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Belle avancée pour les producteurs de sel traditionnel
Ce mercredi 23 février, les députés de la Loire-Atlantique, de la Vendée et de la Charente-Maritime, en présence des représentants de l’Association Française des Producteurs de Sel marin de l’Atlantique, ont présenté leur proposition de résolution dans le dossier du sel bio, cosignée par 330 députés.
Pour rappel, la Direction générale de l’agriculture de la Commission européenne a publié, en 2021, un document devant lui servir de base pour rédiger le cahier des charges du sel bio. Ce document parlait de rendre éligible au label AB (Agriculture Biologique) presque toutes les méthodes de production de sel existantes mêmes les plus polluantes…
Retour sur les faits
Aujourd’hui, le sel que l’on trouve dans les épiceries bio ne l’est pas à proprement parler. Il s’agit d’un sel de mer de type artisanal, autrement dit issu de la production de sel traditionnelle des marais salants comme il est produit sur l’île de Ré. Ce sel est reconnu par des labels privés tels que “Nature et Progrès” pour sa qualité et son respect de l’environnement. Sur le marché, leur production représente seulement vingt-cinq mille tonnes annuel, une broutille face aux quarante millions de tonnes produites chaque année par les industriels. Si on en croit la Commission européenne, ce sont donc ces produits extraits de mine ou provenant des techniques de dissolution qui vont pouvoir arriver sur le marché avec le label bio alors que leurs techniques de production sont parmi les moins vertueuses et nécessitent un coût carbone excessif.
Louis Merlin, saunier à Saint-Clément-des-Baleines et président de l’association des producteurs de sel de l’île de Ré, s’était confié à nous suite à l’apparition de ce document : « Si ces autres techniques de production deviennent éligibles au label bio, cela va renforcer la confusion du consommateur. Il y a une stratégie d’effacement de la spécificité de nos produits artisanaux et de notre métier. Les industriels vont jouer de cela avec le marketing et tromper l’acheteur avec des étiquettes de saunier récoltant à la main, alors que cela est complètement faux ».
Un passage à l’assemblée nationale réussi…
Pour faire entendre leurs voix, les représentants de l’Association Française des Producteurs de Sel marin de l’Atlantique se sont rapprochés des élus locaux. Une pro- position de résolution a ainsi été formulée par Madame Tuffnell, députée de la deuxième circonscription de la Charente-Maritime, avec le soutien de trois autres députés de la Vendée et de la Loire-Atlantique et de Véronique Richez-Lerouge, conseillère départementale de la Charente-Maritime. Cette proposition invitant le Gouvernement à défendre une approche plus exigeante de la certification européenne du sel biologique et de ses méthodes de production a été présentée à l’Assemblée Nationale, le 23 février dernier à Paris, et a convaincu la majorité de l’hémicycle puisque 330 députés sur 577 ont co-signé le document. Louis Merlin est revenu sur cette présentation, à laquelle il a pu assister dans cette célèbre institution française : « Ce qu’on a fait était complètement inespéré au départ, dans ce qu’on avait pu imaginer faire en France autour de ce dossier en terme de sensibilisation, et de mobilisation des élus et du Gouvernement. Clairement on aurait difficilement pu faire mieux…», nous a-t-il confié ravi. « C’est un sujet qu’ils n’ont sûrement pas l’habitude de traiter à l’Assemblée, parler des différentes techniques de sel était sûrement une première pour la plupart d’entre eux, mais on a senti un vrai échange et un réel intérêt pour notre métier. La plupart d’entre eux étaient d’accord avec notre combat pour la filière bio qui est tout à fait légitime, sinon nos métiers ne veulent plus rien dire. »
…mais il reste la guerre à gagner
Comme le dit Louis Merlin : « C’est une étape très chouette, mais ce n’est qu’une étape. Cela reste une PPR, une proposition de résolution, ce n’est pas un règlement, et l’idée c’est de montrer la position des élus du peuple au Gouvernement afin qu’il prenne une position plus conforme à celle que l’on recommande ». La prochaine étape aura lieu le 8 mars, la Commission européenne va sortir un acte délégué sur le sel, l’équivalent d’un décret qui va préciser les pro- positions de règles de production en matière de sel bio. Cette présentation aura lieu devant les États membres qui s’intéressent à ce dossier, dont la France évidemment, et normalement l’Allemagne, l’Espagne, le Portugal ou encore la Belgique. « À ce moment-là, tout sera ouvert aux jeux politiques et d’influences, sachant que les industriels font pression. On ne s’attend pas à des miracles puisque jusqu’à présent les orientations de la Commission européenne était plutôt inquiétantes sur le sujet mais nous verrons bien, et en tout cas nous aurons fait le maximum pour y parvenir et c’est aussi grâce aux élus locaux qui nous ont apporté un soutien précieux dans ce dossier », explique Louis Merlin. Ré à la Hune vous tiendra informé très prochainement de la suite des événements que nous espérons positive…
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