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Associations et élus locaux réagissent vivement
Les réactions des opposants ne se sont pas faites attendre, la LPO ayant fait connaître sa position dès le 29 juillet, jour de la publication au JO, suivie du collectif NEMO. Interrogé par Ré à la Hune, Lionel Quillet a aussi rapidement réagi. Les AIR, de leur côté, quittent le collectif NEMO.
LPO : « Des alternatives existent ! »
« En validant la poursuite d’un projet industriel de cette ampleur au coeur d’une zone de protection spéciale des oiseaux, l’Etat remise au second plan les enjeux de préservation de la biodiversité… Si la zone d’implantation choisie se situe désormais en dehors du PNM, elle reste néanmoins située au coeur de la Zone de protection spéciale (ZPS) « Pertuis Charentais – Rochebonne », une Aire marine protégée créée en raison de sa richesse écologique et de l’existence de voies de déplacement des oiseaux entre les zones de stationnement au large et le continent, ainsi que sur des couloirs migratoires nord-sud d’importance internationale.
La mise en oeuvre d’un projet éolien de cette envergure dans une telle zone menace donc de nombreuses espèces d’oiseaux protégés, dont 40% de la population mondiale de Puffin des Baléares, mais également les fonds marins.
Des alternatives existent. La LPO demande à ce que la technologie éolienne flottante soit envisagée dès maintenant pour l’implantation de parcs marins en Atlantique Sud, en s’affranchissant des contraintes bathymétriques. Cette option permettrait de déplacer le projet en dehors des routes migratoires identifiées et de la zone de protection spéciale, et ainsi de mieux protéger la biodiversité associée.
Avec cette décision, la France se place en outre à contre-sens de la dynamique européenne. La réglementation communautaire en cours d’adoption dans le cadre du plan REPowerEU va en effet dans le sens de l’exclusion des zones naturelles protégées (Natura 2000 et parcs naturels marins) pour l’implantation de projets d’énergie renouvelable.
La LPO s’est fortement investie dans le débat public sur le projet éolien… et reste mobilisée pour que l’État revoit sa copie sur ce dossier. Alors que le gouvernement parle de planification énergétique en promettant de prendre en compte les enjeux écologiques dans toutes ses décisions, il propose d’implanter un parc éolien marin au sein d’une zone protégée sans étude d’impact préalable sur l’environnement. Rien n’a donc changé ! »
NEMO : « Un écocide annoncé, la démocratie bafouée »
Le collectif NEMO est le plus virulent en parlant d’« un écocide annoncé, la démocratie bafouée ». « Une fois de plus, l’État cède aux seuls intérêts des industriels, en s’affranchissant des enjeux écologiques et socioéconomiques défendus massivement et ardemment par les participants au débat public. Remontées et préconisations du débat public dont l’Etat n’a absolument pas tenu compte, la sortie de Parc Naturel Marin étant simplement la correction d’une aberration dont l’Etat craignait les conséquences juridiques… ». « D’une aire marine protégée à une autre aire marine protégée… l’Etat sacrifie toujours les enjeux écologiques… Cette localisation impactera directement les écosystèmes marins (les fonds marins, la colonne d’eau entre le fond et la surface de la mer, enfin la colonne d’air au-dessus de la surface) et leurs biodiversités associées, lors des phases de construction, d’exploitation et de démantèlement des éoliennes… Les participants au débat public, mais aussi les experts intervenants, se sont largement mobilisés dans un rejet massif remarqué et décrit par les membres de la commission du débat public, pour éviter ces Aires Marines Protégées qu’elles soient Parc Naturel Marin ou Zone Natura 2000. Ainsi l’entêtement fautif de l’État et des industriels qui ont choisi les lieux d’implantation à enjeux écologiques forts, est-il incompréhensible. »
« Tout le long du débat public, les participants ont martelé qu’on les interrogeait sur des projets sans qu’ils en connaissent les conséquences environnementales, socio-économiques et énergétiques. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le collectif NEMO est fermement opposé à cette localisation dévastatrice… L’État n’entend pas les citoyens et privilégie encore le passage en force. Cela nourrira les contentieux inévitables … que l’on pressent. Et altère la crédibilité de l’État dans la prise en compte des enjeux écologiques et climatiques. Alors que la communauté scientifique rappelle que la bonne santé des écosystèmes et de leur biodiversité associée fait partie des solutions pour lutter contre les désordres climatiques engendrés par les activités humaines telles qu’elles se passent aujourd’hui. Le collectif NEMO est plus déterminé que jamais à s’opposer à ces projets néfastes pour notre belle Charente- Maritime ! »
Les Amis de l’île de Ré « satisfaits » mais « vigilants »
« Dans sa séance du 6 août 2022, le Conseil d’Administration des AIR a décidé, à l’unanimité, de quitter le collectif NEMO. En effet, les AIR étaient opposés au projet tel que présenté initialement, en raison notamment du trop faible éloignement des côtes et de l’implantation sur le parc naturel marin… Or la décision gouvernementale du 27 juillet 2022 donne satisfaction sur ces deux points et notre position n’est donc plus compatible avec les orientations du Collectif NEMO. Toutefois les AIR resteront vigilants sur la mise en oeuvre… »
Lionel Quillet : « Une raison d’Etat non assumée et une privatisation de la mer inacceptable »
Pour le président de la CdC de l’île de Ré : « On s’en doutait, l’Etat a décidé de passer en force pour implanter ses parcs éoliens, le débat a toujours été biaisé. Il a proposé en premier choix la zone la plus intéressante économiquement, pour ensuite en cas de blocage proposer de s’écarter des côtes, c’est le scénario de l’Etat et de personne d’autre ! Il était évident que l’Etat ne pouvait persister sur le PNM. Nous pouvons remercier ceux qui se sont battus, le collectif NEMO et les élus, qui ont permis d’éviter une grosse catastrophe près de nos côtes. Le problème posé reste toutefois entier, puisque les projets passent sans étude pertinente d’impact, alors qu’ils restent situés sur des couloirs migratoires d’oiseaux. Cela ne peut être satisfaisant, on éloigne juste les problèmes et on privatise la mer, pour des projets industriels toujours sans garantie. L’éolien flottant éventuel pour le second parc ne change pas grand-chose… »
« Ce dossier ne concerne pas les élus locaux et les citoyens, on est sur l’intérêt supérieur de l’Etat, dans lequel l’élu local n’a pas son mot à dire. Les jeux ont été faits d’avance, la politique énergétique de La France se décide au plus haut niveau, je suis prêt à l’entendre, si c’est clairement assumé. Ce qui me choque est qu’on lance une pseudo procédure démocratique de consultation, dont on sait qu’on ne tiendra pas compte. Les élus rétais et oléronais – ces derniers étant les plus concernés, particulièrement pour la pêche – vont se rencontrer pour voir s’ils envisagent un contentieux et je reposerai la question aux élus rétais à la rentrée, pour savoir si on continue. » (Lire aussi en page 16 de cette édition.)
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