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AIR : étudier et proposer des solutions
Jean-Yves Texier, président des AIR, a rappelé l’état d’esprit de l’association qui est « non pas de critiquer mais de proposer », avant que Patrick Urvoas, secrétaire général, présente longuement le travail de réflexion mené cette année. Lionel Quillet, président de la CdC et Gérard Juin, maire du Bois-Plage sont intervenus en fin d’assemblée générale.
L’association des Amis de l’Île de Ré, créée en 1954 pour réfléchir et apporter sa contribution aux grands sujets environnementaux et de vie de l’île de Ré, participe à de nombreuses rencontres de concertation avec l’ensemble des instances : Département, Communauté de Communes, maires de l’île et services de l’Etat. Ayant obtenu de la part de l’Etat son agrément environnemental en 2016, renouvelé en 2022 et qui court ainsi jusqu’au 2 mars 2027, elle participe à la réunion mensuelle de la Commission départementale de la nature, des paysages et des sites. Les membres de son bureau prennent aussi part aux travaux du Comité consultatif citoyen, au Schéma de développement durable, à celui des pistes cyclables ou encore au Programme local de l’habitat (PLH), autant de projets portés par la CdC de l’île de Ré.
Depuis juin 2024, les AIR sont aussi membres du Comité de pilotage « CdC / BRGM – Etude réinjection eau », un sujet vital détaillé plus bas. Autant dire que les AIR constituent un partenaire associatif important de la CdC, mi-apporteur de ses réflexions et mi-« caution environnementale », fort de ses entre trois cents adhérents (à jour de leurs cotisations) et quatre cent cinquante adhérents et sympathisants annoncés par Jean-Yves Texier.
Les AIR travaillent sur trois sujets majeurs : l’éolien marin et les nouveaux projets envisagés, l’évolution du trait de côte rétais, la ressource en eau sur l’île de Ré. Trois sujets ayant fait l’objet d’une présentation lors de cette AG par le secrétaire général de l’association, Patrick Urvoas. D’autres sujets vont les mobiliser : la loi Zéro artificialisation nette (loi ZAN), la sobriété énergétique, la géothermie sur Ré, notamment.
Les projets d’éolien marin notés
Concernant les quatre scénarios de projets éoliens marins, après les avoir très brièvement présentés, Patrick Urvoas s’est attaché à lister leurs avantages et inconvénients, leur attribuant une note : 0/5 pour le scénario « Minimisation des coûts pour la collectivité », le plus pénalisant au plan visuel, sur les activités de pêche, et aux forts impacts écologiques (avifaune, fonds marins…), sans négliger l’effet de sillage sur Ré (dont la modification du climat local) et la moindre économie d’énergie. Le scénario « Hors zone de protection réglementaire » récolte la note de 1/5 : déséquilibre entre façades Atlantique et Méditerranéenne (surcharge sue nos côtes atlantiques), 80 % d’éolien flottant (coût élevé et pari technologique), coût de raccordement élevé du fait de l’éloignement des côtes, impact sur l’avifaune…
Le scénario « Très loin des côtes » (40 à 100 km) est noté 2/5 par les AIR, pour les mêmes inconvénients que le second scénario. Le quatrième scénario intitulé « Equilibre », qui prévoit un parc posé et quatre flottants, dont le premier à 40 km de l’île de Ré, aboutirait à l’encerclement de celle-ci, des coûts augmentés, un impact sur l’avifaune et il consommerait des surfaces de parc naturel au large de Ré. Mais selon les AIR, il aurait un impact minoré sur les zones naturelles, sur les activités de pêche, sur les fonds marins, sur l’effet de sillage. Si les AIR lui octroient la note de 3/5 ils proposent leur propre scénario « Equilibre », qui inclurait le déplacement des deux parcs les plus proches de Ré, à 90 km des côtes. Ce scénario « préférable, plus onéreux que le quatrième scénario de l’Etat, aurait des impacts moindres » et offrirait selon les AIR « l’opportunité de construire une filière d’excellence française en éolien flottant. »
« Nous ne sommes jamais rentrés dans les recours juridiques, nous nous contentons de définir ce que serait pour nous le projet idéal », expliquent les AIR.
« Les plages s’aplatissent »
Au sujet de l’évolution du trait de côte de l’île de Ré, une observation empirique de plages sur les dix communes, réalisée pendant deux mois, comparée à d’anciennes photographies/cartes postales, conduit les AIR à penser que les plages se sont aplaties. Entre phénomènes d’érosion et d’accrétion, le profil côtier a évolué mais résiste. L’érosion est la plus visible à La Conche et autour du Fier d’Ars, tandis que l’accrétion (apport de sable) concerne surtout Rivedoux. Les ouvrages de défense ont un impact positif à La Couarde, La Flotte, Saint-Martin (La Cible) et Sainte-Marie, selon les AIR. Les impacts sur la population se limiteraient à ce jour sur l’arrière d’un jardin aux Portes-en-Ré. « Heureusement qu’il y a des ouvrages de défense, sinon l’île de Ré se serait réduite » estiment les AIR. L’association estime ainsi que « l’évolution de la surface de Ré est un paramètre contrôlable » et qu’il n’y aura « pas plus de souplesse avec la Loi ZAN ». Cette première étude de deux mois est le prélude d’une longue étude que va entreprendre l’association. A ce stade, celle-ci préconise de continuer les stratégies de défense, selon urgence et nécessité : enrochements, digues, dunes stabilisées.
Réinjecter les eaux usées traitées dans la nappe phréatique ?
La ressource en eau a fait l’objet d’une longue présentation, sur la base de celle faite par Eau 17. Les AIR estiment que le plus gros levier de gestion de l’eau sur l’île de Ré réside dans la réutilisation des eaux usées traitées. En effet, alors que l’étanchéité du réseau de distribution d’eau avoisine les 79 % en France, elle oscillerait entre 80 et 95 % sur l’île de Ré. Il n’y aurait donc plus grand-chose à économiser sur le réseau, d’après les AIR.
Une étude de la réinjection des eaux traitées dans les nappes de surface fait l’objet d’une étude du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) débutée cet été et qui s’étendra jusqu’au printemps 2025 : contextes géologique et hydrogéologique, point sur les prélèvements à vocation agricole, sur la qualité des eaux traitées issues des stations de traitement, caractérisation de l’hydrosystème avec, outre la bibliographie, une campagne de mesures sur le terrain afin de décrire l’interface eau douce/eau salée. Il s’agit de voir quelle est la probabilité de réalimenter localement les nappes d’eaux souterraines (0 à 50 m) et lutter contre la pénétration du biseau salé. « Il faut faire attention à ce que la réinjection des eaux traitées dans les nappes ne conduise à une pénétration des eaux salées sur les couches de surface » a conclu patrick Urvoas.
A l’issue de l’AG, avant que les élus ne prennent la parole, deux administrateurs en fin de mandat, se représentant – Chantal Dutheil et Daniel Milano – et trois nouveaux candidats – Claudie Buat, Christine Vion et Alexandre Beauvais ont tous été élus à l’unanimité et ont ainsi rejoint le Conseil d’administration, le portant à treize membres.
« Limiter la consommation d’eau »
Lionel Quillet a salué « un climat apaisé de travail, sur les sujets de fond et sur la forme. Je suis un homme de projets, la forme est parfois trop houleuse, ce qui n’est pas le cas ici. La CdC travaille beaucoup, faisant de l’île de Ré l’un des territoires les plus prêts », à affronter les enjeux de demain. Il a redit sa position – et celle des maires rétais – « pas favorable aux projets éoliens marins, car il n’y a eu aucune étude d’impact. Et je ne crois pas à la concentration, mais le Gouvernement macron l’impose. Ré reste solidaire sur ce sujet et aussi avec Oléron. Nous ne sommes pas opposés systématiquement à l’éolien mais la procédure ne nous convient pas. J’ai mené la Mission sur l’éolien au Département auprès de Dominique Bussereau. On est sur du n’importe quoi, les choix économiques prennent très largement le dessus sur la volonté des élus. »
« Concernant l’eau, la réutilisation est un débat fondamental, sur Arsen- Ré c’est difficile car la plupart des agriculteurs ne sont pas sûrs de pouvoir continuer leur activité ni d’avoir de repreneur. La vigne, cela va mais qui dit que d’ici dix ou quinze ans il ne faudra pas l’irriguer ? Nous accompagnons l’agriculture rétaise mais l’île de Ré n’a aucune autonomie en eau. Actuellement, il n’y a aucune restriction en utilisation de l’eau sur l’île, y compris avec les piscines pléthoriques, la seule année où on a essayé de restreindre a montré la difficulté de l’exercice. Limiter la consommation d’eau est devenu une priorité environnementale, il faut que chacun soit un peu plus mesuré, il y aura une réflexion dans ce sens dans le cadre des permis de construire. »
Concernant la protection des côtes – digues et érosion – il a fait une synthèse de ce qu’il avait à nouveau longuement présenté en réunion publique le 6 août dernier (lire notre article en pages 4 & 5), rééxpliquant l’avance qu’a prise l’île avec le PAPI 1 et la validation du PAPI 2 – disant toutefois son inquiétude quant à la capacité/volonté du Département (et de l’ensemble des conseillers départementaux) à financer la protection du Fier d’Ars dans un contexte inflationniste – et les avancées obtenues l’hiver dernier auprès de l’Etat pour que la CdC puisse prendre en charge le plan érosion en cours d’élaboration, qu’elle financera. « Nous menons un projet pilote en France, le premier et le plus avancé. », a-t-il conclu.
Gérard Juin a, pour sa part, plaidé en faveur d’une approche différenciée de chaque commune rétaise : « On ne peut parler de l’île de Ré de façon uniforme, chaque commune a ses spécificités et ses besoins, avec des solutions différentes à apporter. Ce qui peut le mieux rester est la dune, car elle vit et représente une vraie protection naturelle. Nous sommes contents d’avoir la CdC à nos côtés. »
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