, il y a des enjeux essentiels pour l’avenir, comme la politique de l’eau ». Il propose d’associer les citoyens aux actions du Département en matière d’écologie. « C’est un sujet indispensable qui préoccupe les habitants, en particulier notre jeunesse, qui est angoissée par la société dans laquelle ils vont devoir vivre », assure-t-il, « il nous faut changer de modèle, agricole, économique, d’énergie, d’urbanisme et d’aménagement du territoire ». Selon lui, « la rénovation des collèges mériterait notamment un effort supplémentaire en matière de transition énergétique ».
Lionel Pacaud, lui, « garde espoir d’un projet ambitieux à l’horizon 2030 » porté par le Département. La perspective laisse Jean-Marc Soubeste un peu sceptique : « Avec 56 millions prévus sur tout le mandat, je ne sais pas ce qu’on va pouvoir faire ».
Anne-Lise Durif
Encadré
Le budget 2022 détaillé
Si 60% du budget est dédié à l’aide social, les investissements iront en grande partie aux chantiers portés par le Département comme l’aménagement du port de la Côtinière ou le déploiement du haut débit
Le budget primitif s’équilibre à 1,43 milliard d’euros, dont 263 millions € en investissement 779 millions € en fonctionnement. Le budget de fonctionnement augmente de +4,17% en 2022, grâce aux droits de mutation (DMTO, taxe sur les transactions immobilières, NDLR) en augmentation (191 millions € estimés) et l’augmentation de la part de TVA à 9 9M€, soit +5% par rapport à l’an dernier.
En parallèle, les dépenses de fonctionnement augmentent de 2,4%. Les dépenses sociales atteignent 416 millions (+3,6 par rapport à 2021), dont 89 millions dédiés à l’aide à l’enfance (lire nos articles de novembre et décembre 2021 sur realahune.fr). « Elles représentent 60% de notre budget de fonctionnement », souligne Corinne Imbert (Matha), rapporteur général du budget. La part du Département dans le versement du RSA aux allocataires de Charente-Maritime a également augmenté au point de peser désormais 98 millions d’euros.
Du côté des investissements, les budgets les plus conséquents concernent les travaux et aménagements dont le Département est maître d’ouvrage : la voirie (40M€), les collèges et les bâtiments publics (38 M€), la halle à marée de La Côtinière (26M€), la poursuite du déploiement de la fibre (11M€), le Plan Digues (9M€). Dans ce budget, 80M€ sont issus d’emprunts, sans compter les 26M€ empruntés pour le port de la Côtinière. « Fin 2020, notre capacité de remboursement était satisfaisante, cependant le ratio de la dette par habitant est supérieure à celle des autres départements », prévient Corinne Imbert. « Il est donc indispensable de nous désendetter pour nous dégager une marge de manœuvre, surtout dans un contexte où l’on ignore l’évolution des DMTO ».
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