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Algorythme, une entreprise éco-responsable et prometteuse
Cette toute jeune société civile d’exploitation agricole (SCEA) est la seule habilitée par la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) pour le prélèvement, la récolte et l’exploitation des algues dans le département*.
Les responsables d’Algorythme, Hélène Jouannet et Tanguy Gauvin, ne sont pas issus du milieu professionnel agricole, ils y sont venus par leur conscience commune de valoriser leur travail tout en recherchant une activité pérenne pour eux et les générations futures.
L’entreprise Algorythme s’inscrit dans une idéologie moderne. C’est une société à taille humaine et éco-responsable c’est-à-dire une structure économique qui minimise son impact sur l’environnement. En parfaite adéquation avec les enjeux du développement durable depuis le captage des algues jusqu’au mode de distribution (captage, lavage, déshydratation, emballage et étiquetage sur place) la chaîne complète s’effectue en circuit court.
Ses acteurs ont su s’entourer de conseillers avisés et d’un suivi auprès d’un laboratoire professionnel : le Centre d’étude et de valorisation de l’algue (CEVA) pour mettre en place une gestion rigoureuse garante de longévité pour leur entreprise. De plus, ils ont à cœur de commercialiser des produits d’une qualité optimale par l’observation d’une déontologie stricte.
Une alimentation méconnue en France
La production française est issue de Bretagne à 90 %, là-bas, on exploite les algues depuis vingt ans. Les algues sont riches en oligo- éléments (calcium, fer, iode), en protéines et en vitamines A, C, E et B12, elles sont par conséquent un excellent nutriment. Leurs vertus médicinales sont reconnues et variées mais non encore totalement étudiées. Elles sont utilisées majoritairement pour l ’al imentat ion humaine (la population chinoise en consomme 12 millions de tonnes par an soit 40 % de son alimentation). Elles s’utilisent également en pharmacie, en cosmétique, en emballage.
Différentes méthodes de récolte
Le prélèvement des algues se fait sur l’estran, bien sûr, mais pas n’importe quand ni de n’importe quelle manière. Hélène et Tanguy observent le milieu marin, ils attendent patiemment le bon moment. Ils ne récoltent qu’après libération des gamètes afin de respecter le cycle de reproduction des algues, qui est propre à chaque variété et peut aller de six à douze mois. Le prélèvement se fait par la coupe des algues et non par l’arrachement, ce qui impacterait le milieu. Dans le laps de temps d’un cycle de reproduction, le cheptel repousse ainsi de façon exponentielle. Il n’y a donc pas de risques de disparition ou d’éclaircissage.
Le captage, qui convient pour toute la famille des Ulves (Sp), dont Porphyra Purpurea, connue sous le nom de nori, est une autre technique de récolte. En coordination avec les ostréiculteurs, les algoculteur s déposent des poches identiques à celles employées en ostréiculture, sur les tables d’huîtres, en mer. Les Ulves vont s’y implanter et y prospérer. Lorsqu’on prélève ces capteurs d’algues, les poches d’huîtres sont miraculeusement exemptes d’algues, de concrétions et de coquillages, mais en plus les algues ont participé, tout au long de leur croissance, à l’aération des huîtres, celles-ci ont donc nécessité moins de manutention (retournement), ce qui fait bien évidemment le jeu des ostréiculteurs. In fine, c’est une technique « gagnant-gagnant », enrichissement du milieu marin et confédération des métiers agricoles sans oublier les relations humaines qui se sont forgées.
Technique et simplicité
Une fois récoltées, les algues sont lavées à l’eau de mer, puis longuement rincées à l’eau douce. Elles sont ensuite disposées sur des cadres pour leur déshydratation sous serre. Grâce à l’ingéniosité du chef d’entreprise, ce procédé (à terme) ne requerra aucune autre énergie que celle du soleil. Le sol de la serre, recouvert de gravier de diorite (minéral très dur) va restituer la nuit, la chaleur emmagasinée le jour et supprimer le choc thermique et donc la condensation nocturne. En quelques heures (minimum 16 h) les algues sont entièrement déshydratées et peuvent conserver intactes leurs vertus pendant trois ans.
Après deux années d’études, d’observation, de formation et d’essais divers, l’entreprise n’en est qu’à ses balbutiements, les rendements sont encore faibles, de 30 à 200 kilos récoltés par jour et la culture en marais ne pourra être effective qu’après leur remise en état.
Bien du travail reste à faire pour Hélène et Tanguy, notamment en faisant partager leur respect du milieu naturel, maltraité depuis trop longtemps. Combien de pneus, de tiges de ferraille, de blocs de béton et autres plaques d’amiante ne voit-on pas dans les marais ? Sans parler de ce qu’on ne voit pas, caché sous la mer !
Projets et débouchés prometteurs
La culture d’algues en marais, selon les variétés, est une technique que nos algoculteurs testent depuis un an et qui fait ses preuves, elle permettra une exploitation tout au long de l’année donc plus rentable ainsi qu’une meilleure gestion du milieu. Pour ce faire, Hélène et Tanguy ont pris en maraîchage 6.5 hectares de marais, leur remise en état doit débuter dès octobre, un travail coûteux et de longue haleine.
Et si l’Asie se tourne vers nous aujourd’hui pour son approvisionnement en algues, c’est précisément parce que la qualité des eaux rétaises est irréprochable (+ 3 points par rapport aux eaux bretonnes) et donc la qualité de nos algues exceptionnelle.
Au dos de la carte de visite d’Algorythme on peut lire : « L’Océan est notre avenir, protégeons le ensemble ».
Véronique Hugerot
* Les algues sont des végétaux très sensibles à l’interaction humaine, leur prélèvement est soumis à réglementation. Les produits d’Algorythme sont en vente Au rythme des saisons, rue Thiers à Ars en Ré.
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