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Appel à une discrétion protectrice pour les réfugiés ukrainiens
Depuis quelques jours circulent sur les réseaux sociaux d’étranges informations sur la famille ukrainienne accueillie au Bois-Plage. Vrai, faux ? La clarté s’impose
Mardi 3 mai. Le Directeur Général des Services Ludovic Corbeau a organisé au pied levé ce point presse suite aux posts publiés sur la page Facebook des deux Conseillers départementaux. Dans son bureau, le Maire du Bois-Plage Gérard Juin reçoit les médias rétais accompagné de la 1ère Adjointe Dominique Perlade, déléguée entre autres à la vie citoyenne et au CCAS, Ludovic Corbeau et Brice Samson, directeur du Pôle des Services à la Population de la Communauté de Communes de l’île de Ré, ce dernier ayant fait le déplacement depuis Saint-Martin.
L’heure est à la clarification « avec une recherche d’apaisement suite à la déferlante médiatique fondée sur des éléments inexacts ou faux créant un climat anxiogène », précise Gérard Juin en introduction à son propos, M. le Maire ne dissimulant pas qu’il trouve la situation « déplorable et regrettable pour la famille».
Une arrivée encadrée
Arrivée sur notre territoire en mars dernier, la famille de réfugiés ukrainiens concernée est à l’origine composée de quatorze personnes, douze enfants et deux parents, rejoints ensuite par trois nièces et neveux.
« Ces personnes sont en situation régulière et déclarées à la Préfecture », précise Gérard Juin, évoquant rapidement l’ensemble des mesures mises en place au plus haut niveau de l’État afin d’assurer l’accueil de ces réfugiés soumis aux duretés de la guerre dans de bonnes conditions. « L’accueil de la famille a été coordonnée par l’Association Familiale Protestante de Rochefort et un Ukrainien habitant en France depuis des années et proche de cette famille.», poursuit Ludovic Corbeau.
Quelques minutes plus tard, cette personne ukrainienne contactée par téléphone et sur haut-parleur, nous racontera de vive voix toute l’histoire de A à Z, nous confirmant entre autres ses liens avec cette famille, son épouse étant « originaire du même village » et qu’une fois sur l’Ile de Ré, les réfugiés n’aspiraient qu’à une chose « le repos et la discrétion ».
Une Mobilisation totale
Si l’Association Familiale Protestante de Rochefort s’était organisée en amont pour assurer la prise en charge des besoins de la famille (logement, nourriture etc.), la Municipalité du Bois-Plage s’est investie in situ dans une mission d’accompagnement. « Nous avons tout fait discrètement », souligne Gérard Juin s’avouant « particulièrement vexé » de ce qu’il a pu lire avant de détailler qu’ « un médecin du village a été mis à leur disposition, nous leur avons trouvé des vélos, nous nous sommes organisés avec Ré-Clé-Ré pour des leçons de Français, la Directrice de l’école et le Principal du Collège des Salières étaient prévenus et d’accord pour les accueillir…».
« Et pas plus tard que la semaine dernière, nous leur avons remis des bons d’achat alimentaires » poursuit Dominique Perlade en réponse au post « Urgence, des gens ont faim sur l’Ile de Ré » publié puis finalement retiré. Ajoutons aussi à cela l’implication d’associations boitaises dont l’une particulièrement connue.
En parallèle l’Ukrainien proche de la famille était entré en contact avec une restauratrice de l’Ile de Ré soucieuse de venir en aide aux réfugiés. A priori, ce serait elle qui serait entrée en contact avec la Conseillère départementale Véronique Richez-Lerouge, celle-ci s’étant déplacée au camping pour rencontrer la famille.
« Il y a eu un gros malentendu sur les besoins », explique Gérard Juin. « Il n’y a pas d’orphelin et pas de quoi se nourrir pour un seul week-end », affirme l’élu fermement en réponse à certains propos lus sur les réseaux. La Conseillère départementale étant venue avec de la nourriture, « la famille a choisi de l’accepter tout en demandant que cela s’arrête », confirme l’Ukrainien coordinateur au téléphone, expliquant avoir eu Véronique Richez-Lerouge au téléphone ce mardi matin et lui avoir exprimé son « incompréhension des motivations ».
Des difficultés à tous les étages
« On laisse croire que ces gens ont été parachutés ici puis abandonnés », résume Gérard Juin. « Résultat : tout le monde est en difficultés », poursuit M. le Maire en référence à toutes les structures intervenantes, de la Préfecture au tissu associatif en passant par le camping qui « les a hébergés sans rien demander » et bien sûr la commune du Bois-Plage Sans oublier « le CCAS de La Rochelle ou le Service départemental de Solidarité », cite pour exemple Brice Samson.
« On ne peut pas laisser dire qu’on se s’est pas occupés d’eux », proteste M. le Maire, tenant à remettre les pendules à l’heure tout en affirmant sa volonté « d’aller jusqu’au bout dans la protection de cette famille », selon ce qu’elle souhaite, le calme.
« Le but ici n’est pas de se justifier mais d’appeler à la discrétion », affirme le Directeur Général des Services Ludovic Corbeau « Il faut stopper cette débandade », martèle clairement le Maire du Bois-Plage.
Installée sur l’Ile de Ré de manière temporaire, la famille ukrainienne devrait d’ailleurs franchir bientôt le pont dans l’autre sens, pour emménager dans une grande maison proche de La Rochelle. Avec, espérons-le, la garantie de trouver l’anonymat et cette discrétion tant souhaitée.
Pauline Leriche Rouard
Encadré 1
Liberté d’expression
Clair dans sa démarche, le proche Ukrainien de la famille des réfugiés s’est exprimé sur la page Facebook appelant tout le territoire « à la solidarité ».
Peu de temps après avoir publié sa réponse, il a constaté sa disparition. Nous lui restituons ici son commentaire :
« Nous sommes le couple ukrainien à l’origine de l’accueil de cette famille.
En effet, nous connaissons très bien cette famille urkrainienne et nous l’avons invitée personnellement à venir se réfugier en France pour fuir la guerre. Nous habitons en France depuis plusieurs années. Nous sommes membres de l’Association Familiale Protestante basée à Rochefort. Nous les accueillons temporairement dans des mobil-home, grâce à la générosité d’une propriétaire d’un camping de l’Ile de Ré. Nous les accompagnons dans tous les domaines (besoins de première nécessité, logement, apprentissage du Français, démarches administratives, rendez-vous de soins médicaux…)
Nous sommes en contact permanent avec ceux, compte-tenu des liens que nous avons avec cette famille depuis des années.
La Municipalité du Bois-Plage en Ré nous apporte le soutien nécessaire et est à notre écoute pour les différents services qu’elle peut nous offrir. Nous tenons à remercier les élus et les services techniques du Bois-Plage en Ré.
Nous réfutons fortement le contenu de l’article initial et nous demandons de stopper les appels aux dons concernant cette famille puisque leurs besoins sont pourvus régulièrement et nous y sommes très attentifs.
Vous pouvez réserver vos dons pour d’autres familles dans le besoin. »
Propos recueillis par Pauline Leriche Rouard
Encadré 2
Communiqué des Restos du Cœur de l’île de Ré du 3 mai 2022
« L’Association Restos du Cœur est pleinement mobilisée sur tout le territoire et prend part à l’accueil des réfugiés d’Ukraine, à l’instar de ce qu’elle fait pour tous les réfugiés et toute personne ayant besoin de l’aide des Restos.
Fidèles aux valeurs de l’accueil inconditionnel, notre association est présente comme elle le fait depuis toujours, pour apporter un soutien alimentaire et matériel et accompagner les réfugiés au sein de nos centres et lieux d’activités.
Le centre de Saint-Martin-de-Ré accueille déjà depuis plusieurs semaines une famille de 16 personnes, logées au Bois-Plage grâce à l’intervention de la mairie, et d’autres familles de Saint-Martin ou encore de Sainte-Marie. Sans doute d’autres familles sont-elles accueillies dans d’autres communes de l’île et ont besoin d’aide. Le centre est ouvert pour la distribution le jeudi après-midi.
L’inscription peut se faire rapidement sur rendez-vous en contactant Catherine Dard au 06 08 51 55 66. »
Catherine Dard
Responsable du Centre de Saint-Martin-de-Ré
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