- Arts et Culture
- Loisirs
- Evènement - 5-6-7 août 2016
Une belle édition pour les dix ans du salon du livre rétais !
Les organisateurs ont décompté 14.000 visiteurs sur les trois jours, avec un « public très captif » et un nombre de livres vendus équivalent à celui de l’an passé. Les conférences et tables rondes ont été très fréquentées, voire ont fait salle archi-comble comme celles de Christian de Boissieu, Jean-Louis Debré, ou de l’invité d’honneur Alain Mabanckou. Joschi Guitton et Stéphane Guillot se sont vus remettre par Jean-Pierre Gaillard à leur grande surprise un trophée pour tout ce qu’ils ont apporté à la commune du Bois-Plage et à l’île de Ré au travers de ce salon depuis dix ans. Une reconnaissance très méritée, pour un engagement entièrement bénévole. Des deux compères mais aussi de tous ceux qui œuvrent chaque année pour la réussite de cet évènement littéraire devenu incontournable, sur l’île de Ré et au plan national.
NV
Bon anniversaire à l’Ile aux Livres !
Lancée en 2007 sur une seule journée, l’Ile aux Livres peut être fière de son parcours. Car dix ans après, elle est devenue un rendez-vous littéraire apprécié de tous, auteurs, rétais et vacanciers, Et par ce beau week-end estival, ils furent nombreux les 5, 6 et 7 août dernier à venir partager un moment autour de l’amour des livres et de la lecture. Dès l’arrivée à la salle des Oyats du Bois-Plage, la couleur était donnée : rouge pour le tapis d’accueil et rouge pour la tente de bivouac du désert qui proposait de succulentes spécialités marocaines accompagnées du traditionnel thé à la menthe.
Certes, pour accéder au salon, il fallait se plier au contrôle nécessaire des sacs. Un rappel à une réalité bien moins poétique à laquelle nous devons dorénavant nous accoutumer. Mais passée cette formalité, le plaisir était au rendez-vous. Dans les allées, les auteurs présents se faisaient une joie de présenter leurs derniers ouvrages et de faire causette avec chaque visiteur venant les aborder, et c’était autant de charmantes rencontres le long des grandes tables installées pour l’occasion. Les écrivains étaient devenus , pour un temps, des gens accessibles, presque des « copains » pourrait-on dire, tant l’ambiance était simple et décontractée. En déambulant dans les allées, on croisait des visiteurs le sourire aux lèvres, tenant précieusement un livre fraîchement dédicacé. Au moins ceux-là avaient fait leur choix.
Une grande diversité d’ouvrages
Car voilà bien une chose malaisée à faire : choisir. L’auteur, le livre, le style, le genre. C’est là l’une des réussites de l’Ile aux Livres : proposer aux lecteurs une grande diversité d’ouvrages.
Citons entre autres, les romans de Stéphane Bret, dont les personnages évoluent à des époques clés de la vie politique française (les années d’après-guerre, les Trente Glorieuses, le Front Populaire), les romans noirs de Sébastien Lepetit, façon Georges Simenon, les essais politiques tel « Pilleurs d’État » de Philippe Pascot, un ouvrage à la gloire des fruits « Quand les fruits racontent des histoires d’hommes » de Jean-Yves Maisonneuve, ou encore à la gloire de l’île de Ré tel « Ré Balades insolites » de Jean- Louis Jammet. Difficile vraiment de n’emporter qu’un seul livre. Il aurait fallu tout lire, tout acheter. Impossible malheureusement. Alors, c’est presque au hasard de nos rencontres que nous en avons sélectionnés quelques-uns.
Des conférences très suivies
L’Ile aux Livres, c’est bien sûr les livres, la possibilité de les découvrir, de les ouvrir, de les feuilleter et l’indéniable privilège d’échanger avec leurs auteurs et de les faire dédicacer. Mais c’est aussi des conférences et des tables rondes, rassemblant leurs auditoires dans une ambiance attentive et studieuse. Ainsi, dans la chaleur du dimanche après-midi, alors que le soleil incitait plutôt au farniente sur la plage, nous étions assez nombreux à nous réunir autour d’une « Réflexion sur la reconsidération du monde à l’aune d’un bien-être animal et humain ». Un sujet sensible et parfois cruellement d’actualité qui rassembla Thomas Lepeltier, auteur de « La Révolution végétarienne », le très respecté Allain Bougrain-Dubourg et Thierry Poitte, vétérinaire connu (et reconnu) sur l’Ile de Ré. Mais là encore, il aurait fallu pouvoir assister à toutes ces rencontres approfondies autour d’un ouvrage ou d’un thème.
Au fil du week-end, découvertes, dédicaces, conférences mais aussi remises de prix ont ainsi rythmé la 10ème édition très réussie d’une Ile aux Livres qui a gagné en maturité sans perdre en fraîcheur, cultivant une convivialité qui sied bien à l’été !
Véronique Hugerot et Pauline Leriche Rouard
Les prix remis au Salon l’Ile aux Livres
Comme chaque année plusieurs lauréats se sont vus remettre des prix.
Le prix l’île aux Livres/la Petite Cour a été remis à Jérôme Attal pour Les Jonquilles de Green Park (Robert Laffont), et le prix de l’île de Ré à Jean-Laurent Grissot pour L’île de Ré, fragments d’Histoire à travers quatre périodes mouvementées (Nouvelles Editions Bordessoules). Cette année les organisateurs ont créé « Le premier prix » de la rentrée littéraire, remis avant tous les autres, pour un ouvrage à paraître lors de la rentrée littéraire d’automne. Le lauréat, Jean-Baptiste Del Amo pour son roman Règne animal (Gallimard) a dédicacé son roman en avant-première à l’île aux Livres. Enfin le Prix Spécial a été remis à Christian de Boissieu pour Financer l’Economie Réelle (Eyrolles).
L’Ile aux Livres : une sélection (difficile)
Il fallait bien la faire alors voilà. Cette sélection n’a d’autre objet que de vous faire partager les rencontres que nous avons faites sur le salon et d’illustrer (sans y parvenir tout à fait c’est sûr) l’éclectisme bienvenu qui fait la signature de l’Ile aux Livres.
Par Pauline Leriche Rouard
« Ce que je ne pouvais pas dire », Jean-Louis Debré
Il a l’allure altière des hommes qui n’ont plus rien à prouver. Monsieur Jean-Louis Debré, libéré des inévitables contraintes liées à sa fonction de Président du Conseil constitutionnel (qu’il occupa pendant neuf ans), est présent à l’Ile aux Livres, assis comme tous les autres auteurs derrière une table portant une pile de son dernier opus. Quand je lui demande en guise d’introduction « Votre livre va-t-il me réconcilier avec le monde politique ? », il éclate d’un rire franc et son regard clair pétille : « Rien n’est moins sûr » me répond-il. Redevenant sérieux, il m’avoue être « très dur » avec des hommes politiques dont il constate qu’ils sont pris dans le piège de l’Image, se livrant à une communication souvent dépourvue de contenu. Nous échangeons sur les aléas des réseaux sociaux et le piège de l’audimat. Je repars le livre en poche, dûment dédicacé et agrémenté d’un dessin évidemment bleu blanc rouge. Je serai bien restée encore un peu mais de nombreux visiteurs attendaient leur tour. Monsieur Debré capte l’attention d’un public certainement curieux de rencontrer un homme de pouvoir « en vrai ». Une démarche bien compréhensible en des temps où ceux qui nous gouvernent nous paraissent hélas souvent très loin de notre réalité.
Merci donc à l’ancien Président d’une institution essentielle pour sa proximité, sa simplicité et la franchise de son discours. Il ne pouvait pas le dire. Eh bien maintenant c’est fait.
Editions Robert Laffont – 21 €
« Reflets et Visages de l’Ile de Ré », Nathalie Desperches-Boukhatem
Refuge de nombreux écrivains, l’Ile de Ré est également un sujet de prédilection pour certains. Impossible cette année de ne pas citer la remarquable et érudite « Histoire de l’Ile de Ré » de Jacques Boucard. Mais le hasard a porté mes pas vers la douceur de l’aquarelle et le joli livre de Nathalie Desperches-Boukhatem. Nathalie m’accueille avec un large sourire et commence par évoquer son premier métier, le dessin. Car cette artiste est avant tout aquarelliste et portraitiste travaillant sur commandes. Et parmi celles-ci, souvent, des portraits de personnes âgées. Nous voilà dans le sujet. Car ce livre n’est pas un énième ouvrage nous donnant à contempler la beauté de Ré La Blanche. Certes des paysages il y en a et ils ont la délicatesse de l’aquarelle. Et puis il y a ces portraits d’habitants, des « Anciens », qui nous racontent l’Ile et ses villages. Pour les choisir et les rencontrer, Nathalie a commencé par Ars (où elle est très ancrée), et les personnes qu’elle connaît de longue date. Pour les autres, c’est le bouche à oreille qui a fonctionné. Nathalie a toujours été bien accueillie, avec émotion parfois. Reproduisant fidèlement leurs propos, elle a su gagner par son authenticité la confiance de ces « héros » de la vraie vie. Nathalie a déjà publié un premier ouvrage de ce type en Touraine (sa région d’origine), préfacé par Gonzague de Saint-Bris. Un joli succès qui l’a incitée à aborder Ré la Belle. Et un troisième ouvrage est en préparation. Une démarche délicate dans le fond autant que dans la forme, pour un livre original et très réussi !
Editions La Gâtine – 35 €
« La Révolution végétarienne », Thomas Lepeltier
Autre ton pour autre thème. Nous voilà dans l’univers des ouvrages sérieux. Il ne saurait en être autrement avec un historien et philosophe des Sciences, chargé de cours à l’université d’Oxford. Tel est le statut de Thomas Lepeltier, auquel il faut ajouter celui d’auteur impertinent, qui s’ingénie à regarder la vie et l’homme sous un autre angle, des secrets de l’univers à Darwin, en passant par le bien-être animal et la nécessaire évolution de nos moeurs et comportements.
Avec ce premier ouvrage consacré à l’éthique animale, Thomas Lepeltier n’y va pas par quatre chemins : l’effroyable destin que l’homme impose à des milliards d’animaux chaque année ne saurait perdurer. Comme celle qui conduisit en son temps à l’abolition de l’esclavage, une révolution de même ampleur est aujourd’hui en marche : celle du végétarisme. N’en déplaise aux éleveurs (je m’en excuse) et aux afficonados du carné, on ne peut rester indifférents aux propos d’un scientifique très mobilisé, qui argumente avec conviction lors de la conférence à laquelle il participe en bonne compagnie. Quant à ce livre, on y entre en le redoutant un peu, et il faut bien avouer que même si des vidéos qui ont récemment fait la Une étaient déjà ô combien révélatrices, le propre de l’écriture est bien d’appuyer là où ça fait mal. Une révolution est-elle vraiment en marche ? La réalité nous la présente lointaine. « On peut juger de la grandeur d’une nation par la façon dont les animaux y sont traités » a dit Gandhi. Nous avons donc beaucoup de souci à nous faire.
Editions Accent Aîgu – 12 €
Balzac amoureux, Emmanuelle de Boysson
Voilà bien un moment que l’on ne peut vivre que sur un salon. Certes, quand on aime la littérature et Balzac, le titre de cet ouvrage ne peut qu’attirer. Me voilà donc devant la table où Emmanuelle de Boysson présente plusieurs de ses ouvrages dont ce fameux « Balzac amoureux ».
L’auteure devise avec une visiteuse. Echange autour du couple dont quelques propos captés sans vouloir être indiscrète me font sourire. Aussitôt Emmanuelle de Boysson se tourne vers moi : « Vous voyez ce que je veux dire ? » me demande-t elle. Oui, je vois bien. Et nous voilà partie à trois dans une discussion toute féminine. Romancière et essayiste, journaliste (Version Fémina), critique littéraire et Présidente du Prix de La Closerie des Lilas, mythique lieu parisien, Emmanuelle de Boysson est si souriante et accessible qu’au bout de cette conversation informelle, j’ai l’impression de la connaître depuis longtemps. C’est que nous avons, en quelques minutes, parlé de livres et d’écriture bien sûr, mais aussi de moments de vie que nous partageons finalement toutes. On pourrait se croire dans un film de Claude Sautet. Alors Balzac dans tout ça ? Il aimait les femmes c’est certain et elles le lui rendaient bien, toutes celles qui ont accompagné sa vie d’écrivain hors normes. Le livre est évidemment bien écrit et joliment illustré de tableaux et dessins. Un petit ouvrage qui ravira les balzacophiles et les muses !
Emmanuelle de Boysson a un autre projet de livre pour l’année prochaine. Un projet qui la passionne déjà. Espiègle, elle sourit comme ravie à l’idée de nous faire une surprise. Je la quitte conquise en lui disant « à bientôt alors », comme on le ferait avec une bonne copine rencontrée par hasard.
Edition Rabelais – 14 €
Nathalie Laprévote, poétesse
C’est tout naturellement au salon du Bois Plage que Nathalie Laprévote est venue présenter son dernier recueil de poèmes, puisque celui-ci « A l’eau Ré des jours » a trait à l’île de Ré.
Un recueil de poèmes intimistes magnifiquement rehaussé des aquarelles de Joëlle Guillaume. Désuète la poésie ? Tour à tour lyrique ou engagée, la poétesse du XXIème siècle chante le temps qui passe ou l’amour aussi bien qu’elle met en lumière l’absurdité des drames humains qui marquent notre époque (voir Un Certain Dialogue / Deauville et Sangatte). Si l’on croyait la poésie désuète, il va falloir réviser notre jugement.
Dans le tableau que peint un poème, son œil attentif sait transcrire les lignes d’un paysage par la musicalité des mots, les aplats de couleurs par des sonorités en apesanteur et les vibrations du cœur par le rythme de ses vers. Une simple évocation et les sentiments les plus délicats sont entendus. Un voyage, un regard ou même les parents font défiler le temps, l’amour, la beauté ou la mort.
S’il faut expliquer la poésie de Nathalie Laprévote, ce qui n’est d’ailleurs pas nécessaire, je dirais que ses poèmes m’évoquent les croquis aiguisés de Paul Verlaine dans lesquels l’œil, contemplatif, décrit un paysage et les mots, finement choisis, frappent droit au coeur car la musique n’empêche pas la teneur. C’est l’esprit clarifié et lavé du stress que l’on finit sa lecture.
Professeure d’histoire dans un lycée de la région parisienne, Nathalie Laprévote est membre de la société des poètes français et Médaillée de Vermeil d’Arts-Sciences- Lettres, elle écrit des poèmes depuis son plus jeune âge et c’est à dix-neuf ans qu’elle publie, aux éditions St-Germain /Cherche-Midi, son premier recueil : Aquarelle City.
Elle a déjà fait paraître une quinzaine de recueils dont « Par amour » une anthologie de ses plus beaux poèmes écrits entre 1986 et 2010, qui sont mis en musique dans un CD paru en 2014 « Maux à mots ».
Nathalie Laprévote prépare actuellement un conte pour les 7/10 ans « Madame Hamster à Amsterdam »… et « Du ciel, des enfants » chez Belize jeunesse ainsi qu’une nouvelle romancée : « Lettre à Chance, la voix de Lady » qui devraient paraître en 2017 et 2018.
Véronique Hugerot
« Maux à Mots » CD de Nathalie Laprévote. 25 poèmes interprétés par Mado Lagoutte et Laurence Meillarec Parution Juin 2014
« A l’eau Ré des Jours » parution Mai 2016 aux Editions Gerbert Albedia imprimeur
http://nathalielaprevote.e-monsite.com
Extrait de « Aquarelle City »
Voir le salon Île aux Livres 2017 (île de Ré)
Lire aussi
-
Loisirs
APY, ou la passion du yoga !
Depuis plus de trente ans, l’APY veille à dispenser à ses élèves un yoga structuré et qualitatif. Avec une trentaine d’adhérents, majoritairement féminins, l’association se veut bienveillante avec ses apprentis « yogis », en quête d’un bien être intérieur.
-
Loisirs
Belle cuvée pour le salon du Goût et du Vin
A trois personnes près, deux mille visiteurs ont honoré le rendez-vous de l’île de Ré avec les artisans et vignerons d’ici et d’ailleurs.
-
Loisirs
Ré Majeure : une fréquentation à la hausse
Beau bilan pour cette 14e édition de Ré Majeure, dont la fréquentation est en progression. Un résultat à la hauteur du talent des musiciens présents et de leur chef d’orchestre Marc Minkowski également directeur du festival.
Je souhaite réagir à cet article