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Une avancée environnementale originale
Le traitement des vignes par la confusion sexuelle a débuté le 7 avril à Sainte-Marie et s’est prolongé jusqu’au 10 avril. Une cinquantaine de viticulteurs et 362 ha étaient concernés par l’opération gérée par le GDAD (Groupement de Développement pour une Agriculture Durable).
La confusion sexuelle s’effectue en utilisant des phéromones synthétiques qui perturbent les rapprochements des papillons mâles et femelles parents du « ver de la grappe ». Dans une atmosphère saturée de phéromones femelles, les mâles ont du mal à retrouver les femelles pour s’accoupler. La naissance de chenilles dévorant les boutons floraux ou s’introduisant dans les baies est ainsi limitée. Cette technique présente de nombreux avantages : elle n’est pas toxique pour les utilisateurs, respecte la faune et la flore, ne laisse de résidus ni dans le fruit, ni dans le vin et n’a pas d’effets secondaires sur l’environnement. A contrario de la pulvérisation d’insecticides, la confusion sexuelle n’est pas tributaire de la pluie ou des vents fréquents sur l’île.
Cependant, pour être efficace, elle doit être effectuée de manière collective et sur des surfaces minimales de 10 ha. Si la surface traitée a diminué d’une vingtaine d’hectares par rapport à l’année précédente, c’est qu’il a été constaté que la méthode était restée sans résultat dans la zone du restaurant Le Parasol, à Ars, où la forêt fait une barrière physique empêchant la diffusion des phéromones.
Le traitement chimique, qui nécessite deux passages, coûte environ 110€/ha, ce prix variant selon l’insecticide employé, alors que la méthode de la confusion sexuelle revient à 226€/ha. Globalement l’opération s’élève à 70 000€ dont 19 000€ sont supportés par les viticulteurs, la différence ayant été prise en charge par la CdC en 2014 dans le cadre de l’écotaxe. La décision de financer partiellement, en 2015, ce traitement alternatif ne sera prise qu’au mois de mai par la CdC. Malgré le coût élevé, il semblerait que les agriculteurs soient prêts à continuer sans subvention. Les viticulteurs allemands sont les premiers à avoir ainsi traités leurs vignes. En France cette méthode a été d’abord utilisée dans les vignobles à haute valeur ajoutée et a tendance à se développer dans le sud-ouest. Dans l’île, la surface traitée par insecticide a diminué entre 2010 et 2014 de 82%.
Dominique Chevillon, président de Ré Nature Environnement, présent à Saint-Clément, lors de l’implantation des capsules de phéromones, remarquait « qu’il fallait souligner l’originalité de cette démarche, sans incidence négative pour les agriculteurs et encore peu employée dans le département et encourager le dynamisme des jeunes agriculteurs de l’île. »
Aude Chupin expliquait de son côté qu’elle avait constaté une nette différence dans la mortalité de ses abeilles installées sur l’île et celles du continent depuis la mise en place de la confusion sexuelle. Tous, viticulteurs, agriculteurs, sauniers, apiculteurs, se sentent concernés et estiment « devoir participer activement à la politique de cohérence environnementale de l’île » tout en souhaitant « se garantir d’une visibilité tant économique que territoriale en co-responsabilité avec les élus pour continuer cette transition » comme le déclare Carole Pardell, présidente du GDAD.
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