Agnès Buzyn à Saint-Martin de Ré… entre communication et promesses
Dans un contexte national des services d’urgences très tendu, la Ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, est venue vendredi 12 juillet visiter le service d’urgence rétais de l’hôpital Saint-Honoré puis l’EHPAD de Saint-Martin de Ré, avant de se rendre à l’hôpital de La Rochelle.
Si l’accueil martinais a été moins chahuté que celui qui lui a été réservé à La Rochelle, un certain nombre de délégués syndicaux et grévistes avaient tenu à être présents et la Ministre a été interpellée par les médias quant à leurs revendications.
Un million d’€ débloqué pour les services des urgences de Charente-Maritime
La Ministre s’est vu confirmer par les deux médecins urgentistes présents que le service des urgences de Saint- Martin n’a pu ouvrir qu’in extremis grâce au retour d’un médecin urgentiste venant de prendre sa retraite. Et qu’en prenant en charge la traumatologie liée notamment aux chutes à vélo et autres accidents d’une population estivale multipliée par dix, ce service contribue à désengorger les urgences de La Rochelle, déjà saturées.
Agnès Buzyn s’est ensuite rendue au service de rééducation de l’hôpital, prenant le temps d’échanger avec les patients présents et le personnel médical, puis à l’EHPAD qui jouxte l’hôpital où elle a salué les résidents et soignants, avant de visiter l’unité d’accueil de jour des malades d’Alzheimer et sa salle Snoezelen.
La Ministre a rappelé les mesures annoncées au mois de juin : une prime de 100 € net mensuels dès juillet pour les professionnels de santé, ainsi qu’une prime de coopération visant à réduire les temps d’attente aux urgences, de 85 € net mensuels en plus pour les infirmiers et aides-soignants qui prendraient en charge les premières urgences. Elle a assuré qu’un budget d’un million d’€ serait débloqué pour la Charente-Maritime pour aider les services des urgences et notamment les réhabiliter, un certain nombre étant beaucoup trop petits et vétustes, comme à La Rochelle, car ayant été construits il y a vingt ans.
Faire évoluer « les métiers du grand-âge »
« Il est très difficile de réenchanter le travail des aides-soignants en EHPAD » a ensuite admis la Ministre, qui a évoqué avec espoir la mission nationale confiée début juillet à Myriam El Khomri, visant à « auditer » les métiers du grandâge et faire des propositions d’ici à octobre 2019, en vue de l’élaboration d’une Loi pour faire évoluer le métier d’aide-soignant… « La perte d’autonomie, le grand-âge résultent d’un phénomène démographique qui est devant nous et qu’il va falloir affronter collectivement » a conclu la Ministre.
Si les Ministres du Gouvernement d’Emmanuel Macron ont pour consigne de faire a minima une visite hebdomadaire sur le terrain – ce qui explique la succession des venues de Ministres en Charente- Maritime (quatre en trois jours la semaine du 15 au 20 juillet) – ces visites éclairs prennent souvent trop l’allure d’opérations de communication, avec toujours des promesses à la clé… mais aussi une débauche de moyens pour en assurer l’organisation, les Ministres étant entourés d’une importante garde… plus ou moins rapprochée.
Nathalie Vauchez
La Rochelle : « L’Hôpital n’est pas une marchandise ! »
En visite à l’hôpital de La Rochelle l’après-midi, la ministre de la Santé s’est fait quelque peu chahuter par les personnels hospitaliers présents.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Agnès Buzyn est arrivée par la grande porte et est repartie par la petite. Escortée par une demi-douzaine de voitures, la ministre est arrivée vers 14h par l’entrée principale et le service des ambulances. Puis repartie vers 16h par le service livraison, à l’arrière de l’hôpital, presque en catimini, avec un service d’ordre sur les dents. Même si l’ambiance était tendue dès le départ, les échanges entre les personnels hospitaliers et la ministre sont néanmoins restés courtois tout au long de la visite d’Agnès Buzyn.
Le service des urgences, lieu de cristallisation de toutes les crises de la Santé
Dès son entrée sur le parking des ambulanciers, plusieurs dizaines de manifestants l’attendaient, blouses blanches flockées « en grève », panneaux et banderoles à bout de bras, scandant des slogans comme « Hôpital, urgence ! », « L’hôpital n’est pas une marchandise ! », « Pour l’hôpital, des moyens ! ». Des scansions qui ont ensuite jalonné toute la visite de la ministre. Elle s’est rendue directement au service des Urgences, lieu de la cristallisation de toutes les crises de la Santé de ces derniers mois. Là, représentants du personnel, syndicats CGT et FO, chefs de services, lui ont fait part de leurs besoins et revendications, synthétisés dans une lettre qu’ils lui ont remise à cette occasion.
D’« opération de communication » en « promesses non tenues »
Qualifiant cette visite ministérielle de « vitrine » et « d’opération de communication », ils rappellent : « En mai 2018, vous aviez promis de débloquer 360 millions d’euros sur trois ans pour des moyens supplémentaires pour les EHPAD. Un an plus tard, pas un euro n’a été débloqué à Saint-Martin de Ré où la situation est encore plus dégradée qu’en 2018 ». Ils estiment également « insuffisants » les 70 millions d’euros débloqués en juin versés sous forme de primes de risque, dénonçant « une logique de fonctionnement à flux tendu à l’hôpital » liées aux « fermetures massives de lits ».
Relatant la souffrance au travail, par des chiffres concrets comme l’augmentation du nombre d’arrêts maladies et d’accidents au travail, les syndicats réclament plus de moyens, matériels, humains et financiers, en particulier dans les services d ’ U r g e n c e s , de psychiatrie et des EHPAD. Concernant le nouveau Plan Santé, ils écrivent « rejeter ces nouvelles organisations sous-tendues par une logique purement financière ». Selon eux, « quand bien même les objectifs de ce plan seraient atteints, il nous faudrait attendre dix ans pour les constater ».
Anne-Lise Durif
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