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Un beau succès pour les Journées du Patrimoine
Samedi 17 et dimanche 18 septembre dernier le patrimoine rétais était à l’honneur dans le cadre des Journées Nationales du Patrimoine. Toujours très appréciées par le public, ces Journées ont une fois encore attiré plus de 1200 personnes accueillies sur différents sites.
Au hit-parade des sites les plus fréquentés : l’ancien Hôpital Saint Honoré et son apothicairerie à Saint-Martin, l’Alambic de Sainte-Marie, le patrimoine militaire et la visite de la Batterie Herta à la Couarde-sur-Mer, Vauban pour les nuls, La Redoute à Rivedoux ou encore le rallye du Patrimoine organisé en partenariat par l’ANCRE Maritaise, le Musée du Platin et le Musée Ernest Cognacq entre autre.
Un beau succès pour la « Distillerie d’Images » et les visites déguidées : 500 personnes accueillies pour cette première !
Nul doute que l’une des animations phare des Journées du Patrimoine sur l’Ile de Ré fût la soirée organisée par la Communauté de Communes samedi 17 septembre à partir de 20h30 à l’ancien Hôpital Saint- Honoré de Saint-Martin. Dès la nuit tombée, des projections de lumière ont éclairé les façades de l’Aile Saint Michel mais aussi la Porte des Campani, l’Eglise et les rues des 48 Puits, Galets du Canada, La Vinatière. Ces illuminations étaient réalisées par le Kolectif Alambik.
Cette « Distillerie d’Images » a accentué la beauté de l’architecture
La « Distillerie d’Images » consiste à sculpter la lumière à partir de créations visuelles et à intervenir sur des images sur support argentique, grâce à des techniques artisanales telles que la peinture, la chimie, les superpositions, les collages ainsi que des traitements spécifiques lors du tirage des photos. Les oeuvres ainsi créées sont alors projetées sur des façades ou des objets, tel un tableau abstrait.
En perpétuelle création, le Kolectif Alambik suite à un repérage a imaginé cette projection de lumière monumentale, véritable art nocturne et dévoilé ainsi à la tombée de la nuit un lieu et son potentiel esthétique. Cette alchimie d’images a opéré immédiatement auprès du nombreux public présent.
Visites déguidées mêlant humour et anecdotes historiques de Saint-Martin !
Cette soirée inédite était accompagnée de visites « déguidées » sorte de visites insolites autour de la Place de la République et des rues attenantes, menées tambour battant par le comédien Bertrand Bossard. Véritable « happening » sur le thème du patrimoine et au ton humoristique, l’artiste a déambulé avec son public en petites foulées et en rang quatre par quatre… à trois reprises, 20h30, 21h30 et 22h30. A chaque fois, pendant une heure, il raconte et commente le patrimoine de Saint-Martin avec des propos drôles et anecdotiques pas toujours « historiques ». Le public limité à 40 personnes par visite s’est largement multiplié pour assister à ces escales culturelles d’un autre genre.
Avec la complicité d’un autre acteur « noyé » dans le public qui interrompait le comédien, le ton de la balade était donné, l’humour ! Le public fût largement sollicité devenant lui aussi complètement « artiste associé » face à un metteur en scène brillant. Le groupe s’exécute, rit, mime, chante, déambule, au gré des rues et des haltes proposées à un rythme assez effréné… Les passants croisés dans la rue, non participants, s’étonnaient de cet attroupement bruyant mais festif et devenaient, à leur tour, artistes participatifs de ce « happening ». Un moment qui fût très apprécié et salué par des applaudissements chaleureux !
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Le temple protestant de Saint-Martin
Construit en 1837, c’est le dernier temple existant sur l’Ile de Ré. C’est la 2ème année seulement que ce Temple ouvre ses portes à l’occasion des Journées du Patrimoine. Dans une atmosphère assez épurée, la Bible étant dans la religion protestante l’élément essentiel, le plan de ce Temple est classique, de forme rectangulaire comme la plupart des lieux de culte construits à cette époque. A l’intérieur du Temple la disposition d’origine n’a pas changé avec une allée centrale, 2 rangées de bancs et la chaire face à l’entrée. Le jardin devant le Temple a été conservé. Selon les moyens financiers, des travaux d’améliorations ont lieu régulièrement, et plus récemment, ils ont concerné les changements de fenêtre et de vitrages abîmés par le temps.
Ce lieu de culte abrite tous les dimanches un office assuré une fois par mois par le Pasteur de la Rochelle. Quand celui-ci ne peut se rendre disponible, c’est un paroissien qui assure ce rôle. 20 familles protestantes sont répertoriées sur l’Ile aujourd’hui et ce sont jusqu’à 80 familles qui fréquentent le temple en été. En saison estivale, ce sont des pasteurs de passage qui séjournent au presbytère de l’ancien temple de la Flotte qui officient.
La chapelle Port Notre-Dame de Sainte-Marie-de-Ré
Nichée au début de la rue Port Notre Dame, ce petit édifice tout en discrétion ouvre sa jolie porte d’entrée en bois dès les premiers rayons de soleil du printemps et à chaque période de vacances scolaires. La grille en fer restant fermée pour empêcher quiconque de pénétrer à l’intérieur sans surveillance. Exceptionnellement pendant les Journées du Patrimoine, on peut la découvrir et entrer… De petite surface, on distingue une dizaine de chaises à peine, un autel, des ex-votos de bateaux le tout en parfait état.
Installée dans le patrimoine maritais avant le Réforme, elle fût démolie puis rebâtie au cours des siècles. Aujourd’hui la Chapelle ne sert plus depuis une dizaine d’années, faute de prêtre et de paroissiens « actifs » trop âgés. Dans les années 1940 à 1950, Un pélerinage avait lieu chaque année le 15 août. L’aumônier de la colonie de vacances située à Sainte-Marie- De-Ré organisait le jour de la fête de Marie le transport de la Pieta de l’Eglise de Saint-Marie-de-Ré jusqu’à la Chapelle avec les enfants de la colonie. Une fois l’établissement fermé, ce rituel a pris fin. Ce sont aujourd’hui les bénévoles de l’Association des Amis de l’Eglise de Sainte-Marie-De-Ré qui se relayent pour faire découvrir cet endroit plein de quiétude.
La chapelle Saint-Sauveur à Sainte-Marie-de-Ré
A quelques mètres de la mer, protégée par les dunes, la Chapelle Saint- Sauveur est l’une des constructions religieuses les plus antiques de l’Ile. Selon la légende une grande dame espagnole sauvée d’un naufrage sur les rochers de Sainte-Marie aurait fait élever cette chapelle dédiée aux sauveurs des naufragés… Mais la réalité est un peu plus pragmatique. La première mention d’un prieuré Saint-Sauveur apparaît en 1236.
En 1292, deux moines et un prieur y vivent. Comme sur le continent proche, le prieuré est établi en bordure de la mer sur la pointe d’un rocher (la mer pénètre alors profondément dans La Noue) et est visible de l’océan. En 1575, le prieuré est ravagé par les protestants et semble ensuite abandonné. Le 1er avril 1838 une nouvelle chapelle (l’édifice actuel) qui aurait été édifiée sur les anciennes fondations est consacrée. Le bâtiment a été restauré en 1912.
Sous l’ancien régime la chapelle fait l’objet d’un pèlerinage très important, à la date du 6 août. On y vient de toute l’Île, mais également du continent. Le cortège part de l’église paroissiale et se rend jusqu’à Saint-Sauveur. Abandonnée au XVIIIème siècle, la fête du 6 août est rétablie avec la restauration de la Chapelle. La bénédiction de la mer, non mentionnée avant cette date, apparaît alors. Très rapidement cette fête et les cérémonies qui l’accompagnent retrouvent une ampleur considérable au niveau de l’Île. Aujourd’hui, pour le village de La Noue, la fête du 6 août demeure un événement particulièrement important. En très bon état grâce à une belle rénovation rendue possible par la générosité de donateurs privés, cette Chapelle met l’accent sur de belles pièces religieuses comme une grande vierge qui date de l’origine, un autel d’origine flamande et un tabernacle restaurés, une figure du Christ en bronze, un chemin de croix en porcelaine, une belle maquette d’un 3 trois-mâts rappelant l’omniprésence de l’océan, un vitrail magnifique représentant le « sauveur du monde »… Une visite riche en patrimoine religieux.
Les journées du patrimoine d’Ars-en-Ré
Les vieux métiers à l’honneur
Le chai du vigneron
Le chai de Papi, se trouve juste derrière l’église, il y faisait son vin jusqu’en 1970. Sa petite fille a soigneusement conservé son outil de travail et tout est resté en l’état. Elle en ouvrait la porte pour les journées du patrimoine, le vin n’est-il pas un patrimoine en France ?
De l’entretien et du lavage des barriques jusqu’au bondage des fûts, elle n’a rien oublié des gestes que son aïeul exécutait sous ses yeux d’enfant. En octobre, on vendangeait les grappes mures dans des baquets, bientôt transvasées dans des basses puis, foulées à l’aide d’un pilon en tamaris, elles donnaient le moût. La fermentation du moût se fait dans la grande cuve, on disait « la vendange est à bouillir » Trois quatre jours après, le pressurage commençait.
Sous les yeux curieux de nombreux visiteurs, elle nous explique le pressoir : treil, treillée, garniture, gorons, gorets, aiguillettes, tains, timbre et cuve sont restés intacts dans l’obscurité du petit chai et l’on s’imaginerait presque, en ce mois de septembre le remettre bientôt en marche, après un bon coup de chiffon ! Les outils : pilon, bêche, croc, basses, baquets, tonneaux et boyard attendent, eux aussi une hypothétique vendange.
Un peu de nostalgie et beaucoup d’enseignement lors de cette visite magistralement menée par la petite fille de Papi, nous l’en remercions sincèrement.
La forge de Jojo Goumard
Un peu plus loin, la forge de la place de la Chapelle, en activité jusqu’en 1978, a rouvert sa porte elle aussi. Deux cylindres en fer rouillés reliés, d’une part à un poids, de l’autre à une poignée figurent le soufflet qui activait le feu. Un feu qui doit atteindre 800 à 900 °C pour le travail du fer, précise un proche, il était alimenté par des boulets de charbon spécial forge.
Sa fille se souvient qu’après la journée de travail de son père, la braise de la forge était parfaite pour y griller les saucisses ! L’énorme enclume provient de l’arsenal de Rochefort, explique-t-il, elle est venue par bateau et pèse environ 600 kilos. Belle pièce en vérité qui fait rebondir le marteau avec un son pur et profond. Il paraît que Jojo Goumard en était fier, on le comprend ! Sur l’établi, les pentures de volets, les outils de pêche façonnés ici-même s’exposent comme d’incontestables témoignages du savoir-faire du maître forgeron serrurier. Au mur, les photos épinglées au-dessus du tableau à outils rappellent aux visiteurs et voisins l’ambiance et l’activité du village d’autrefois.
Les journées du patrimoine au musée Ernest Cognacq
Raymond Enard, peintre et graveur, Louis Suire peintre et musicien, deux destins en parallèle
Le choix judicieux de Catherine Maunoury, adjointe au patrimoine au musée Ernest Cognac, de présenter ces deux peintres dans la même salle se comprend aisément par la similitude de leurs vies et de leurs carrières.
Tous deux nés dans les années 1900, l’un à La Rochelle l’autre dans le Poitou, ils découvrent très jeunes l’île de Ré et en restent sous le charme. Leurs études de dessin les guident tous deux à l’école des Beaux-Arts de Paris. De même, ils exposent tous deux à l’exposition universelle de 1937 : R. Enard présente une gravure pour laquelle il obtint un 1er prix de gravure et Louis Suire présente une commande de dessins sur les métiers typiques régionaux pour un service de table.
Les deux artistes enseignent ensuite le dessin, l’un à Paris, l’autre à La Rochelle. Ils sont mobilisés en 1939 puis faits prisonniers, tous deux continueront de peindre en captivité : les gravures représentant le Stalag de R. Enard sont édifiantes et jouxtent un autoportrait de L. Suire peignant dans sa cellule.
Après-guerre ils reviendront tous deux à l’île de Ré et leur amitié se scellera au cours de leurs excursions de peinture en extérieur. Les marais salants, les plages, le port de La Rochelle, le marais poitevin, les ruelles de l’île de Ré leurs fournissaient un éventail inépuisable de paysages dont la lumière si particulière était la motivation même de leur peinture. Et c’est un bonheur de pouvoir apprécier deux tableaux accrochés côte à côte, représentant le même port de La Rochelle ou le même marais, probablement peints ensemble, le même jour et pourtant si différents. Paul Guth disait de Louis Suire qu’il était le peintre du silence, ses maisons blanches, ses plages et ses portraits sont emprunts d’une sérénité inaliénable, de calme, de silence. Raymond Enard lui s’exprimait tout en matière et en mouvement ; il a par ailleurs expérimenté de multiples techniques telles les chiffonneries, tableaux fait à base de tissus divers, dont un portrait est exposé ici.
Les paysages bien connus des deux artistes, ruelles, marais salants, plages bordées de pins, véhiculèrent une image intrinsèquement liée à l’île de Ré, idyllique et paisible, dès le début du XXème siècle.
Exposition Louis Suire et Raymond Enard jusque fin mai 2017 au musée Ernest Cognac à Saint-Martin de Ré
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