« Une saison atypique et olympique »
Ré à la Hune s’est entretenu avec le président de Charentes-Tourisme quant au bilan de la saison 2024 et aux enjeux auxquels la filière touristique doit répondre.
INTERVIEW STÉPHANE VILLAIN
Ré à la Hune : Quel bilan dressez- vous de la saison en Charente-Maritime ?
Stéphane Villain : Depuis les vacances de printemps et jusqu’à fin juillet, la saison a été très maussade, entre les vacances de Pâques mal placées (n’incluant pas le lundi de Pâques), le mauvais temps, puis les JO, un pouvoir d’achat en berne et une anxiété générale, ainsi que les élections anticipées en France. A partir d’août, on a observé une petite embellie en termes de fréquentation, mais avec un panier moyen nettement inférieur aux années précédentes. Les vacances de la Toussaint ont été un peu mieux en fréquentation, mais je suis certain que là aussi le panier moyen a été en baisse, liée au contexte d’aujourd’hui. Par exemple, sur la Vélodyssée, sur trois ans la consommation moyenne est passée de 71 € à 59 €. Aujourd’hui, les vacanciers font très attention à leurs dépenses, ils réduisent le nombre de jours de leur séjour, pour pouvoir maintenir leurs activités : ainsi les activités de loisirs comme l’Aquarium ou les Croisières s’en sortent bien, tout ce qui a trait à la nourriture, notamment les restaurants, a diminué et la catégorie des hôtels a parfois été à la baisse.
Le fait qu’il n’y ait pas ou très peu d’entrée de gamme est-il spécifique à l’île de Ré ?
Oui, on a cette entrée de gamme sur le pays rochelais, avec par exemple le auberges de jeunesse et sur le rétrolittoral les campings sont accessibles. C’est vrai que le haut de gamme se maintient, mais le manque de revenus des touristes se fait sentir sur le moyen de gamme.
Observe-t-on de nouvelles tendances ?
Oui, un exemple, la génération Z consomme ses vacances de façon un peu différente, au confort privilégié par ses aînés elle préfère le « roots », privilégie l’authentique, elle veut vivre une expérience qui lui est propre et la dimension environnementale est prise en compte, cette génération est plus écoresponsable, vigilante sur ses déchets, sa consommation d’eau, elle vit ses vacances très différemment. Par exemple, ici et là, les hébergements sous forme de cabanes perchées dans les arbres apparaissent de plus en plus, tout comme d’autres hébergements plus particuliers. On accompagne ces nouvelles tendances.
Autre exemple, les images de belles plages statiques ne suffisent plus, il leur faut des plages actives, avec des espaces dédiés aux activités, il va falloir qu’on adapte notre littoral, y compris aux nouvelles technologies et activités. Le maillot de bain et la bouée c’est fini !
Quels sont les enjeux auxquels Charentes-Tourisme et les acteurs touristiques doivent répondre ?
L’un des sujets importants est l’Intelligence Artificielle, avec par exemple les Chatbot (agent conversationnel), les métavers de destination : Charentes- Tourisme a été la première agence de développement touristique à créer un tel métavers, au printemps dernier. Toutes ces nouvelles technologies vont être très prégnantes. La réalité virtuelle se développe, les gens vont pouvoir voir dans l’espace virtuel ce qu’ils pourront vivre durant leur séjour. Tout cela plaît aux jeunes. Evidemment, il ne faut pas oublier les seniors et différencier nos modes de communication et les expériences touristiques proposées.
Un autre enjeu concerne la taxe de séjour, dont la répartition entre tous les acteurs institutionnels : EPCI, Département et Région va être nécessaire, une partie de cette taxe doit revenir aussi à la Région.
A mon avis, il faudrait aussi différencier le montant de la taxe de séjour, afin de l’adapter aux revenus : elle devrait être diminuée pour les touristes ayant moins de pouvoir d’achat, établie en fonction des revenus, là je parle en tant que président d’ADN tourisme au plan national.
Comment accueillez-vous la nouvelle législation qui se profile sur les meublés de tourisme tels les logements Airbnb ?
Cette évolution va donner aux maires la possibilité de gérer leur parc résidentiel de tourisme, ils pourront réglementer sur certains secteurs et Charentes-Tourisme va accompagner ce mouvement. La défiscalisation des locations saisonnières va passer de 70 % à 30 %, ou 50 % pour les logements classés, ce qui va inciter un certain nombre de loueurs à monter en qualité. Cette nouvelle fiscalité pourrait profiter aux hôtels et campings premiers prix.
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