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- L'Île aux Livres 2014
Des auteurs fort bien accueillis dans la « bulle rétaise »
Cette 8ème édition de l’île aux Livres a de nouveau fait le plein de visiteurs les 8 et 9 août avec près de 14 000 entrées au compteur électronique des bénévoles et des conférences très suivies, certaines comme celle de Gisèle Casadesus – invitée d’honneur – Gonzague Saint-Bris, Patrick Poivre d’Arvor et, côté économie, Philippe Dessertine & Christian Saint-Etienne, ou encore Michel Godet, ayant fait salle comble. Mais l’essentiel de ce salon devenu une institution de la vie culturelle et sociale de l’île de Ré en été ne réside pas tant dans les chiffres que dans l’état d’esprit qui y règne, favorisant de belles rencontres entre les auteurs et leurs lecteurs, en face à face lors des dédicaces, mais aussi à l’occasion des conférences et des tables rondes.
Or même en période de crise et d’érosion des ventes des livres, les gens viennent aux Salons du livre justement pour se faire plaisir lors de moments rares et privilégiés avec leurs auteurs préférés. Les auteurs présents semblent par ailleurs très satisfaits des ventes réalisées lors de cette édition, ce qui prouve que qualité et quantité ne sont pas toujours antinomiques. Joschi Guitton et Stéphane Guillot tiennent à souligner le très bon niveau des tables rondes et des débats et le remarquable travail des animatrices Marie-Madeleine Rigopoulos, Karine Papillaud et Elisabeth Chavelet, journalistes littéraires pour les deux premières et rédacteur en chef à Paris Match coiffant la politique et l’économie pour la troisième, contribuant largement à cette qualité d’ensemble.
Une alchimie s’opère entre tous les auteurs et avec les visiteurs
Le secret de l’île aux Livres tient aussi à l’alchimie qui s’opère entre tous les auteurs, qui se côtoient dans une ambiance très « bon enfant » : têtes d’affiche de grandes maisons d’éditions, auteurs indépendants, débutants ou confirmés, bénévoles de l’organisation – près de 90 bénévoles dont les membres du Lions Club – tous se côtoient au salon, un peu comme « dans cette bulle qu’est l’île de Ré, tout le monde se connaît, se parle ou encore se peint » selon PPDA.
À l’heure de la remise des prix, samedi 9 août au soir, les très beaux portraits des lauréats peints par Marie Marie ont fait leur effet, même si l’histoire ne dit pas si PPDA s’est regardé et plu « seul dans sa chambre d’hôtel » ayant toujours évité de s’admirer au Journal de 20 heures et en photos… Les reliures spéciales réalisées à l’ancienne par l’Atelier Quillet du premier roman de PPDA, « Les Enfants de l’Aube » – PPDA ayant reçu un « prix spécial » pour l’ensemble de son oeuvre et son soutien indéfectible au Salon – du roman de Clélia Anfray « Monsieur Loriot » – prix « île aux Livres La Petite Cour » – et du magnifique ouvrage d’Étienne « Sculptures » avec des textes signés de Dan Franck et Isabelle Pirot – prix île de Ré – ont soulevé l’admiration des auteurs, tant elles subliment les ouvrages.
Si chaque année l’ensemble des auteurs – certes transportés, logés et nourris pour tous ceux qui viennent de l’extérieur – se déplacent gracieusement sur l’île aux Livres, contrairement à d’autres salons qui les rétribuent pour leur prestation de dédicace, c’est qu’ils y retrouvent une ambiance à nulle autre pareille, propre à l’île de Ré et farouchement préservée par les organisateurs, qui « même s’ils en avaient les moyens ne les rétribueraient pas », pour éviter toute dérive. Joschi et Stéphane jonglent avec un budget tout juste équilibré les meilleures années, grâce aux partenaires institutionnels – CdC de l’île de Ré et Mairie du Bois-Plage – et privés, fort nombreux.
Prévue les 7 et 8 août, l’édition 2015 devrait maintenir une formule qui a fait ses preuves, en introduisant peut-être quelques nouveautés, comme par exemple des stands de dédicaces à différents endroits clé du Bois-Plage, afin de valoriser l’authenticité du village…
Nathalie Vauchez
Voir le portrait de Gisèle Casadesus, auteur de « Cent ans, c’est passé si vite… »
Voir le précédent article consacré à L’Île aux Livres
SAMUEL SUTRA : TONTON ET SA BANDE ONT FAIT LE DÉPLACEMENT
Samuel Sutra présente cette année le quatrième opus de sa série contant les aventures de Tonton et son équipe de bras cassés.
Dans Le bazar et la nécessité (Tonton sème le doute), Tonton, le héros, chef d’une bande de truands, découvre qu’il a un fils de 30 ans, jeune lieutenant prometteur et plein d’ambition. Et la première de ses ambitions n’est pas d’organiser de joyeuses retrouvailles familiales, mais d’envoyer son géniteur derrière les barreaux. S’en suit un rapport de force entre le père, et le fils, narré avec le ton humoristique qui a fait le succès des oeuvres précédentes. Le roi de la truande, gangster de la vieille école, est bien décidé à donner une leçon à son rejeton, et à lui montrer qui commande. Et pour ça quoi de mieux que de rappeler sa bande et de monter un nouveau coup. Avec son langage, inspiré de la « gouaille » des films des années 70, on s’attendrait presque à voir surgir Lino Ventura et sa bande de flingueurs. Et le lecteur ne sait cacher son étonnement quand apparaissent dans l’histoire des objets bien contemporains, tel un téléphone portable. Samuel Sutra compare son style à celui d’Audiard, et de Frédérique Dard, dont le fils, Patrice, préface d’ailleurs son dernier livre. On se laisse entraîner dans ce polar non conventionnel, avec délice, un sourire aux lèvres, cherchant à démêler l’intrigue, rondement menée.
Lolita Prieur
FRANÇOIS GIBAULT : LES MÉMOIRES D’UN HOMME AUX MULTIPLES FACETTES
François Gibault, grand avocat, homme de lettres, commandeur de la légion d’honneur, et j’en passe, revient sur sa vie, avec un dictionnaire, énumération de moments de son existence.
On navigue dans cet abécédaire d’une vie, comme on le désire, sans voie imposée, en sautant du coq à l’âne, d’une époque à une autre. Dressant le portrait de personnes qui l’ont marqué, connues ou inconnues, il célèbre les morts et les vivants. François Gibault nous emmène dans ses souvenirs, ses lieux, ses mots, ses anecdotes, ses idées, ses impressions, de manière inhabituelle, sans jamais nous lasser. Comme il le dit « il y a à boire et à manger ». En le lisant, on ne peut s’empêcher de penser au « Avec mon meilleur souvenir », de celle qu’il qualifie de « fleur des champs », Françoise Sagan. Ce ne sont peut-être pas uniquement ses meilleurs (souvenirs), mais ces « instantanés » sont ceux qui le définissent. Car ce sont des tableaux qu’il nous dresse. Des scènes de sa vie qu’il nous peint dans ses descriptions, qui ne manquent ni d’humour, ni de poésie, et sont parfois sans concession. Ainsi, nous décrit-il Arletty comme « mitraillant ses amis autant que ses ennemis avec une précision de tireur d’élite ». Revenant sur certains de ses procès qui ont marqué l’Histoire, comme celui où il a défendu Kadhafi, il le fait sans regrets. Comme pour dire j’assume, je ne me repentirai pas : « Oui, j’ai été l’avocat du colonel Kadhafi, et j’ai gagné son procès ». L’avocat est un homme de convictions, et de causes, qu’elles soient politiques ou artistiques. Fervent défenseur de l’oeuvre de Céline, il ne lui consacre pourtant que cinq lignes dans l’entrée qui porte son nom. Mais ce n’est que pour mieux en parler là où on s’y attend le moins. Il doit à Dubuffet, dont il préside la fondation, d’avoir « refait son éducation », à Saumur la plus belle année de sa vie. Et à son petit-neveu, créateur de la marque, la question « le slip français c’est vous ? ». Dans son alphabet, atypique, drôle, émouvant, François Gibault se livre pour notre plus grand plaisir, sans jamais en dévoiler plus que nécessaire.
Lolita Prieur
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