- Environnement & Patrimoine
- Nature
- Inventaire du patrimoine naturel de l'île de Ré
La biodiversité de l’île de Ré à la loupe, pour de forts enjeux
La Communauté de Communes de l’île de Ré s’implique en matière de préservation et de gestion du patrimoine naturel dans une forte volonté politique de développement durable.
La directrice de l’environnement à la Communauté de Communes, Sylvie Dubois, a présenté le 26 juillet l’inventaire du patrimoine naturel de l’île de Ré, initié par l’intercommunalité en février 2014.
Le Contexte et les objectifs
Celui-ci s’inscrit dans une pluralité d’études menées sur les milieux naturels. Précédemment, la CdC s’est investie dans la réintroduction du homard, soit 3000 spécimens par an sur une période de cinq ans, dans des campagnes de suivi des gisements des coques, de prélèvement de palourdes afin d’en évaluer les populations, de connaître l’impact de la pêche sur la biodiversité et de développer des initiatives de sensibilisation et dans une campagne de concertations avec les agriculteurs du GDAD (Groupement pour le développement d’une agriculture durable).
Depuis 2012, la CdC est également gestionnaire de 630 hectares de propriétés agricoles du Conservatoire du Littoral. Ce travail de terrain, de recherche et d’étude est entièrement financé par l’écotaxe. Chaque visiteur, en payant son droit de passage au pont, y a par conséquent contribué. Rappelons que l’écotaxe, c’est 2 millions d’€ dépensés pour la gestion des milieux, l’éducation à l’environnement et la surveillance des milieux.
L’inventaire de la biodiversité de Sablanceaux à La Patache doit établir un état initial des milieux naturels et une connaissance scientifique fiable des espèces présentes sur le territoire. Il doit permettre d’avoir une vision claire des richesses de notre patrimoine naturel afin de proposer des préconisations de gestion en adéquation avec les besoins réels.
L’inventaire porte sur des espèces locales ayant un intérêt patrimonial particulier et sur lesquelles les enjeux sont forts, il ne s’agit pas d’un inventaire exhaustif de la biodiversité.
L’étude porte sur six grandes parties
La Flore et les habitats naturels
La dune littorale : c’est un habitat naturel qui commence à la laisse de mer, où vivent et nichent des animaux tel le Pipit Rousseline, et comprend la dune embryonnaire, la dune blanche (sable) la dune grise (ou dune fixée) ainsi nommée en raison de la couleur des végétaux qui s’y développent et qui est un habitat prioritaire menacé, la forêt dunaire, quelquefois la dépression dunaire (petite zone humide en arrière de dune) et enfin la dune boisée. Le nettoyage des plages, les plantes invasives types yucca et herbe de la pampa en sont les principales menaces.
Elle se distingue de la dune intérieure qui, jusqu’au milieu du XXème siècle était constituée de terrains cultivés. Elle comprend les friches post-culturales, les friches sableuses, la dune grise intérieure, les pelouses sableuses et les prairies sèches sableuses. La dune intérieure, principalement répartie dans un triangle La Flotte Saint-Martin Sainte-Marie, est un habitat naturel pour nombre d’espèces qui ne pourraient survivre en zone boisée. La végétalisation naturelle qui, à terme, fermerait les espaces ouverts (clairières) en zone boisée ainsi que l’agriculture en sont les principales menaces.
La zone des marais est représentée majoritairement dans l’ex canton Nord, à Sainte-Marie et, dans une moindre mesure, à Rivedoux. C’est un habitat naturel en milieu salé ou saumâtre, sur les berges des chenaux et les bosses de marais. C’est un habitat rare et menacé au niveau européen dont une des plus grandes stations se trouve sur l’île de Ré. Les enjeux patrimoniaux y sont forts.
La Flore
L’inventaire de la flore a porté sur des espèces littorales telles que la Cynoglosse des Dunes, que l’on ne trouve que sur le littoral atlantique, le Lys Maritime, dont on ne dénombre qu’une seule station sur l’île, le Linaire des Sables, l’oeillet de France, le Ciste Hérissé (uniquement à Trousse Chemise), l’Arroche Stipitée (sur la laisse de mer), la Vipérine Rosée pour laquelle l’île de Ré est la première station connue en France (habituellement sur les littoraux d’Espagne et du Portugal) ainsi que sur les macrophytes, qui sont des espèces végétales aquatiques et dont l’enjeu patrimonial est fort.
Les principales menaces pour la flore sont la cueillette, le piétinement, la fermeture des milieux (par reboisement naturel), l’intensification des pratiques agricoles, l’entretien non adapté ou encore l’évolution des gradients de salinité. La prescription en matière de gestion de ce milieu sera le maintien des milieux ouverts semi-boisés, le respect de l’estran (nettoyage des plages, chiens pour la laisse de mer), la sensibilisation du public pour un cheminement restreint, uniquement sur les sentiers prévus pour l’accès aux plages.
Les oiseaux
L’île de Ré est géographiquement placée sur des axes migratoires Ouest-Est et Nord-Sud. C’est ainsi que l’on a pu, en 2014, observer 218 espèces différentes d’oiseaux : 65 espèces hivernales, 56 espèces migratrices et 97 espèces nicheuses.
L’île de Ré est un site d’importance internationale pour six espèces hivernales comme le Tournepierre à Collier dont on a observé 3 200 spécimens en 2015, soit deux fois le seuil minimal international.
Sur les 97 espèces nicheuses recensées, 11 espèces présentent un intérêt communautaire et 18 sont menacées, telle que le Moineau Friquet dont il ne reste que quelques couples sur notre territoire. Dans l’île de Ré, 7 espèces sont en danger critique. Pour le Gravelot à Collier Interrompu, la LPO suggère l’installation de nichoirs près des rares individus observés afin d’en stabiliser la population.
Notre territoire recèle aussi des oiseaux d’intérêt ornithologique qui vivent dans le milieu naturel des pré-bois et des pelouses sableuses comme le Pipit Rousseline ou encore l’Engoulevent.
Le milieu du marais abrite et nourrit nombre d’oiseaux dont l’Avocette élégante, la Mouette rieuse, l’Échasse blanche que l’on peut observer fréquemment. Les bosses de marais et les fourrés sont également des habitats naturels pour le Pipit à gorge noire, la Linotte mélodieuse.
Les insectes
L’inventaire s’est cantonné à répertorier les papillons de jour et les libellules. 41 espèces de papillons de jour ont été observées. L’Azuré du Serpolet, dont l’originalité du cycle de vie (voir ci-contre) restreint le territoire, le place, à l’échelle européenne en espèce menacée. 28 espèces de libellules sont représentées sur l’île, des vertes, des rouges, des jaunes, et même des noires avec le Leste à grand stigmate, vivant dans les marais saumâtres et qui est la plus menacée de toutes.
Les reptiles et amphibiens
On connaît presque tous la Rainette Méridionale qui vit dans nos jardins mais qui de nous a pu observer le triton, ou le Pélobate Cultipède, crapaud rare et menacé et que l’on trouve, sur l’île de Ré uniquement dans la forêt du Lizay.Les reptiles sont très présents sur notre territoire, avec le Lézard des Murailles et le Lézard Vert mais qui a eu la chance d’observer la Vipère Aspic ou la Couleuvre verte et jaune ?
Les mammifères
Il s’agit de petits mammifères tels que le hérisson d’Europe, 8 espèces de chauve souris, l’écureuil roux et bien sûr le lapin et le renard.
L’estran
Dans la continuité de la convention OSPAR, 68 habitats naturels ont été recensés sur notre littoral, notons les vasières intertidales, les herbiers de zostère (fonds marins), les zones à algues rouges, les cuvettes en milieu rocheux, les récifs d’Hermelles (vers marin bio-constructeurs) qui sont autant de lieux de vie pour la faune marine.
L’inventaire a permis d’en identifier 395 espèces dont 153 nouvelles, 84 espèces florales et 95 espèces de mollusques dont 12 nouvelles. Ce qui ne signifie pas qu’ils n’habitaient pas là auparavant mais qu’ils n’avaient jamais été recensés.
A l’issu des restitutions, la Communauté de Communes de l’île de Ré pourra mettre en place des mesures de gestion de l’environnement ou même, si possible et si nécessaire, de restaurer les milieux. L’île de Ré est un territoire d’excellence environnemental, sachons ne pas l’oublier et surtout le respecter avec discernement.
La prochaine conférence publique aura lieu le 9 août à Saint-Martin de Ré, salle Vauban à 18h30
Le cycle de vie de l’Azuré du Serpolet
Le papillon femelle pond ses oeufs directement sur les fleurs de serpolet ou d’origan dont la chenille se nourri. Puis la chenille tombe au sol et attend d’être transportée par une variété particulière de fourmis (myrmica sabuleti) dans leur fourmilière où ces dernières la nourrissent, à l’abri des prédateurs et jusqu’à sa métamorphose. La nymphose a lieu dans la fourmilière. L’Azuré du Serpolet s’envole, en une génération, de fin mai à fin juillet.
Lire aussi
-
Environnement & Patrimoine
L’île de Ré et La Rochelle, un destin lié… jusque dans les commémorations
Dans le cadre des 400 ans des guerres de religion, la Communauté de communes de l’île de Ré, la ville de La Rochelle et La Rochelle Université organisent un colloque scientifique, ouvert au grand public, du 27 au 29 novembre.
-
Environnement & Patrimoine
AlimenTerre, engagé pour une alimentation éthique
Les 25 et 26 novembre, le festival AlimenTerre se tiendra sur l’île de Ré. Trois projections documentaires suivies de temps d’échange sont programmées à La Maline. Présentation avec l’un des co-organisateurs sur l’île de Ré de ce festival international, Geoffroy Maincent.
-
Environnement & Patrimoine
Grand Port Maritime : MAT-Ré reste vigilante
Après avoir été longtemps isolée, l’association rétaise entretient désormais des relations avec la gouvernance portuaire, avec les autres associations et élargit ses sujets de vigilance.
Je souhaite réagir à cet article