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- Les Alis de l'île de Ré - 69ème AG
AG des AIR : « On est 60, on devrait être 300 au vu des enjeux »
Chaque année l’assemblée générale des Amis de l’île de Ré est l’occasion d’évoquer l’ensemble des sujets stratégiques du territoire, de connaître les positions de l’association, ainsi que celles des élus présents.
Si l’association des Amis de l’île de Ré (AIR) revendique cinq cents adhérents et sympathisants, peu d’entre eux avaient fait le déplacement le 16 août pour cette traditionnelle AG d’été, au grand regret de son président Jean-Yves Texier. Entre les présents, une soixantaine, et les pouvoirs, 130 votants ont toutefois pu être comptabilisés.
« Agréée pour l’environnement »
Créée en 1954 afin de veiller à la préservation de l’environnement et du cadre de vie de l’île de Ré, l’association a connu ses grandes heures de gloire, elle fut très écoutée et attentivement suivie. Si elle a perdu de son aura au fil du temps, ce qui se traduit par une fréquentation faible des AG, elle n’en participe pas moins aux rencontres de concertation du territoire, avec les représentants du Département, de la Communauté de Communes, des maires et des services de l’Etat impliqués dans chaque projet rétais. En tant qu’association agréée pour l’environnement, l’AIR participe à la réunion mensuelle de la Commission départementale de la nature, des paysages et des sites. Une entité où est examinée une grande variété de projets, dès lors que ces derniers se situent en sites classés (hangars agricoles avec panneaux photovoltaïques, garages ou abris de jardins à vocation indéterminée …). L’occasion pour l’AIR de suivre les évolutions de jurisprudence sur tout ce qui touche à l’architecture et à l’urbanisme.
L’association a aussi, l’an passé, pris part aux travaux relatifs au Comité consultatif citoyen, au Schéma de développement durable et aux Assises du logement.
L’AIR entend mutualiser ses moyens avec d’autres associations – Ré avenir & ASPL notamment. « Les évolutions des contextes législatifs et règlementaires ainsi que des pratiques en matière d’énergies et de mobilité induiront immanquablement une évolution dans la conception du cadre de vie rétais. », explique le président.
Concernant le Pont de l’île de Ré, si l’association suit attentivement les travaux, elle prend aussi une position claire sur sa tarification : « Nous ne sommes pas opposés à moduler différemment les tarifs selon les périodes de l’année, mais sommes contre une gratuité pour les Rochelais, ou plus ou moins généralisée et, en tout état de cause, ne souhaitons pas de remise en cause de l’équilibre financier général du pont. » L’AIR a bien noté la proposition d’amendement de loi du Député Falorni, sollicité par Lionel Quillet, en vue d’inclure dans l’écotaxe la création et l’entretien des pistes cyclables.
L’AIR partage les objectifs de la CdC : développer le vélo du quotidien, sécuriser l’usage cycliste, développer les espaces de stationnements vélos, généraliser la vitesse à 30km/h dans tous les villages, expérimenter de nouveaux dispositifs tels des giratoires « à la Hollandaise » c’est-à-dire doublés par une piste cyclable en leur sein, ou encore des chaussidous – voies partagées voitures/vélos. Il en existe déjà pourtant dans plusieurs villages de l’île (NDLR). L’AIR préconise deux axes de développement prioritaires : sécuriser davantage l’usage du vélo et étendre le réseau actuel. Si « d’autres associations sont très radicales », l’AIR se dit « plus mesurée quant à la limitation de la place de la voiture au profit du vélo ».
Les énergies renouvelables
S’intéressant de près au sujet, une étude approfondie est conduite par l’AIR sur les diverses sources d’énergies renouvelables existantes, susceptibles d’être développées sur l’Île de Ré. Patrick Urvoaz a ainsi longuement présenté l’état des réflexions des Amis de l’Île de Ré en la matière. Pour l’éolien marin, si elle fut opposée au précédent projet de l’Etat localisé à 10km d’Oléron, elle se dit aujourd’hui satisfaite de son éloignement plus au sud et au large à 40 km et aimerait que soient expérimentées : une éolienne posée à axe vertical, une éolienne flottante et une cellule de production d’hydrogène pour les mobilités vertes en Charente-Maritime.
Concernant l’énergie solaire, l’AIR affiche une position commune avec Ré-Avenir concernant les nouvelles installations. En zone Ua du PLUi (« noyaux anciens des bourgs »), ces deux associations souhaitent que les panneaux ne soient pas autorisés s’ils sont visibles du domaine public, mais prônent la liberté de choix technologiques pour les panneaux non-visibles du domaine public. En autres zones urbaines, industrielles et commerciales, elles souhaitent que le choix soit laissé à chaque demandeur d’autorisation de proposer des installations en intégré maximal, en intégré simple, en surimposition.
En matière d’hydrogène, consciente des difficultés inhérentes à cette énergie, l’AIR aimerait que soient menées quelques premières expérimentations sur l’île de Ré.
Réflexions 2023/2024
En 2023/2024, l’AIR va travailler sur la géothermie – le géologue Pierre Bot a émis de sérieuses réserves « le socle est à 600 m sous pos pieds » – et la sobriété en ressources, thème cher à Lionel Quillet, président de la CdC.
Dans les mois à venir, l’association entend participer aux travaux initiés par la CdC sur le Budget participatif et sur le Projet Alimentaire du Territoire. Afin de redynamiser ses ouailles, elle prévoit de réactiver son blog, outil complémentaire au bulletin annuel qui paraîtra en décembre.
A l’issue des votes, les mandats d’administrateurs de Catherine Archambault et Jean-Yves Texier ont été renouvelés, tandis que Bernard Payen ne se représentait pas. Trois nouveaux candidats ont été élus : Hélène Lavanant, Dominique Ridet et Jacques Lapoumeroulie.
Après quelques interventions des participants sur la signalisation insuffisante des pistes cyclables (Pierre Bot), le maintien du nouveau projet éolien off-shore en zone Natura 2000 et la lourde problématique de son raccordement (Claude Rieg), ou encore la prolifération des piscines privées… les élus présents ont été invités à s’exprimer.
« Encadrer les locations saisonnières »
Lionel Quillet, président de la CdC, a évoqué les trois sujets majeurs à ses yeux pour l’avenir de l’île. « Nous maintenons avec beaucoup de mal une population permanente autour de 17 à 18 000 habitants, avec les problèmes potentiels de fermeture de classes voire d’écoles, dans un environnement que nous avons tous réussi à protéger, avec une urbanisation contenue (80 % du territoire inconstructible). Mais aujourd’hui, pour garder un équilibre de vie et une densification démographique raisonnable, nous devons encadrer et limiter la location saisonnière. L’esprit de la loi était de permettre par exemple à des retraités de compléter leurs revenus, aujourd’hui les résidents permanents et secondaires sont nombreux à louer, en bénéficiant de cette niche fiscale. Avec la facilitation de ce type d’investissement, certaines maisons deviennent des hôtels. Des résidents permanents locataires sont mis dehors parce qu’il est plus intéressant financièrement de louer en saisonnier. A l’avenir, on doit continuer de maîtriser la constructibilité et parvenir à encadrer le nombre de locations. Le droit d’enregistrement va nous permettre de mettre en place les bases d’une politique d’encadrement. »
Le débat sur l’écotaxe dangereux ?
Autre élément stratégique fondamental pour Lionel Quillet, l’écotaxe payée à l’entrée de l’île de Ré. « Nous travaillons sur l’intérieur de l’île, mais son cordon ombilical, le pont et son écotaxe, ont toujours été fondamentaux aux yeux des couples Claude Belot/Léon Gendre puis Dominique Bussereau/ Lionel Quillet. Certes sur les 3,3 millions de voitures franchissant chaque année le pont, près de la moitié concerne les résidents permanents. Mais maintenir l’écotaxe à son plus haut niveau en été est fondamental, avec une règle simple : gratuité pour les permanents et tarifs préférentiels pour les secondaires, avec certes 90 tarifs en place. Envisager un tarif rochelais serait une erreur stratégique fondamentale, il ne faut pas ouvrir sous couvert de « concertation » une brèche dans laquelle s’engouffrerait l’opposition au sein du Conseil départemental. Attention au risque pris en ouvrant la discussion et à un vote qui ne serait pas majoritaire ! »
Troisième sujet évoqué par Lionel Quillet, si la modification du PLUi va permettre de développer le solaire sur l’île, la vraie stratégie à ses yeux reste la promotion de la sobriété énergétique.
Patrice Raffarin, Conseiller départemental, a, pour sa part, rappelé que le droit départemental de passage (DDP) est composé d’une redevance pour services rendus (entretien, gestion du pont) et de l’écotaxe destinée à gérer les espaces naturels, la mobilité douce et prochainement peut-être les pistes cyclables. Concernant le groupe de travail, il assure que tous les participants ont pour objectif de garder un niveau élevé de recettes. Mais qu’un dépoussiérage des tarifs est nécessaire, citant plusieurs cas anormaux, comme celui des aidants familiaux. Il a aussi rappelé que le tarif pourrait être augmenté lors des grands ponts de l’Ascension ou de la Pentecôte… « Je vous rassure, le couple Marcilly/Raffarin fonctionne bien aussi », a-t-il conclu.
Lionel Quillet a relevé que le Conseiller départemental n’a pas répondu sur un tarif pour les Rochelais.
Des acquisitions d’Espaces naturels devenues insuffisantes
Jean-Paul Héraudeau, maire de La Flotte, a dit son opposition à l’installation d’une ferme solaire aux Hauts de Turpine, au photovoltaïque en ville, sur des sites patrimoniaux, mais pourquoi pas en ZA. Il n’est pas favorable à l’utilisation de l’écotaxe pour les pistes cyclables, d’autant que beaucoup d’acquisitions restent à faire par le Département en Espaces naturels et que cette utilisation serait à ses yeux contraire à l’objectif de création de cette écotaxe. Il a évoqué à nouveau, comme il l’a souvent fait en Conseil municipal, le sujet de l’eau, qui le préoccupe particulièrement, avec notamment l’insuffisance du volume de traitement des eaux usées en France. A La Flotte, 5% des eaux sont traitées, contre 1 % au plan national, aime-t-il rappeler, tout comme son projet de création d’une réserve d’eau sur l’ancienne déposante Chevalier, dans le massif boisé, avec les eaux récupérées depuis la station d’épuration La Flotte/Saint-Martin. La remise en état des réseaux, qui enregistrent en moyenne 20 % de pertes, est aussi essentielle. « On réfléchit aussi au rechargement de la nappe phréatique », a-t-il conclu.
Léon Gendre, ancien maire de La Flotte, vice-président du Département et président de la CdC a souligné « une AG de qualité, mais on est 60 alors qu’on devrait être 300 au vu des enjeux. Le réseau des pistes cyclables est mal signalé, plus adapté et insuffisant », à ses yeux. « Il y a un déséquilibre entre population permanente et secondaire/vacancière. La barre des 20 000 habitants affichée par Lionel Quillet pour 2024 ne sera pas atteinte. La seule façon de rééquilibrer la population est de continuer à construire du logement social. La CdC a en projet 200 logements, les communes doivent aussi s’engager, en faisant des acquisitions en centrebourg, elles doivent devenir des bailleurs sociaux. Le classement de l’île en zone tendue permettra aux communes de prendre position pour rééquilibrer la part des résidents permanents versus les secondaires. Avec la majoration possible jusqu’à 60 % de la taxe d’habitation des résidences secondaires ou la régulation des résidences affectées à la location, la balle est dans le camp des maires. Enfin concernant l’écotaxe et le débat ouvert par Brigitte Deveaux (conseillère départementale d’opposition) sur le thème : « Il faut baisser les tarifs car l’écotaxe n’est pas utilisée entièrement », j’estime qu’on n’acquière pas assez d’espaces naturels sur l’île, aujourd’hui on a marqué le pas », ces acquisitions étant des prérogatives du Département et du Conservatoire du Littoral.
Nouveau Bureau des AIR
Un Conseil d’Administration s’est tenu juste après l’AG et un nouveau Bureau a été composé. Jean-Yves Texier a été maintenu à la présidence et Chantal Dutheil à la vice-présidence. Patrick Urvoaz a été élu secrétaire général et Daniel Milano trésorier. Dominique Richet est chargé du blog et Patrick Casin des affiches.
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