Rester positif malgré la déception
Car c’est le terme plusieurs fois entendu : si elle n’est pas loupée, la saison 2024 n’a pas tenu ses promesses
D’avril à l’après vacances de la Toussaint, les saisons touristiques rétaises s’étirent d’habitude bien au-delà du coeur de l’été, mettant dans les starting-blocks l’ensemble des professionnels du secteur dès les vacances de Printemps. Mais cette année il a fallu compter avec des facteurs indépendants des meilleures volontés… et faire avec.
Météo dépendance
Printemps quasi-absent et début d’été frileux n’ont pas été compensés par un septembre tout aussi maussade. Après s’être imposés tout l’hiver durant, pluie et grisaille n’ont laissé aucun répit, sauf pour l’Ascension qui, de l’avis des professionnels, a été le seul vrai réjouissant week-end d’un « début de saison compliqué jusqu’au 30 juin, assorti d’un mois de juillet un peu moins bien que d’habitude », résume Anne Latour de l’hôtel restaurant L’Océan au Bois-Plage. Propos identiques à Saint-Martin : derrière les hauts murs de l’établissement quatre étoiles La Baronnie Hôtel et Spa, Florence Pallardy confirme « plusieurs mois très décevants ».
En août heureusement, tout le monde est retombé sur ses pieds, avec notamment l’apport de la clientèle étrangère. A Saint-Martin Florence Pallardy, se réjouit de « la fidélité de sa clientèle, française comme étrangère », Anglais, Allemands, Hollandais mais aussi Irlandais et Ecossais n’ayant pas boudé nos rivages à la météo capricieuse.
Septembre et octobre ? Pas terrible et toujours pour les mêmes raisons. Mais « on s’en est plutôt bien sortis compte tenu de la météo catastrophique », estime-t-on à l’hôtel La Jetée à Saint-Martin. A noter également, l’intérêt d’une offre élargie à la clientèle extérieure aux hôtels. Ainsi le brunch de La Baronnie a-t-il « très bien marché, de même que la fréquentation du spa et les soins proposés » explique Florence Pallardy, tandis qu’au Bois-Plage, Anne Latour note quand même une certaine modération au restaurant, notamment côté vins en bouteille.
Dans les campings et hôtels de plein air ? Difficile d’interroger les grandes structures déjà closes à l’heure de notre bilan. Du côté de Saint-Martin, la Secrétaire Générale des Services Pascale Schwartz constate une baisse globale du chiffre d’affaires du camping municipal, chiffre qu’elle n’a pas encore analysé en détail mais quand même. « Nous avons fait -18% en avril », souligne-t-elle pour exemple, insistant sur « un mauvais démarrage qu’il a été difficile de redresser ». Extra muros, la saison a en revanche été positive pour François Vérez au Slow Village Ile de Ré. Il faut dire que le club familial mise aussi beaucoup sur les à-côtés, s’ingéniant à proposer activités et animations en tous genres, s’adressant aussi à une clientèle extérieure. « Notre objectif est aussi d’être là pour les habitants à l’année », précise le directeur d’exploitation, prévoyant un programme enrichi en 2025 après une période de travaux cet hiver.
Plus loin, le camping municipal couardais Le Rémondeau conclut plutôt bien une année intermédiaire, son modèle économique devant être réinventé pour compenser la cession d’une partie de son terrain à la CdC.
Pour conclure, restons positif : si la première semaine des vacances de la Toussaint a été un peu molle, la seconde a retrouvé du peps pour se conclure par un week-end de la Toussaint auréolé de soleil, tandis que celui du 11 novembre ne s’annonçait pas trop mal. Reste cette météo dépendance évidente : « il ne fait pas beau depuis octobre 2023 alors les gens ont aussi été chercher le soleil et on peut les comprendre », souligne, philosophe, Anne Latour au Bois-Plage.
Plein soleil sur la culture
Ceci explique peut-être cela mais enfin pas que… quand la météo se fait grise, rien de tel que les musées. A celui du Platin à La Flotte, Romain Masson constate « une bonne saison dans l’ensemble ». Succès pour ateliers et animations reprogrammés après une année blanche en 2023. Même satisfecit pour la seconde année de l’exposition Loisirs en Ré, sans oublier le coup de projecteur sur les vieux gréements dans le cadre des Sites en scène et les quarante ans de l’association Flotille en Pertuis. Et si juillet a là aussi été plus calme, août a été positif ainsi que septembre, porté par les Journées du Patrimoine. Enfin, « grosse demande sur les vacances de la Toussaint », souligne le responsable du musée flottais, évoquant aussi une importante communication mais aussi « le réaménagement de l’espace visiteurs et une présentation du musée à l’extérieur », sans oublier un escape game « fonctionnant très bien ».
A Saint-Martin, Christelle Rivalland ne peut que se réjouir : la fréquentation du musée Ernest Cognacq a battu tous les records avec plus de quinze mille cinq cents visiteurs. Une « excellente saison » agrémentée par la réouverture du parcours muséal qui fut sans aucun doute un temps fort augmentant l’attractivité du musée. Ajoutons-y plus de sept cents ateliers pour les enfants et plus de deux mille deux cents personnes au rendez-vous des spectacles, conférences et évènements nationaux telles les journées du patrimoine qui ont illuminé septembre. « Juillet était bizarre », concède Christelle néanmoins, préférant conclure sur une fréquentation à la hausse des animations familiales.
Qu’en conclure ? A l’heure où il est si facile de partir (et pas forcément pour très cher) trouver le soleil là où il est, les aléas de la météo ne peuvent qu’impacter le dynamisme des saisons rétaises. Ne reste plus aux professionnels qu’à rivaliser d’imagination pour proposer d’autres activités comme autant d’alternatives. Les professionnels du tourisme gardent le cap mais il ne faudrait sans doute pas plusieurs années comme ça…
Pauline Leriche Rouard
MOBILITÉ
RespiRé en légère baisse
A l’image des statistiques de passages du pont de l’île de Ré (voir tableau), l’analyse de la fréquentation des navettes du réseau RespiRé entre avril et septembre 2024 révèle un tassement, très marqué pour les navettes du pont et plus léger pour les navettes estivales, le périmètre de celui-ci ayant varié en 2024 versus 2023 avec l’apparition de la navette H entre La Couarde et Saint-Martin.
La fréquentation des navettes du pont a baissé de – 23 % en 2024 versus 2023, « liée à une météo mitigée durant toute la saison, défavorable aux excursionnistes (plage) » nous explique le Département de la Charente-Maritime. Ce sont ainsi 84 257 voyages qui ont été enregistrés en 2024, contre 114 616 en 2023.
Pour les navettes estivales (A à H) RespiRé, qui desservent et relient les villages, « malgré de nombreux ajustements apportés pour améliorer la qualité du réseau RespiRé, la fréquentation affiche une baisse de 2 % par rapport à 2023, en raison des conditions météo et de la diminution du nombre de visiteurs sur l’île de Ré. » Toutefois l’intégration en 2024 de la nouvelle navette H (la Couarde-Saint- Martin) dans ces statistiques, qui a rencontré « un succès significatif », contribue à compenser en partie la baisse des lignes A à G (seule la ligne E progresse). Ainsi, au total, 101 301 voyageurs ont fréquenté les navettes intra-îles entre avril et septembre 2024, contre 103 498 en 2023. A périmètre comparable, si l’on enlève les 12 228 passagers de la ligne H (qui placent celle-ci en 3ème position des navettes dès l’année de son lancement), la fréquentation 2024 aurait été de 89 073 voyageurs, soit une baisse de – 14 %.
Le transport à la demande a progressé avec une fréquenttaion de 3668 voyages d’avril à septembre 2024, contre 3455 en 2023. Il concerne davantage la population permanente. Concernant le vélo-taxi au Phare des Baleines, 8465 voyageurs en ont profité cette année.
Informations recueillies par NV
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