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Ars-en-Ré, un village envoûtant
Habité depuis les premiers siècles, bercé au Nord comme au Sud par les mers des pertuis, doté d’un tissu associatif énergique et de commerces de plus en plus attractifs, à bien des aspects, Ars est un village envoûtant.
Patrimoine et eau salée
Sur toutes les brochures, le logo du clocher noir et blanc de l’église Saint-Étienne symbolise fièrement le village d’Ars. Et pour cause, l’amer est tellement repérable, de la mer comme de la terre, qu’il est encore peint comme tel alors qu’il ne sert plus officiellement de balise navale.
Érigé à l’époque gothique sur la base d’une tour de défense du XIIe, (l’église était autrefois fortifiée contre les attaques normandes) la flèche emblématique qui domine le village de ses trente-huit mètres, depuis plus de cinq-cent ans sert de repérage pour la navigation dès sa construction. Bien avant ce temps, vers le Ve siècle (ère mérovingienne) un prieuré avait été bâti sur ce site, étant lui même l’extension d’un lieu de culte plus ancien. La curiosité de l’édifice réside dans la permanence des constructions successives, visibles encore aujourd’hui.
La constitution des paroisses par le clergé datant de la fin du XVIe, Ars est la plus ancienne de l’île.
Du point de vue architectural, le coeur du village s’est bâti au fil des âges autour de son église et affiche une configuration en cercles, unique sur l’île de Ré. À partir du XVIIe siècle, les moines de l’abbaye de Saint- Michel en l’Herm, ayant hérité des marais salants, s’établissent à Ars. Les plus anciennes demeures du bourg constituaient l’habitat des seigneurs des lieux : barons, propriétaires terriens (le vin est exploité depuis le VIe siècle) et membres du clergé qui exploitaient ou faisaient exploiter les marais salants. Face à l’église, la maison du Sénéchal (1647) reste un édifice de style hétéroclite et unique en son genre.
Culture et vie locale
Aujourd’hui, le tissu associatif très dense (il existe près de trente associations pour mille-quatre-cents habitants) fait vivre le village au rythme d’animations et d’activités très diverses ; tous les sports ou presque sont représentés, la culture, la musique, le jardinage, l’astronomie ou encore le partage et bien d’autres sujets regroupent et passionnent les Casserons qui organisent, tout au long de l’année, fêtes (de la sardine) commémoration (14-18) et manifestations de tous types.
La santé publique n’y est pas négligée grâce à la présence de quatre médecins et d’un pôle d’infirmières et de kinésithérapeutes.
Les saisons sont rythmées autour de deux pôles attractifs selon la fréquentation. Ainsi, l’hiver, bien à l’abri des vents, l’activité se recentre dans le haut du bourg, le marché se tient deux jours par semaine place Carnot et les commerces de bouche ouvrent en matinée seulement. L’été, l’affluence fait que le port reprend ses droits et, le soleil aidant, les terrasses des cafés et les restaurants, tables de chefs, dégustation de produits locaux, petite restauration ou simple snack, attirent les visiteurs au retour du marché qui se tient alors près de Mouillebarbe.
Les noms des rues sont souvent évocateurs et la rue de Mouillebarbe en est un exemple assez drôle. Donné prosaïquement par le passé lors d’inondations dans ce secteur de marais et de terres basses, certains riverains expliquent à qui veut l’entendre que ce n’était pas les barbes qui mouillaient, mais bien un certain côté pileux situé un peu plus bas !
Côté détente, que serait Ars sans le petit bar des Frères de la Côte ? L’institution, bizarrement accrochée à la digue sur la côte Sud, bénéficie d’une vue époustouflante sur l’océan qui attire, chaque soir à l’heure du couchant, les rêveurs, les amoureux ou les photographes, sans parler bien entendu des buveurs.
Aux beaux jours, la mairie, pour sa part, dédie trois petites salles aux artistes, professionnels et amateurs peuvent demander à y exposer leurs oeuvres pendant une semaine : il s’agit de la Maison Caillaud, l’ancienne salle de sport et l’ancienne chapelle, rue du Havre. On y découvre tout l’été des talents originaux. Pour les amateurs, plusieurs galeries d’art et ateliers d’artistes sont établis au sein du village.
Vue de la mer
Depuis le pertuis breton, Ars est insoupçonnable, c’est un port qui se mérite et il faut une patience de marin pour contourner le banc du Bûcheron, pénétrer dans le Fier, puis louvoyer encore entre les parcs à huîtres de Loix et la plage de La Patache pour apercevoir enfin l’entrée du chenal du port. Avec ses deux bassins à flot, le port a une capacité d’accueil de cinq-cents bateaux, ce qui en fait le plus grand de l’île.
Arrivé sur les quais, rien n’est plus agréable que d’élire un siège à l’une des nombreuses terrasses, perdre son temps à badauder devant l’animation estivale, rêver pourquoi pas un instant qu’on est revenu au XVIIe siècle, que les ouvriers de l’usine à sel, au détour du marché, débauchent un à un en chantant. Car à cette époque, le gros sel, que l’on blanchissait avant commercialisation, était la base de la conservation, pour les sardines ou autres denrées qu’on ne pouvait consommer hors saison sans le précieux or blanc.
Sortons des quais trop fréquentés et longeons le bassin à flot vers l’îlot. En baissant la tête, on observe, tracée à intervalles réguliers dans le béton, une drôle de mouette mi-crâne, mi-rieuse, vraisemblablement l’idée un peu folle d’un artisan plein d’humour pendant la réfection des quais !
De l’autre côté, à la Prise du Havre, on découvre les locaux du CNAR (le club nautique) et d’une galerie d’artistes, tous deux dotés d’une terrasse plein-ouest d’où la vue, à l’heure où le soleil descend, est saisissante. Au bout de ce chemin, on longe le chenal du port puis les marais salants, une bonne promenade qui peut nous mener jusqu’à La Passe de Loix.
Au fil des vitrines
Plusieurs quartiers commerçants coexistent à Ars mais il n’y a pas de jaloux ! Côté route départementale, la supérette et la pharmacie sont incontournables mais le secteur est en ébullition et revendique un petit côté underground ; de jour comme de nuit, le promeneur ne sera pas déçu en furetant du côté de la galerie Xin Art, où prolifèrent de jeunes entrepreneurs pas blasés pour un sou, loueur de vélos, boutiques de déco, de mode, agence immobilière, snack, coiffure avec, à la clef, le distributeur bancaire et un peu à l’écart, un restaurant atypique. Autour de l’église, tout est réuni pour un réveil en douceur, boulangerie, primeur, traiteur, sandwicherie, bijoux, vêtements, agence d’architecte, hôtels et restaurants.
Plus avant, dans les rues de la Genève ou Thiers, les petites échoppes fleurissent, qu’elles soient éphémères ou sédentaires, elles se révèlent plus originales les unes que les autres. Artistes et créateurs apportent leurs inspirations venues d’ailleurs pendant que les commerçants adoptent des critères de sélections stricts. C’est ainsi qu’on peut affirmer, cet été 2019, que la barre a été placée très haut côté qualité et achalandage, adressons donc un bravo général aux commerçants d’Ars. Que ce soit pour son port, ses plages, sa campagne ou ses commerces, et quelles que soient nos attirances, sportives, festives ou même contemplatives, si l’on passe à Ars un jour par hasard, il y a de grandes chances qu’on y revienne toujours.
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