Ars-en-Ré, un village envoûtant

Ars, l’un des villages les plus anciens, a joué un rôle important dans l’histoire du nord de l’île. Certains attribuent l’origine de son nom au substantif latin Arx signifiant citadelle, mais il est plus probable que la commune tire son nom de ars, dérivant de « arser » signifiant brûler, défricher par le feu et ferait allusion aux terres incultes qui entouraient le village vers l’an mil. Doté d’une forte personnalité, la commune s’étire entre vignes, marais et océan qui vont forger ses activités économiques dès les temps anciens.

L’église Saint-Etienne

Prieuré dépendant à l’origine de l’abbaye Saint-Michel-en-l’Herm en Vendée, sa création pourrait remonter au XIe siècle. Le bâtiment a beaucoup souffert et porte dans ses pierres les traces des différentes réparations effectuées au cours des siècles. Son superbe portail sculpté est roman et typique de la Saintonge et de la Vendée. Son clocher de style gothique, qui culmine à 40 mètres de haut, peint en noir et blanc, se voit de loin et servait d’amer (point de repère) aux bateaux. Il se visite en été et permet de découvrir un magnifique panorama. Ce monument est avec l’abbaye des Châteliers de La Flotte l’un des plus anciens de l’île et ils ont tous deux été classés Monuments historiques. L’église se développera en fonction de l’évolution de la situation religieuse dans l’île et de l’impact de cette dernière sur la situation économique. De 2017 à 2020, elle a subi une remarquable restauration de grande ampleur qui lui a redonné tout son lustre et son importance au sein du village où elle s’impose de manière incontournable.

Le centre-bourg s’est au fil des siècles constitué autour de l’église. Certaines belles demeures ou maisons patriciennes ayant appartenues à des seigneurs ou gros commerçants ont perduré. La Maison du Sénéchal, un beau logis Renaissance, à deux pas de la place carnot en est un bel exemple. Les rues qui s’éloignent de l’église sont fleuries des célèbres roses trémières emblématiques de l’île, et vous découvrirez dans ces venelles de charmantes boutiques et sympathiques restaurants.

Le premier port de plaisance de l’île

L’autre lieu de vie est le port et ses 550 anneaux qui en font le premier port de plaisance de l’île. L’animation y est grande en raison des bateaux et de leurs propriétaires, bien sûr, mais aussi de la présence des touristes venus les admirer. Les quais sont remplis de cafés et de restaurants proposant des cuisines légères et de bord de mer dont la table de Rémy, un fils de la famille Massé qui se préoccupe de gastronomie dans l’île depuis plus d’un siècle. De nombreuses terrasses où l’on peut farnienter au soleil ainsi que des petits magasins de vêtements et de location de cycles. C’est là également que se trouve le Café du Commerce, une véritable institution. Ayant pris le nom de Café du Commerce en 1898, en même temps que la mise en service de la ligne ferroviaire dont on peut toujours admirer la petite gare, le café vit arriver une clientèle nouvelle parmi laquelle Elisée Reclus un grand théoricien de l’anarchie. C’est ainsi que le café du Commerce abrita durant près de vingt ans l’un des foyers historiques de l’anarchisme. (cf. Les anarchistes de l’île de Ré de Didier Jung . Editeur Le Croît Vif).

Ars possède l’un des plus grands marchés de l’île, installé à côté du port en été, et qui draine les chalands des communes voisines tant il est réputé et propose des spécialités gourmandes de qualité ainsi qu’un large éventail de textiles, accessoires de mode, objets de décoration et bijoux fantaisie. Les commerçants y sont nombreux en période estivale et on y trouve absolument tout.

Une riche vie culturelle

Est-ce le reflet du ciel dans les marais salants ? Ars a donné naissance à des peintres dont William Barbotin, grand prix de Rome de gravure et plus près de nous Octave Patureau, dit Tatave, et en a attiré beaucoup d’autres. De nos jours la commune abrite des galeries à l’offre intéressante et variée telle Xin Art, la Galerie Carnot exposant essentiellement les oeuvres d’Olivier Suire Verley, la galerie Philippe Deschamps ou celle bien cachée, route de la Prée, de Thierry Bertrand. Une à deux fois par an, certains artistes ouvrent leurs ateliers au public lors d’événements orchestrés par la municipalité. Tout au long de la saison, des expositions ont lieu organisées soit par les nombreuses associations qui constituent le tissu associatif d’Ars soit par la mairie qui réserve certains lieux à cette activité, comme la Maison Caillaud par exemple ou la charmante chapelle désaffectée de la rue du Havre.

Les Casserons sont profondément attachés à leurs traditions et ils organisent à longueur d’année des fêtes et commémorations. Le Carnaval a retrouvé son lustre d’antan et dure une semaine entière avant que l’on ne l’enterre. La Fête du Port et de la Sardine est très suivie. La musique est importante dans cette société agricole et la Philharmonique d’Ars continue d’être de toutes les manifestations.

La commune est entourée de marais salants, lieu privilégié de toute beauté où l’on ne pénètre que si l’on est invité, et donc productrice de sel. Les bâtiments de la Coopérative des Sauniers se trouvent d’ailleurs route de la Prée vous pourrez vous y procurer du sel de l’île et sa célèbre Fleur de sel au goût si spécifique. Donnant sur le Fier d’Ars la commune abrite une étonnante diversité notamment d’espèces d’oiseaux migrateurs. Ces vastes espaces naturels se découvrent à pied ou à vélo en utilisant les pistes cyclables et feront vivre une aventure authentique à eux qui s’y risqueront.