Au chevet des crapauds à couteau
Depuis le 24 février dernier, les écogardes de la Communauté de Communes de l’île de Ré mènent une opération de sauvegarde d’amphibiens, en particulier le Pélobate cultripède plus connu sous le nom de « crapaud à couteau ». Les conditions météorologiques de ce début d’année n’ont pas encore permis de finaliser la mission
Cette opération de sauvegarde d’amphibiens est menée dans la forêt du Lizay à Saint-Clément-des-Baleines, avec l’appui de citoyens bénévoles. Un dispositif a été installé le long de la RD 101 afin de permettre aux Pélobates cultripèdes de rejoindre en toute sécurité leur lieu de reproduction, dans les marais. Avec cette opération, ainsi que toutes celles déployées précédemment, les écogardes participent au maintien d’une espèce dont la plus grande population de la façade atlantique se trouve ici, à l’île de Ré. « Dans la forêt du Lizay vit le crapaud à couteau, une espèce protégée avec la plus belle population insulaire de la façade Atlantique. Nous estimons cette population à environ cinq cents individus », commente Fabienne Le Gall, la chef d’équipe des écogardes de la CdC. « Pour se reproduire, ils traversent la départementale, ce qui constitue un risque élevé. Aujourd’hui, l’habitat des amphibiens est menacé, il diminue dangeureusement », poursuit-elle.
Éviter une traversée mortelle
Cette action cible ainsi en particulier les Pélobates cultripèdes. Ces crapauds, couleur sable et marbrés de brun, effectuent à cette période de l’année une migration de leur lieu d’hivernage, situé dans la forêt du Lizay, aux sites de reproduction privilégiés que constituent les marais et les zones humides situés de l’autre côté de la route départementale. Pour leur éviter une traversée mortelle, les écogardes de la CdC ont installé un filet de 800 mètres le long de la piste cyclable en bordure de la route, jalonnée de 80 seaux-pièges. Deux écogardes, accompagnés de deux bénévoles, se relaient pour assurer une présence 7 jours sur 7. Ces derniers inspectent les seaux chaque matin pour identifier, sexer et comptabiliser les amphibiens qui s’y trouvent. Ils sont ensuite placés dans un seau de transport pour être transférés de l’autre côté de la route, au plus près des marais.
Améliorer les connaissances scientifiques
Initialement prévue pour durer jusqu’au 2 avril, l’opération se prolonge jusqu’à la fin du mois. Elle sera renouvelée l’année prochaine afin de recueillir davantage de données. « Cette mission devait se terminer début avril, mais avec des températures encore fraîches et l’absence de pluies, ils ne se sont pas encore décidé à traverser… Nous poursuivons donc l’aventure ! », explique Fabienne Le Gall. À ce jour, les écogardes et bénévoles ont recensé 504 amphibiens, dont seulement 8 Pélobates. Si certains d’entre eux, comme les rainettes, sont déjà passés de l’autre côté de la route, le crapaud à couteau se fait attendre. « Malgré tout, ce type d’opération nous offre des informations intéressantes. Nous constatons par exemple que sous certaines températures, les crapauds à couteau ne passent pas », explique la chef d’équipe.
Cette dernière tient par ailleurs à remercier l’implication des bénévoles. « Nous avons reçu des réponses de plus de 70 bénévoles pour assurer cette mission ! La population est très intéressée par le sujet, nous sommes vraiment ravis de l’implication et de la mobilisation dont elle fait preuve », conclut Fabienne Le Gall. La participation active de bénévoles permet en effet de diffuser la culture scientifique auprès des habitants de l’île de Ré et de les sensibiliser à la protection de la biodiversité.
Un site classé au niveau international
Victime des collisions routières, de l’urbanisation et de la disparition des zones humides, le Pélobate cultripède trouve sur l’île de Ré des conditions favorables à son épanouissement. Sur une superficie de 4 452 hectares, les marais du Fier d’Ars sont inscrits sur la liste des sites RAMSAR (Convention relative aux zones humides d’importance internationale) depuis 2003. Cette convention internationale, qui fête cette année ses 50 ans, est un label permettant d’attester de la richesse et de la qualité des zones humides.
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